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Actualités - CHRONOLOGIE

Accord libano-syrien sur l'oronte et (partiellement) sur le transport Le problème des échanges commerciaux, industriels et agricoles demeure entier (photo)

Un demi-succès: tel est, schématiquement, le bilan des pourparlers économiques libano-syriens qui ont eu lieu ce week-end sur les bords du Barada, sous la supervision des deux premiers ministres Rafic Hariri et Mahmoud el-Zohbi. Le Liban a obtenu satisfaction au sujet d’un dossier de première importance: celui qui porte sur le partage des eaux de l’Oronte. Un second dossier de moindre importance a été partiellement réglé: il concerne certaines conditions de passage des véhicules libanais en Syrie. Mais au niveau du rééquilibrage des échanges commerciaux, industriels et agricoles entre les deux pays — qui était l’une des principales requêtes de la partie libanaise — beaucoup reste encore à faire. La tâche sur ce plan est rendue particulièrement difficile par les différences entre les systèmes économiques en vigueur au Liban et en Syrie.
Les sources proches du pouvoir à Beyrouth indiquent que, lors des entretiens de ce week-end, à Damas, M. Hariri a mis l’accent avec insistance sur la nécessité de rééquilibrer les échanges économiques avec la Syrie. La balance commerciale entre les deux pays a accusé un déficit de plus de 165 millions de dollars en 1996, au détriment du Liban, alors que le marché syrien est fort de 14 millions de consommateurs, contre 4 millions pour le marché libanais. Dans le contexte présent, cette balance commerciale est appelée à rester déficitaire, les responsables à Damas se montrant réticents pour ce qui a trait à l’ouverture du marché syrien aux produits libanais. Cette question fera l’objet de nouveaux pourparlers bilatéraux qui devraient avoir lieu d’ici deux mois.
Quant au litige portant sur le partage des eaux, le Liban a obtenu globalement satisfaction: les puits de Yammouné, Merejhine, Jabab el-Homor et Ouyoune Orghoch ne sont plus considérés par les Syriens comme un empiètement sur le quota de la Syrie dans le partage des eaux de l’Oronte. La partie libanaise a fourni à ce propos des rapports d’experts prouvant que ces puits sont «fermés», en ce sens qu’ils ne puisent pas leur eau du cours de l’Oronte. Autre «acquis» enregistré par le Liban: les Libanais pourront bénéficier des eaux de la source de Laboué durant la période d’irrigation s’étendant de fin avril au 15 octobre de chaque année. En contrepartie, le Liban s’est engagé à s’abstenir de tous travaux susceptibles de diminuer l’afflux des eaux de source et de pluie dans l’Oronte.

Procès-verbal

Le règlement de ce litige sur le partage des eaux a fait l’objet d’un procès-verbal officiel qui a été signé par le ministre des Ressources hydrauliques et électiques Elie Hobeika et le ministre syrien de l’Irrigation Abdel Rahman Madani. Ce procès-verbal vient ainsi compléter et clarifier l’accord de septembre 1994 sur le partage des eaux de l’Oronte. Cet accord prévoit l’octroi au Liban de 20% des 400 millions de mètres cubes par an des eaux du bassin de l’Oronte. Ce fleuve de 570 kilomètres prend naissance au nord-est du Liban et parcourt 30 km en territoire libanais avant d’effectuer la majorité de son trajet en Syrie (il se jette dans la Méditerranée, en Turquie).
Quant au problème de l’entrée des véhicules libanais en Syrie, il a été réglé d’une manière symbolique. Les camions libanais venant de Syrie ne pourront regagner le territoire libanais qu’avec 100 litres de mazout, au lieu de 200 litres, comme c’était le cas précédemment. Cette mesure vise à endiguer la contrebande de mazout en direction du Liban, du fait que ce type de carburant bénéficie d’une politique de soutien en Syrie, ce qui rend son prix sensiblement inférieur au prix pratiqué a Liban. Par ailleurs, les taxis-service libanais qui se rendent en Syrie ne seront plus soumis à des contraintes pour ce qui a trait à leur trajet et à la durée de leur séjour sur le territoire syrien. En clair, les taxis-service libanais bénéficieront désormais, en Syrie, des mêmes facilités que les taxis-service syriens s’étaient octroyés de facto au Liban, au niveau de la durée de leur séjour et de leurs déplacements en territoire libanais. Avant la guerre, rappelle-t-on, les taxis-service syriens n’étaient pas autorisés à travailler au Liban , en dehors de la ligne traditionnelle qu’ils desservaient entre les deux pays.
Autre point (secondaire) au sujet duquel le Liban a obtenu satisfaction au niveau du transport: la taxe sur la surcharge (en poids) imposée aux camions libanais sera désormais payée en livres syriennes et non pas en dollars, comme c’était le cas précédemment.
Parallèlement à ces acquis partiels, un problème de taille est demeuré en suspens: celui des taxes imposées aux véhicules libanais qui entrent en Syrie (alors que les véhicules syriens entrant au Liban ne payent aucune taxe). Lors de l’«Iftar» qu’il a offert hier soir à sa résidence de Koraytem, M. Hariri devait confirmer que ce problème essentiel n’a toujours pas été réglé. Il a précisé qu’il fera l’objet de discussions dans un proche avenir. «Soit nous imposerons (aux véhicules syriens) des taxes semblables (à celles qui sont perçues sur les véhicules libanais), soit les Syriens aboliront totalement la taxe», a souligné le premier ministre.
L’accord intervenu au sujet du transport a fait l’objet d’un procès-verbal signé par le ministre du Transport Omar Meskaoui, le ministre d’Etat chargé des affaires financières Fouad Siniora, le ministre syrien du Transport Moufid Abdel Karim, et le ministre syrien des Finances Mohammed Khaled Mahayni.
Par ailleurs, trois accords bilatéraux de coopération ont été signés hier après-midi: ils portent sur les garanties aux investissements, l’élimination de la double imposition fiscale et la création de bureaux douaniers communs aux frontières des deux pays. Les deux premiers accords sont semblables à ceux qui ont déjà été signés sur ce plan avec de nombreux pays. Quant aux postes douaniers communs, leur importance est relative du fait que chaque pays continuera à imposer la législation qui lui est propre au niveau des taxes et du contrôle des marchandises.

Le film des deux
journées de travail

Pour en revenir au film des pourparlers bilatéraux de ce week-end, il a été marqué par une série de rencontres informelles, entrecoupées de deux séances de travail, étalées sur neuf heures d’entretiens intensifs.
Arrivée vendredi après-midi sur les bords du Barada, la délégation libanaise conduite par le premier ministre Rafic Hariri a entamé sa mission samedi matin par une réunion de près de cinq heures au siège de la présidence du Conseil à Damas.
Sept ministres libanais et onze ministres syriens ont participé à cette rencontre. Etaient présents, côté libanais, les ministres du Transport Omar Meskaoui, de l’Economie Yassine Jaber, des Affaires financières Fouad Siniora, des Affaires industrielles Nadim Salem, de l’Agriculture Chawki Fakhoury, des Ressources hydrauliques et électriques Elie Hobeika, et de l’Industrie Chahé Barsoumian. Côté syrien, ont assisté aux entretiens bilatéraux, les ministres de l’Intérieur Mohammed Harba, de l’Agriculture Assaad Moustapha, des Affaires économiques Sélim Yassine, de l’Economie et du Commerce extérieur Mohammed Maamari, de l’Industrie Ahmed Nazemeddine, de l’Irrigation Abdel Rahman Madani, des Finances Khaled Mahayni, de la Planification Abdel Rahman Sebayhi, du Pétrole Mohammed Maher Jamal et du Transport Moufid Abdel Karim.
Prenant la parole au début de la séance, le premier ministre syrien Mahmoud el-Zohbi a émis l’espoir que les discussions bilatérales permettent de «développer les relations économiques et commerciales entre le Liban et la Syrie». De son côté, M. Hariri devait mettre l’accent sur la nécessité de «lever les obstacles qui entravent le développement des échanges commerciaux entre les deux pays, de manière à accroître ces échanges afin d’être au diapason des grands blocs économiques qui se forment à l’échelle internationale». «Les relations économiques entre le Liban et la Syrie doivent être renforcées afin que nous puissions être concurrentiels, plus particulièrement lorsque les accords internationaux seront mis en application au cours des prochaines années», a souligné M. Hariri.
Une demi-heure après le début des discussions entre les deux délégations, M. Hariri devait conférer avec son homologue syrien Mahmoud al-Zohbi. Les deux hommes ont été rejoints vers midi par le «numéro deux» syrien Abdel Halim Khaddam.
A l’issue de cette première séance de travail, M. Hariri devait donner les premières indications concernant le cours des pourparlers, soulignant notamment que des progrès avaient été enregistrés au niveau des deux dossiers du Transport et du partage des eaux, mais que des discusions devraient encore avoir lieu d’ici deux mois afin d’examiner le problème des échanges commerciaux, industriels et agricoles.
Répondant aux questions des journalistes, M. Hariri devait par ailleurs affirmer qu’une éventuelle union économique entre les deux pays «est prématurée et n’est nullement envisagée au stade actuel». «Les systèmes économiques en vigueur au Liban et en Syrie sont en effet différents, a souligné le premier ministre. Nous pouvons coopérer afin de combler les failles qui existent dans chacun des deux pays. Le monde entier, a poursuivi M. Hariri, s’oriente vers la complémentarité économique, comme c’est le cas au niveau américain ou européen. Il est par conséquent naturel que nous établissions une coordination économique avec les frères syriens».
Et M. Hariri d’ajouter: «La Syrie est un pays agricole et de nombreux produits syriens peuvent être écoulés au Liban, de même que plusieurs produits agricoles libanais peuvent être écoulés en Syrie. Il existe sur ce plan quelques obstacles que nous nous employons à abolir afin que le commerçant, l’industriel et l’agriculteur libanais puissent exporter leur marchandise en Syrie».
Les pourparlers bilatéraux de samedi ont été suivis en fin d’après-midi d’un Iftar offert par le premier ministre syrien en l’honneur de la délégation libanaise.
La seconde séance de travail élargie a eu lieu hier, dimanche, de 10h à 14h. Elle a été entrecoupée de concertations bilatérales entre certains ministres libanais et leurs homologues syriens. A l’issue des entretiens, M. Hariri a indiqué qu’un comité de coordination libano-syrien se réunira la semaine prochaine afin d’élaborer l’ordre du jour de la réunion annuelle de l’Instance supérieure bilatérale. Celle-ci, rappelle-t-on, groupe les deux chefs d’Etat ainsi que les premiers ministres, les chefs de la diplomatie, les ministres de la Défense et les ministres de l’Intérieur des deux pays. La date de la réunion de cette instance sera fixée en fonction de l’évolution de l’état de santé du président syrien Hafez el-Assad.
Un demi-succès: tel est, schématiquement, le bilan des pourparlers économiques libano-syriens qui ont eu lieu ce week-end sur les bords du Barada, sous la supervision des deux premiers ministres Rafic Hariri et Mahmoud el-Zohbi. Le Liban a obtenu satisfaction au sujet d’un dossier de première importance: celui qui porte sur le partage des eaux de l’Oronte. Un second dossier de...