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Actualités - CHRONOLOGIE

Damas intervient pour assainir le climat politique

Le calme après la tempête. La polémique qui a éclaté au grand jour entre le président Elias Hraoui et le chef du Législatif Nabih Berry ayant atteint une ligne rouge, le chef de l’Etat a tenu hier à apaiser quelque peu les esprits et à replacer son différend avec M. Berry dans son véritable contexte, celui du débat politique qui devrait être dicté par un minimum d’éthique et de sens des responsabilités.
Evoquant le climat qui prévaut dans le pays depuis plus d’une semaine, le président Hraoui a mis l’accent devant les personnalités qu’il a reçues hier au palais de Baabda sur sa volonté de détendre l’atmosphère sur le plan politique. Les sources de Baabda soulignent notamment que «le chef de l’Etat est soucieux de préserver la dignité de la présidence de la République, de l’Etat et des personnes». «Il estime que les Libanais devraient respecter leurs dirigeants, ajoutent les milieux de Baabda. Il invite à ce propos toutes les parties à se conformer à l’éthique de rigueur dans toute prise de position politique». Pour le président Hraoui, tout dialogue devrait se faire «dans le cadre des institutions et avec un esprit responsable».
Cette position souple adoptée par le chef de l’Etat — et dont la teneur a été rapportée par l’agence officielle d’information — vise à l’évidence à calmer le jeu. Mais elle constitue malgré tout une réponse «diplomatique» aux propos incendiaires attribués jeudi à M. Berry. Les sources du chef du Législatif avaient alors souligné que «ceux qui prétendent préserver la dignité des institutions ne font que bafouer, par leur attitude, la dignité de ces mêmes institutions». M. Berry avait également affirmé qu’à son avis, la «troïka» du pouvoir n’était qu’une couverture pour occulter «les détournements de fonds, l’hégémonie et la mainmise sur le pouvoir». Le chef du Législatif avait en outre souligné que «le divorce au niveau de la troïka est consommé à la manière druze», c’est-à-dire est irréversible.
Comme il fallait s’y attendre — et comme c’est presque toujours le cas depuis Taëf —, le parrain syrien est rapidement intervenu pour rappeler ses alliés à l’ordre.
Selon des sources généralement bien informées, le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam est ainsi entré en contact hier avec le président Hraoui, avec M. Berry ainsi qu’avec le premier ministre Rafic Hariri à qui il a exprimé «l’irritation» des dirigeants de Damas à la suite de la polémique de ces derniers jours. Estimant que les propos tenus par certains dans le cadre de cette polémique sont «inconcevables», M. Khaddam aurait déclaré: «Nous n’avons pas été habitués en Syrie à entendre de tels propos». Mettant l’accent sur la nécessité d’assainir le climat local «en raison des circonstances délicates présentes», M. Khaddam aurait répondu à l’allusion de M. Berry concernant le divorce à la manière druze entre les pôles de la troïka en disant: «Nous savons que votre mariage est légal et qu’il n’a nullement été fait à la manière druze»...
A la suite de cette intervention syrienne, il est fort probable qu’une trêve — à défaut d’une détente — soit perceptible sous peu dans les rapports entre les pôles de la troïka. Le vice-premier ministre Michel Murr a déployé des efforts en ce sens au cours des dernières vingt-quatre heures en intensifiant ses contacts avec le chef de l’Etat, le président de la Chambre et le premier ministre. Il a, en outre, déjeuné à la table de M. Walid Joumblatt afin de détendre l’atmosphère entre celui-ci, d’une part, et les présidents Hraoui et Hariri, d’autre part. Dans le cadre de sa médiation, M. Murr devrait se rendre dans les vingt-quatre heures sur les bords du Barada afin de conférer avec M. Khaddam. Le chef du Législatif pourrait lui aussi être reçu ce week-end par le «numéro deux» syrien.
Selon certaines informations non confirmées, le président Hraoui serait également attendu à Damas mardi prochain. Mais sa visite pourrait revêtir plutôt un caractère protocolaire, le chef de l’Etat désirant s’enquérir de l’état de santé du président syrien Hafez el-Assad qui vient de subir une opération chirurgicale.
Notons, pour compléter le tableau du défilé de personnalités officielles à Damas, que M. Hariri se rendra lundi prochain en Syrie, en compagnie de plusieurs ministres, afin de participer aux réunions du comité de coordination libano-syrien qui doit poursuivre les discussions bilatérales qui ont eu lieu le week-end dernier à Damas dans le cadre du renforcement des relations économiques entre le Liban et la Syrie.
Le calme après la tempête. La polémique qui a éclaté au grand jour entre le président Elias Hraoui et le chef du Législatif Nabih Berry ayant atteint une ligne rouge, le chef de l’Etat a tenu hier à apaiser quelque peu les esprits et à replacer son différend avec M. Berry dans son véritable contexte, celui du débat politique qui devrait être dicté par un minimum...