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Actualités - ANALYSE

Processus régional : le sud dans l'oeil du cyclone

Selon un diplomate occidental en poste à Beyrouth, «plus que jamais le Liban-Sud est dans l’œil du cyclone. Après la conclusion de l’accord sur Hébron, le dossier palestinien perd la vedette. Tous les regards se tournent maintenant vers le volet syrien, dont paradoxalement le Liban reste la plaque tournante, l’alpha et l’oméga. En effet, encore une fois on va y procéder au test d’introduction à la reprise des pourparlers syro-israéliens. Le Liban aura plus tard l’honneur historique de servir de site-épilogue, puisque votre pays sera le dernier à signer la paix avec Israël... Si tout marche selon les vœux de Washington, ce qui est loin d’être acquis».
«La scène libanaise, relève ce diplomate, condense donc le double dossier libano-syrien et peut assez facilement être utilisée comme levier de pression pour pousser les Syriens à reprendre le chemin de Wye Plantation. Inversement, Damas peut se servir de la carte libanaise pour entamer les négociations sous de bons auspices. C’est donc ici que les premières passes d’armes, diplomatiques et autres, vont en principe s’engager. Il faut dès lors s’attendre à des tensions, comme dans toute période pré-négociatoire. Mais dans la même logique, Washington veillant au grain, il est très peu probable qu’il y ait une guerre ou une opération militaire israélienne d’envergure qui bloquerait le processus. Cette ligne rouge, ajoute le diplomate, n’interdit pas des actions ponctuelles limitées — des bombardements, des rapts, des raids, des exécutions — qui font partie intégrante du jeu des pressions «autorisées», surtout si elles doivent viser le Hezbollah, sempiternelle bête noire des Américains. Du côté de ces derniers, les informations en provenance de leur capitale confirment que leur nouveau secrétaire d’Etat, Madeleine Albright, est résolue à battre le fer tant qu’il est chaud et à ne pas laisser sommeiller plus longtemps le dossier du Golan, maintenant endormi depuis un an. Malgré la répugnance à circuler qu’on lui attribue, elle va donc se pointer dans la région sans tarder et y reprendre probablement la bonne vieille tradition christophérienne des navettes entre Damas et Tel-Aviv. Réputée pour sa fermeté, Mme Albright va devoir prouver qu’elle est assez compétente et assez habile pour relancer la dynamique de paix».
Un objectif rendu difficile, on le sait, par l’anti-pacifisme viscéral de la droite actuellement au pouvoir en Israël. A quoi s’ajoute la cécité habituelle des Américains, qui souvent ne distinguent plus le bon grain de l’ivraie quand ils entendent chanter les sirènes du sionisme, leur «enfant chéri». Ainsi, au mépris des réalités, des principes de Madrid comme de leurs propres intérêts bien compris, les Etats-Unis ont grogné contre Damas en l’accusant de n’avoir pas signé assez vite avec Pérès avant l’arrivée de Netanyahu... alors que c’était le premier ministre travailliste qui, peureusement, avait refusé de s’engager vraiment dans la paix avec la Syrie.
Tout (et même plus si l’on peut dire, parce qu’avec Netanyahu la régression est quasi totale) reste donc à faire. Le diplomate occidental précédemment cité estime à ce propos qu’«Albright va s’efforcer d’organiser la reprise du dialogue syro-israélien dès février. Des messages préparatoires ont été adressés aux dirigeants de la région. Aux Syriens, les Américains ont offert de gommer l’inscription de la Syrie sur la liste des pays sanctionnés pour leur soutien au «terrorisme», pour les encourager à faire montre de souplesse, à ne pas entraver la reprise des négociations».
Damas cependant reste attaché à des constantes déterminées autant qu’au processus de paix. Ces conditions, le chef de l’Etat égyptien Hosni Moubarak est chargé de les redire à Clinton lors de la visite qu’il doit lui rendre début février. Il s’agit, on le devine sans peine, d’un point capital: la ligne Madrid (la terre moyennant la paix) doit être maintenue, Netanyahu devant confirmer comme Pérès naguère qu’Israël rendra au bout du compte tout le Golan. Partant de là, il n’est pas question de «négocier sans conditions préalables» comme l’exige Netanyahu, mais de reprendre les échanges là où ils s’étaient arrêtés en février 96.
Et il n’est pas question non plus de faire un galop d’essai au Sud, selon la formule trompeuse de Netanyahu «Liban d’abord» qui ne parle pas là de retrait mais de mesures de sécurité...

P.A-A.
Selon un diplomate occidental en poste à Beyrouth, «plus que jamais le Liban-Sud est dans l’œil du cyclone. Après la conclusion de l’accord sur Hébron, le dossier palestinien perd la vedette. Tous les regards se tournent maintenant vers le volet syrien, dont paradoxalement le Liban reste la plaque tournante, l’alpha et l’oméga. En effet, encore une fois on va y procéder...