Les premières mesures d’un rondo de J. Mouret avaient les intonations un peu obséquieuses des amusements de la cour de Versailles. Avec le «Cebel» de Purcell, on migrait vers les miroitements d’une féerie où résonnerait la voix de Merlin l’enchanteur au fond des forêts de la Cornouaille. Allegro vif et pimpant de Haendel, d’une jubilation éclatante, gardant toujours le caractère d’une libre inspiration et montrant une spontanéité constante. Aurait-on pu jamais imaginer Rossini sur cuivres seuls? Eh bien, ces trois «ouvertures» d’opéra célèbres étaient d’authentiques moments de délice. Voyage mouvementé sur rythmes d’amours galantes sous des cieux étrangers, voilà pour «l’Italienne à Alger». Vif, effervescent, spirituel était l’exposé rapide et enlevé du «Barbier de Séville». Cavalcade effrénée et chevauchée fantastique sous les denses frondaisons par le biais du son d’un galop, précipité et nerveux, pour l’angoisse et le suspens de «Guillaume Tell».
Ample, grave et majestueuse était la phrase de Verdi à travers la mélodie enveloppante «Va pensiero» de Nabucco, qui devait devenir le chant de libération des Milanais face à l’occupant autrichien en ces temps-là… Tout aussi grandiose, triomphale et triomphante était cette énergique et déterminée marche en grande pompe d’Aïda.
Total changement de registre et d’atmosphère après l’entracte. En mesures «jazzées» sont introduites les vagues à l’âme d’été d’un «Américain à Paris» de Gershwin. Dans un même état d’esprit et de rythme arrive le «harlem rag» de J. Joplin. Et puis ce sont les images d’un Clint Eastwood à ses débuts qui surgissent dans nos mémoires… Grâce à cet air lancinant d’E. Morricone «Per un pugno di dollari» où défilent ces incorrigibles pistoleros sur fond de désert grillé par le soleil et de bars poussiéreux. Toujours dans le ton du septième art, hommage à Fellini grâce à N. Rota qui a signé la bande sonore de «La Strada», que le Quintette Rossini restitue dans sa fraîcheur et sa verve initiales. Pour terminer, comme un mouvement de manège, dans une narration tourbillonnante et tournoyante, s’est déployé ce «libertango» de Piazzolla, considéré aujourd’hui comme un maître, un classique de la musique «variété».
En voilà des nuances, des subtilités et des richesses sonores pour ces cuivres souvent, et bien injustement, cantonnés à rythmer les pas des majorettes en parade…
Belle prestation qui valait le déplacement.
Edgar DAVIDIAN
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