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Actualités - ANALYSE

La FINUL, un témoin gênant pour Israël


Dix-neuf ans. Dix-neuf ans que la Force intérimaire des Nations Unies assiste impuissante, résignée aux exactions israéliennes. Mais même cette présence discrète, qui sert surtout à soulager par des travaux d’aide infrastructurelle ou sociale la misère des villages bombardés, les Israéliens n’en veulent plus, à en croire le «message musclé» qu’ils ont lancé hier en tirant sur les Casques Bleus.
tel-Aviv confirme ainsi, si besoin était, qu’ils ne sont pas près de reconnaître la 426, à l’origine de l’envoi de la FINUL au Liban et encore moins la résolution-mère, cette 425 restée lettre morte grâce à la longue complicité des Américains qui en étaient pourtant les pères...
On ne peut s’étonner que dans ces conditions la toute dernière trouvaille diplomatique, le comité multinational de surveillance des accords d’avril, ne soit qu’un paravent sans prise sur les événements, une photocopieuse qui tire en rafales des communiqués dénués de toute condamnation, de toute sanction, de pitoyables appels au sens humanitaire des protagonistes pour qu’ils respectent les vies civiles...
Mais là aussi les Israéliens laissent entendre qu’ils préfèrent que personne ne s’interpose entre eux et les Libanais. Une façon d’avouer que la présence de témoins les gêne. Car, pas plus que les Américains qui l’ont fait payer très cher à Boutros Boutros-Ghali, ils n’ont pas encore fini de digérer le revers médiatique sévère que l’ONU leur a infligé au printemps dernier (c’est bien le seul d’ailleurs) en les accablant dans son rapport public sur le massacre de Cana.
Toujours est-il que l’occupant, une fois épuisée la présente vague chaude de katiouchas sur la Galilée qui peut servir de prétexte à de dures représailles, pourrait utiliser la question de la présence «incongrue» de la FINUL pour exiger derechef que l’armée libanaise vienne cohabiter avec ses forces au Sud et y remplacer les Casques bleus. Une proposition piégée, évidemment inadmissible, déjà avancée en 1993 à la suite de la grande agression de juillet et qui vise à faire légitimer en quelque sorte par le Liban lui-même la présence «sécuritaire» sur son sol de l’armée israélienne!
Israël n’est jamais en reste, ont le sait, de prétextes et de conditions pour prolonger son occupation du Sud où il prétend ne pas «avoir de visées territoriales ou hydrauliques». Ainsi pendant les années de guerre domestique dans ce pays, il soutenait qu’il ne saurait bouger tant qu’il n’y aurait pas à Beyrouth un pouvoir étatique central digne de ce nom, capable d’assurer par le biais de ses forces propres la sécurité à la frontière. Une fois les Palestiniens neutralisés, les milices locales dissoutes, l’armée réunifiée et l’Etat libanais restructuré, Tel-Aviv est resté soi-disant pour s’assurer d’abord qu’il y aurait un arrangement mettant ses alliés de l’ALS à l’abri de toute sanctions. Résultat inespéré en quelque sorte: le maintien de l’occupation après le reflux de 83 a suscité l’éclosion d’une résistance active purement libanaise et depuis lors, mettant la charrue devant les bœufs et inversant les rôles, les Israéliens exigent pour repartir chez eux la neutralisation préalable du Hezbollah! Une position commode car ainsi Tel-Aviv garde à ses côtés le parrain américain, dont les intégristes sont la bête noire et qui ne veut tout spécialement au Hezbollah, parce qu’il l’accuse d’avoir massacré ses Marines début 84, d’avoir enlevé au Liban nombre de ses ressortissants et surtout d’être lié à son pire ennemi régional, la République islamique d’Iran.
Pour tout dire on paraît aujourd’hui à mille lieues de l’application de la 425 et tout près de la sortie de la FINUL... si Israël parvient à ses fins. Ce qui n’est heureusement pas tout à fait garanti car les Casques Bleus peuvent difficilement être lâchés par les Etats-Unis qui les ont «inventés», leur présence étant en outre fortement soutenue par la France à laquelle Washington ne voudrait pas donner l’occasion de marquer un point facile contre lui en l’accusant de retirer toute protection à la population civile libanaise désarmée...

P. A-A.
Dix-neuf ans. Dix-neuf ans que la Force intérimaire des Nations Unies assiste impuissante, résignée aux exactions israéliennes. Mais même cette présence discrète, qui sert surtout à soulager par des travaux d’aide infrastructurelle ou sociale la misère des villages bombardés, les Israéliens n’en veulent plus, à en croire le «message musclé» qu’ils ont lancé hier...