WASHINGTON, 9 Janvier (AFP). — Madeleine Albright, secrétaire d’Etat désignée, a surpris par sa modération devant le Sénat en s’inscrivant en droite ligne de la politique américaine de son prédécesseur Warren Christopher, sur le fond comme dans le style. Sous le titre: «Madeleine Albright a mis une sourdine», le New York Times de jeudi se déclarait déçu de sa «prestation résolument prudente» devant une Commission des Affaires étrangères du Sénat pourtant «amicale» (VOIR AUSSI P.10).
Pour le journal, Mme Albright aurait pu faire preuve de son mordant habituel, en particulier dans la défense de la démocratie et des droits de l’Homme, puisque sa confirmation par le Sénat était acquise d’avance.
Celle-ci pourrait intervenir dès le 21 janvier, au lendemain de l’inauguration du second mandat de Bill Clinton.
Mme Albright, sanglée dans un des tailleurs bleu pétrole qu’elle affectionne, «s’en est tenue pour l’essentiel à des platitudes et à des stratégies familières», déplore le New York Times.
C’est Warren Christopher, habituellement compassé, qui a semblé le plus à l’aise, allant jusqu’à pratiquer l’auto-dérision. Il a ainsi présenté son successeur probable aux sénateurs — une première — en rappelant qu’elle avait osé dire de lui: «Par moments, Warren Christopher semble presque vivant».
Sur le fond, la première femme désignée comme secrétaire d’Etat est restée d’un classicisme à toute épreuve. Elle a réaffirmé que l’Amérique, seule superpuissance, ne voulait pas devenir le gendarme du monde mais qu’elle interviendrait si ses «intérêts vitaux» sont menacés et si elle peut «faire la différence». Cet exercice d’équilibre entre isolationnistes et interventionnistes n’a pas convaincu un des sénateurs, qui lui a demandé en vain de préciser.
Sur les deux sujets qu’elle a présentés comme prioritaires, l’élargissement de l’OTAN et les relations avec la Chine, Mme Albright a répété fidèlement la position du gouvernement Clinton et s’est montrée avare de détails.
La relance des négociations au Proche-Orient, pourtant d’une actualité brûlante au moment où Israéliens et Palestiniens discutent du sort de Hébron, a été à peine effleurée. Mme Albright a expliqué qu’elle ne voulait pas gêner le médiateur américain Dennis Ross, qui se trouve sur place.
Les plus commentés
Qui sont les ministres du gouvernement de Nawaf Salam ?
La famille d’un Libanais juif, enlevé en 1984, en appelle à Israël pour connaître son sort
Nawaf Salam fait le pari de la troisième voie