Dix-neuf civils ont été égorgés durant le week-end ecoulé La Litanie de l'horreur continue en Algérie

Dix-neuf villageois — dont des femmes et des adolescents — ont été égorgés et pour certains décapités ce dernier week-end par des islamistes dans deux petits villages isolés au sud d’Alger, selon des témoins, ajoutant à la litanie de l’horreur en Algérie en ce début du Ramadan.
Cette double tuerie porte à au moins 106 le nombre de civils massacrés depuis le début novembre dans la seule région de Blida (50 km au sud d’Alger), première ville de garnison du pays, selon des bilans partiels.
Le Groupe islamique armé (GIA) fait régner la terreur dans cette région de la vaste plaine de la Mitidja, qui commence aux portes d’Alger, où des centaines d’habitants ont déjà fui leurs villages.
Selon un scénario désormais classique, les assaillants se sont introduits dans les deux villages et ont choisi leurs victimes qu’ils ont massacrées à l’arme blanche.
Au douar Tabainat, au pied de la montagne, dans la commune de Bouinan, quatorze personnes de trois familles — dont des femmes, quatre adolescents et un vieillard — ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi, ont indiqué sur place des rescapés.
Certaines victimes ont été décapitées à coup de bêche.
«Ils sont venus vers trois heures, et ont commencé par la première maison, plus haut», a raconté un habitant.
«Il semble qu’ils voulaient absolument tuer un vieil homme, qui habite dans une maison en contrebas, et qui a des bouteilles incendiaires sur sa terrasse pour se protéger en cas d’attaque.
Mais il n’a pas pu se défendre».
La maison de cette dernière victime a été saccagée et l’intérieur incendié.


Cinq jeunes filles


A quelques kilomètres de là, à Ouled Chebel, cinq jeunes filles d’une même famille avaient été égorgées samedi, selon des témoignages.
Ce second massacre n’avait pas été annoncé par les autorités. En milieu de journée, les forces de sécurité ont indiqué que 14 civils du douar Tabainat avaient été «lâchement assassinés par un groupe de terroristes», terminologie officielle désignant les groupes islamistes.
Ces nouveaux massacres sont survenus aux deuxième et troisième jours du Ramadan, le mois de jeûne musulman, traditionnellement marqué depuis quatre ans par une recrudescence des violences des groupes armés.
Les islamistes les plus radicaux considèrent cette période comme propice au «Djihad» (guerre sainte).
Un chauffeur du quotidien gouvernemental El Moudjahid Messaoud Bellache, 60 ans, avait été tué par balles au premier jour du Ramadan vendredi à Bach Djarah (banlieue est d’Alger). Les journalistes et les employés de presse ont été condamnés à mort par le GIA.
Le début du Ramadan avait été précédé par quatre attaques à l’explosif et à la voiture piégée à Alger (plus de 3 millions d’habitants). Ces attentats ont fait de 27 à 41 morts, selon les bilans, et près de 300 blessés.
Plusieurs autres véhicules piégés ont été désamorcés la semaine dernière, grâce à la vigilance des services de sécurité et des habitants, qui vivent dans la psychose de nouveaux attentats et signalent les voitures qui semblent suspectes.
Malgré la multiplication des actes de violence, le gouvernement soutient qu’il a défait les groupes armés et n’est plus confronté qu’à un «terrorisme résiduel». Mais cette version est de plus en plus vivement contestée par l’opposition et une large partie de la presse privée.
Le bilan exact de ces violences est difficile à déterminer. Certains assassinats, notamment dans l’intérieur, restent inconnus, les pertes des islamistes ne sont plus annoncées par les autorités et celles des forces de sécurité ne sont pas rendues publiques.
Une partie de l’opposition affirme que le bilan dépasse les 80.000 morts. Le Front des forces socialistes (FFS) parle de 100.000 morts et le FIS de 120.000 morts.

(AFP-Reuter)