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Actualités - ANALYSE

Trêve de trêve : les haririens se lancent à leur tour dans la polémique

Passés maîtres comme on sait dans l’art pointu des querelles puériles, les responsables locaux usent volontiers d’un langage scolaire très frais pour exprimer leurs préoccupations politiques. L’un d’eux impute ainsi «les récentes tribulations sur la scène locale aux envieux, ulcérés par le formidable succès que nous remportâmes à Washington lors de la conférence des «Amis du Liban».
Ce dirigeant loquace, sans omettre les fâcheuses incidences de fabrication troïkiste, s’en prend tout d’abord à Israël. «Crevant de jalousie, souligne-t-il, l’Etat hébreu fait monter les enchères par ses menaces et ses manigances. L’on a vu de la sorte se succéder la fusillade de Tabarja dont un Syrien a été victime, l’attentat du bus piégé de Damas qui devait venir au Liban où l’explosion se serait produite, puis les arrestations ici et les réactions qu’elles ont pu provoquer».

Passant au volet interne, cette personnalité relève non sans amertume que «ce ne sont pas nos contempteurs de l’opposition traditionnelle qui après la conférence des «Amis du Liban» se sont mis à gigoter le plus pour en torpiller les résultats, mais bien des parties qui participent au pouvoir. Emplis d’aigreur face à la réussite éclatante du président Hariri, ces pôles n’ont pas hésité à déclencher une crise furieuse, malgré la gravité évidente de la situation régionale, des périls qui entourent le pays, des difficultés qu’il traverse sur le plan socio-économique. Ils ont, en marge de soudaines attaques contre l’Exécutif symbolisé par Baabda, multiplié les déclarations sceptiques à la presse ou aux médias audiovisuels sur les résultats de la conférence de Washington, sur la véracité des chiffres cités au sujet de l’assistance étrangère et sur la volonté d’aide réelle de nos sponsors déclarés. Enfonçant le clou à ce propos, ces étranges partenaires «loyalistes» n’ont cessé de répéter qu’en constatant combien la scène libanaise reste instable sur le double plan sécuritaire et politique, les donateurs potentiels allaient certainement se dédire et renier leurs engagements. Le pire, c’est qu’en formulant de tels pronostics, ces parties se sont ingéniées à leur donner corps, en se chargeant du brouillage sur le plan politique, tandis qu’Israël opérait sur le plan sécuritaire pour déstabiliser le Liban».

Réserve

Cette source révèle ensuite que «le président Hariri, embarrassé, n’a pas été en mesure d’exprimer ouvertement ce qu’il pensait des rafles qui ont suscité une tension autant confessionnelle que politique. Il n’a pu que communiquer en privé ses impressions aux parties concernées, pour dégager autant que faire se pouvait la responsabilité du gouvernement à l’égard des initiatives prises sur le terrain. Il était en effet évident que des dérapages avaient eu lieu, des abus commis. Finalement, quand il n’a plus été possible de continuer à couvrir les bavures, c’est le président Hraoui en personne qui en a reconnu l’existence dans ses propos devant ses visiteurs. En répétant à cette même occasion que des incidents de parcours ne devaient pas entraver la marche vers le redressement économique à travers le plan de soutien élaboré lors de la conférence de Washington, ni affecter la politique de stabilité monétaire suivie depuis l’avènement de M. Hariri fin 92».

L’affaire
des tracts

«Jusque-là, affirme encore ce responsable, nos «bons amis» locaux s’étaient tenus assez tranquilles. Mais une fois terminée l’affaire des tracts subversifs qui avait causé les arrestations, ils ont assuré la relève de l’agitation en se déchaînant contre Baabda. Le président Nabih Berry a fait part du décès de la troïka. Et pour un peu, sans l’intervention urgente du président Rafic Hariri, on en serait arrivé effectivement à déballer tout le linge sale en public, à ouvrir des dossiers à scandales pour mettre à exécution les menaces échangées à ce propos...» conclut cette personnalité gouvernementale.

Comme on voit, le conflit est en train de s’étendre aux haririens qui cachent mal leur ressentiment à l’égard du chef du Législatif. La trêve verbale, proclamée entre hraouistes et partisans de M. Berry (à la demande instante de M. Hariri!), n’a plus que la consistance d’un voile diaphane.

Par le
biais de
confidences

Les protagonistes se contentent en effet de ne plus monter personnellement en première ligne, de ne plus se lancer directement des accusations à la tête, mais laissent faire leurs seconds qui se chargent de batailler ferme par le biais de «confidences» distillées en direction des médias. En tout cas, le président Berry aura réussi le rare tour de force de rendre indéfectible l’alliance entre les pôles du pouvoir exécutif qui, voici quelques semaines encore, étaient à coups tirés entre eux, pour l’histoire de la composition du Cabinet. De ce fait, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, qui, au départ, n’était pas très chaud pour les retouches constitutionnelles que propose le président Elias Hraoui, se met à les trouver séduisantes et laisse entendre qu’en tout cas elles sont trop inoffensives pour que M. Berry en fasse tout un plat... Et de répéter, en un parfait écho au chef de l’Etat, que les élections municipales, qui effarouchent M. Berry, sont une telle nécessité nationale qu’il faut coûte que coûte les organiser en juin prochain. Auparavant, et toujours pour careser à rebrousse-poil le camp d’en face qui est pour le statu quo administratif, on aura fait valser les directeurs généraux qui ont plus de trois ans dans le même poste...

E.K.
Passés maîtres comme on sait dans l’art pointu des querelles puériles, les responsables locaux usent volontiers d’un langage scolaire très frais pour exprimer leurs préoccupations politiques. L’un d’eux impute ainsi «les récentes tribulations sur la scène locale aux envieux, ulcérés par le formidable succès que nous remportâmes à Washington lors de la conférence...