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Actualités - CHRONOLOGIE

200.000 opposants réveillonnent en pleine rue à Belgrade (photo)

200.000 OPPOSANTS REVEILLONNENT
EN PLEINE RUE A BELGRADE
BELGRADE, 2 Janvier (AFP). – Au moins deux cent mille personnes se sont déplacées pour le bal de la nuit du Nouvel An organisé par l’opposition serbe, à Belgrade, défiant le pouvoir, alors que celui-ci a manifesté une certaine souplesse, sans faire de concession significative pour autant.
La place de la République et toutes les rues qui y conduisent étaient remplies par une foule compacte qui rendait difficile tout déplacement. En organisant ce réveillon, l’opposition a contourné l’interdiction de manifester décrétée par la police, mais qui, dans la pratique s’est limitée à interdire les marches à travers le centre-ville.
A minuit, des torches allumées vers le ciel ont été brandies à bout de bras, et des sifflets et des explosions de pétards se sont unis dans un vacarme assourdissant. Des feux d’artifice ont illuminé le ciel.
Tous les âges et tous les groupes sociaux étaient représentés, on a même vu des vieilles dames, le sifflet dans la bouche, côtoyant des étudiants en tenue techno fluorescente et des bourgeoises en robe de bal.
Un concert devait commencer sur le podium dressé place de la République.
La soirée avait commencé quelques heures plus tôt au son de «Kalachnikov», la chanson tzigane au rythme endiablé qui ouvre le film d’Emir Kusturica «Undergroud», primé à Cannes.
La musique de Goran Bregovic a eu un effet catalyseur sur la foule hétéroclite réunie sur la place enneigée de la République vers 21h00 GMT.
Un paysan barbu en chapka et veste de cuir portant dans une main une torche allumée et dans l’autre un drapeau des Confédérés américains a conduit avec panache une colonne de danseurs où des étudiants en vêtements de ski et lunettes de soleil, coiffés d’un ballon-auréole, tenaient par la taille des dames en fourrure avec masque vénitien.

L’urne magique

A quelques centaines de mètres de là, les étudiants avaient leur propre bal devant la faculté de philosophie. Un illusionniste y a présenté un numéro à connotation politique, en faisant disparaître une urne électorale sous un drap noir. Manière de rappeler l’annulation des municipales du 17 novembre au profit du parti au pouvoir, à l’origine de la crise qui secoue le pays depuis 43 jours.
Les étudiants ont lu devant la faculté de philosophie une «Déclaration sur la liberté». «La démocratie est notre objectif et il est du devoir de tout citoyen libre de s’opposer à l’illégalité et à la tyrannie», affirme notamment ce texte, adopté auparavant dans le quartier résidentiel de Dedinje, où habite le président Milosevic.
Dans l’après-midi, une quinzaine d’entre eux a pu se rendre devant la résidence du président serbe Slobodan Milosevic, pour la première fois depuis le début de leur mouvement il y a plus d’un mois. Aucun policier anti-émeute n’était présent à l’entrée du quartier résidentiel où habite le président. Ce dernier, dans son message de Nouvel An prononcé à la télévision, a annoncé que 1997 serait «une année de réformes» qui conduiront la Serbie vers l’économie de marché.
M. Milosevic a évoqué brièvement les «difficultés extérieures et intérieures que nous avons connues, surtout ces derniers mois», sans autre allusion à la crise politique qui secoue son pays.
A quelques heures de la fin de 1996, une délégation de diplomates de l’Union européenne a été reçue mardi au ministère yougoslave des Affaires étrangères. Elle a retiré de la rencontre «l’impression» que le président Milosevic semblait plutôt disposé à accepter les recommandations de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et à reconnaître les résultats des municipales du 17 novembre, selon un diplomate néerlandais, M. Menno Censtro.

Délai de réflexion

Le vice-ministre yougoslave des Affaires étrangères, Nikola Cicanovic, qui a reçu la délégation, «n’a pas été en mesure de confirmer que son gouvernement accepterait toutes les recommandations», indique un communiqué de presse de l’UE. Mais il a déclaré que les autorités avaient «l’intention de respecter pleinement la volonté du peuple exprimée lors du deuxième tour des municipales».
De son côté, le chef de la diplomatie de Belgrade, Milan Milutinovic, a fait une mise au point en souhaitant un «délai de réflexion» sur la mise en œuvre de ces recommandations. Le rapport rédigé par l’Espagnol Felipe Gonzalez, qui s’était rendu il y a dix jours à Belgrade à la tête d’une mission de l’OSCE, recommande la reconnaissance des victoires électorales de l’opposition dans 14 villes aux municipales du 17 novembre.
Ce rapport doit être examiné jeudi ou vendredi à Vienne par le Conseil permanent réunissant les 55 pays de l’OSCE. L’organisation attendait donc une réponse de M. Milosevic avant cette date.
L’annulation de ces résultats par les autorités au bénéfice du Parti socialiste (SPS, au pouvoir) est à l’origine de 43 jours de crise, marquée la semaine dernière par des affrontements de rue entre partisans et adversaires du régime qui ont fait un mort et une centaine de blessés.
L’opposition a accusé la police d’être responsable de la mort du manifestant décédé, Predrag Starcevic.
Une dizaine d’unités de l’armée yougoslave, jadis pilier du régime, dont une unité d’élite clef, la 63e brigade de parachutistes, ont critiqué M. Milosevic et menacé d’intervenir dans la crise politique.
200.000 OPPOSANTS REVEILLONNENTEN PLEINE RUE A BELGRADEBELGRADE, 2 Janvier (AFP). – Au moins deux cent mille personnes se sont déplacées pour le bal de la nuit du Nouvel An organisé par l’opposition serbe, à Belgrade, défiant le pouvoir, alors que celui-ci a manifesté une certaine souplesse, sans faire de concession significative pour autant.La place de la République et toutes les rues...