Rechercher
Rechercher

Actualités - DISCOURS

Les 3 présidents à l'Iftar Hraoui : il est temps de concrétiser la réconciliation interne "les instances religieuses ont un rôle national à jouer", affirme Kabbani

«LES INSTANCES RELIGIEUSES ONT UN ROLE NATIONAL A JOUER», AFFIRME KABBANI

Placé sous le signe de l’unité et de la concorde interne, l’Iftar offert hier soir par le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, aura permis de mettre en relief la tension latente qui marque les rapports entre les pôles de la «troïka».
Assis à la même table, le chef de l’Etat Elias Hraoui, le chef du Législatif Nabih Berry et le premier ministre Rafic Hariri ne se sont presque pas parlé. Il n’en demeure pas moins que dans le discours qu’il a prononcé pour la circonstance, le président Hraoui a lancé un vibrant appel à la réconciliation nationale, soulignant qu’il est temps, désormais, de passer de la parole aux actes afin de concrétiser réellement, dans les faits, le slogan de la réconciliation entre Libanais.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Pour l’heure, les causes de tiraillements et de frictions entre les pôles de la «troïka» augmentent de jour en jour. La récente affaire des promotions au sein de l’armée a envenimé les relations entre MM. Berry et Hariri. Et le projet d’amendements constitutionnels — préconisé par Baabda — a créé un climat de quasi rupture entre le président Hraoui et M. Berry. D’une manière générale, les prochaines permutations et nominations qui devraient avoir lieu prochainement au niveau diplomatique, militaire, judiciaire et administratif constituent autant de causes de frictions entre le chef de l’Etat, le président de la Chambre et le premier ministre.

Il reste qu’au stade actuel, les trois présidents tentent, autant que faire se peut, de calmer le jeu. Le président Hraoui et M. Hariri ont tenu hier soir, à l’issue de l’Iftar, une réunion de travail au palais de Baabda afin d’accorder leurs violons et de dresser le bilan des pourparlers économiques libano-syriens qui ont eu lieu le week-end dernier à Damas. Quant au litige avec M. Berry, les milieux proches du chef du gouvernement se sont employés hier soir à le minimiser, voire à démentir toute tension entre M. Hariri et le chef du Législatif.
En tout état de cause, le discours prononcé par le président Hraoui au cours de l’Iftar de Dar el-Fatwa est révélateur du travail qui reste encore à faire dans le pays pour aboutir à une véritable réconciliation interne. «Nous avons gagné le pari sur l’unité nationale, nous devons maintenant gagner le pari de l’édification de l’Etat», a notamment déclaré le président Hraoui devant un auditoire nombreux formé d’officiels et de hauts responsables étatiques. «Le plus court chemin pour aboutir à la réconciliation nationale préconisée, a-t-il souligné, est de passer de la parole aux actes afin d’édifier l’Etat. Nous avons tous prouvé jusqu’à présent que nous sommes en mesure de nous sacrifier pour défendre notre terre et notre dignité. Il est grand temps de montrer que nous savons édifier un Etat moderne, fort et équitable, digne de la mission du Liban».
Après avoir souligné que le Liban a une dimension qui dépasse le cadre des «problèmes quotidiens internes» et représente, de ce fait, «la conscience de la région», le président Hraoui a mis l’accent sur les graves problèmes auxquels est confronté le monde d’aujourd’hui, à savoir «la corruption, le terrorisme, les actes de violence, l’expansion des épidémies, les menaces sur l’environnement et la prolifération des armes de destruction totale». «Il suffit de regarder autour de nous, a poursuivi le chef de l’Etat. La région limitrophe à notre Orient arabe, d’Afghanistan au Pakistan, en passant par la Turquie, l’Irak et le Soudan, est plongée dans les guerres et les conflits. Quant aux pays arabes, certains d’entre eux sont soumis à des sanctions qui se manifestent par un embargo, alors que d’autres font face à des difficultés internes, et dans le même temps, des tensions marquent les relations entre d’autres pays arabes».
«En contrepartie, a ajouté le président Hraoui, la paix juste et globale avec Israël est dans l’impasse. Cela n’est nullement le cas, toutefois, des échanges commerciaux, secrets ou publics, entre Israël et certains marchés arabes. Et parallèlement, Israël nous menace d’une nouvelle guerre au Proche-Orient. les agressions israéliennes contre le Liban suivent toujours un rythme quotidien, faisant chaque jour de nouvelles victimes et destructions».
Condamnant dans ce contexte la passivité «des pays arabes, de l’Europe et des Etats-Unis», le chef de l’Etat a dénoncé «la paix qui se fait au détriment du sang des Libanais, de la souveraineté et de la dignité du Liban». «Nous n’avons d’autre issue que la consolidation de notre unité nationale afin de faire face aux défis qui pointent à l’horizon». Après avoir réaffirmé l’attachement du pouvoir libanais à l’application de la 425 et à la coordination avec la Syrie, le président Hraoui a souligné, en conclusion, que «le Liban ne saurait faire les frais de la paix».
Le chef de l’Etat avait été précédé à la tribune par le mufti de la République qui a prononcé une allocution dans laquelle il a évoqué succinctement les principales réalisations du pouvoir au cours des dernières années. «Il reste encore beaucoup à faire, plus particulièrement au niveau de l’édification de l’Etat ainsi que sur le double plan économique et du développement», a notamment déclaré cheikh Kabbani avant d’ajouter à l’adresse des hauts responsables: «Il vous reste une mission fondamentale à accomplir, et nous sommes disposés à nous tenir à vos côtés afin de vous aider sur ce plan. Cette mission consiste à lever les barrières psychologiques qui continuent d’entraver l’édification de l’Etat. Nous ne voulons pas contourner ces barrières psychologiques. Nous désirons plutôt coopérer avec vous afin de les éliminer pour que le processus d’édification de l’Etat se fasse sur une base solide».
Le mufti de la République a par ailleurs rejeté d’une manière à peine voilée l’appel du chef de l’Etat aux chefs spirituels, les invitant à ne pas s’immiscer dans les affaires politiques. «En tant qu’instances religieuses, a déclaré à ce propos le mufti de la République, nous ne voulons pas nous substituer à l’Etat ou au pouvoir politique. Nous ne désirons pas nous substituer aux politiciens et nous ne voulons pas remplir leur rôle. Nous ne voulons pas jouer le rôle d’intermédiaire entre l’Etat et les citoyens, de même que nous refusons que les communautés se transforment en des entités politiques en confrontation avec l’Etat (...). Mais tout cela ne signifie pas que les chefs spirituels doivent se tenir à l’écart de ce qui se passe dans le pays. Les instances religieuses doivent jouer un rôle efficace dans l’intérêt du pays. Elles ont un rôle national à jouer. Leur rôle est de conseiller, d’orienter, de rappeler certaines choses, quand il le faut. Les chefs spirituels jouent le rôle de soupape de sécurité pour les citoyens et le pays dans son ensemble».
Et cheikh Kabbani de poursuivre: «Nous avons la conviction que la situation dans le pays ne saurait être redressée avec une logique de vainqueur. Nous rejetons d’ailleurs une telle logique. De même, nul ne saurait redresser la situation en ayant recours à la logique des privilèges et de la suprématie. Le Liban ne peut être gouverné que sur base de l’égalité, de la justice, de la modération et de la tolérance. Nous n’acceptons pas qu’une quelconque fraction soit opprimée. Mais dans le même temps, nous ne voulons pas que les fauteurs de troubles portent atteinte à la sécurité des citoyens. Nous n’acceptons pas également qu’Israël nous menace de l’intérieur».
En conclusion, cheikh Kabbani a défini trois principes qui, à son avis, pourraient permettre au pays de faire face aux défis actuels au niveau régional: la consolidation de l’unité interne, le soutien à la résistance (anti-israélienne) et la coordination avec la Syrie.
«LES INSTANCES RELIGIEUSES ONT UN ROLE NATIONAL A JOUER», AFFIRME KABBANIPlacé sous le signe de l’unité et de la concorde interne, l’Iftar offert hier soir par le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, aura permis de mettre en relief la tension latente qui marque les rapports entre les pôles de la «troïka».Assis à la même table, le chef de l’Etat Elias...