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Actualités - CHRONOLOGIE

L'apparition-éclair de Eltsine au Kremlin n'a rien réglé L'impasse politique persiste en Russie

Echec d’un projet de destitution de Boris Eltsine, interrogations persistantes sur l’état de santé de celui-ci: l’impasse politique persiste en Russie, avec pour effet une multiplication des points d’interrogation sur l’avenir du pays, et cela au lendemain d’une apparition éclair et inattendue du chef de l’Etat, laquelle n’aura pas réussi à dissiper les malentendus.
«Le problème n’est pas de savoir si la Douma (chambre basse du Parlement) va envoyer le président à la retraite. Le problème, c’est la crise totale du pouvoir qui devient de plus en plus évidente», relève jeudi un journaliste du quotidien «Izvestia».
«Dans l’opposition comme dans les milieux gouvernementaux, on arrive à la conclusion que la maladie du président devient un frein aux réformes économiques et rend impossible la gestion du pays», ajoute le journal.
La Constitution russe ne prévoit aucune procédure de destitution du président pour raisons de santé. Les députés ont refusé mercredi d’entériner un projet de résolution appelant à la destitution du président et à la tenue d’une élection présidentielle anticipée, n’approuvant finalement le texte que comme «base» de travail et repoussant un vote final au mois prochain.

Un tel texte, s’il avait été adopté n’aurait eu de toute façon aucune portée juridique, selon les juristes de la Douma et la Cour constitutionnelle russe.
«On sait aujourd’hui qu’il est pratiquement impossible de destituer le président s’il n’accepte pas de partir lui-même. Il y a un réel problème constitutionnel, il est évident que la (Russie) a besoin d’un tel mécanisme», selon l’analyste Nikolaï Petrov, de l’antenne moscovite de la Fondation Carnegie.
Mais dans cette bataille symbolique entre la Douma et le maître du Kremlin, c’est «Eltsine qui a gagné psychologiquement», ajoute M. Petrov.
Dans ce débat, les communistes ont surtout voulu montrer leur activisme au sein de la Douma, sans souhaiter automatiquement aller jusqu’à une confrontation, relèvent les analystes.
Le député communiste radical Viktor Ilioukhine, initiateur du projet, l’a lui-même reconnu après le vote: «Nous avons forcé les structures du pouvoir et obtenu de la présidence qu’elle parle de la situation», a-t-il commenté en se déclarant satisfait après le vote.
Le représentant du Kremlin à la Douma, Alexandre Kotenkov, avait laissé entendre que si la résolution passait, le président dissoudrait l’Assemblée et convoquerait de nouvelles élections. Or les communistes, actuellement majoritaires à la Douma, auraient tout à redouter de nouvelles élections législatives.
Une destitution de Boris Eltsine et une élection présidentielle anticipée ne feraient pas non plus leur jeu. «Les communistes ne veulent pas permettre au général Alexandre Lebed de gagner. Or, sa victoire aujourd’hui serait presque inévitable» en cas de scrutin présidentiel, affirme M. Petrov.
La classe politique dans son ensemble redoute une arrivée au pouvoir du bouillant général, qui promet de lutter contre la corruption qui règne, selon lui dans les cercles du pouvoir moscovites.
Le président russe, à peine, sorti lundi de l’hôpital où il était entré le 8 janvier pour une pneumonie double, a fait une brève apparition surprise au Kremlin au moment même où les députés commençaient leur débat. M. Eltsine, âgé de 65 ans, n’est pratiquement pas apparu sur la scène politique depuis sa réélection en juin et le quintuple pontage coronarien qu’il a subi le 5 novembre.
Le quotidien populaire «Moskovskii Komsomolets» n’hésite pas à étaler en première page un photo-montage où le chef de l’Etat frappe à deux mains avec un long bâton sur l’hémicycle, sous le titre: «Voilà ce que j’en fais, de votre destitution».
Visiblement destinée à prendre de court les députés l’initiative du président n’a finalement réussi qu’à plonger un peu plus les commentateurs dans la perplexité.
Et ce d’autant plus que, contrairement à son habitude, le Kremlin n’a diffusé aucune image de la rencontre hormis un film montrant un cortège de voitures officielles pénétrant dans le cœur de la cité historique russe.
Selon le quotidien libéral «Sevodnia», qui cite jeudi des «sources officielles», l’entrevue n’aurait duré qu’un peu plus d’une demi-heure, «soit à peu près le temps qu’il faut pour se rendre de Gorki-9 au Kremlin».
Un laps de temps durant lequel, si l’on en croit le Kremlin, les deux hommes auraient néanmoins réussi à passer en revue un large éventail de dossiers nationaux et internationaux.
Selon Victor Tchernomyrdine, cité jeudi par l’agence ITAR-TASS, Boris Eltsine devrait être de retour aux affaires «dans les jours prochains».
Moins optimiste, le médecin du Kremlin, Sergueï Mironov, a indiqué dans un entretien accordé à la chaîne de télévision ORT, qu’il ne fallait guère espérer un retour du chef de l’Etat avant «deux ou trois semaines».
Echec d’un projet de destitution de Boris Eltsine, interrogations persistantes sur l’état de santé de celui-ci: l’impasse politique persiste en Russie, avec pour effet une multiplication des points d’interrogation sur l’avenir du pays, et cela au lendemain d’une apparition éclair et inattendue du chef de l’Etat, laquelle n’aura pas réussi à dissiper les...