Reporters sans frontières demande l'intervention de Chirac Le Mouvement de solidarité avec Pierre Atallah s'amplifie à l'étranger

«REPORTERS SANS FRONTIERES»
DEMANDE L’INTERVENTION DE CHIRAC

LE MOUVEMENT DE SOLIDARITE AVEC PIERRE
ATALLAH S’AMPLIFIE A L’ETRANGER


Le mouvement de solidarité avec notre collègue d’«An-Nahar», Pierre Atallah, maintenu en garde à vue depuis le 20 décembre dans le cadre des interpellations effectuées le lendemain de l’attentat antisyrien de Tabarja, s’amplifie à l’étranger.
L’Organisation «Reporters sans frontières», dont M. Atallah était le correspondant au Liban, a adressé une lettre au président français, M. Jacques Chirac, lui demandant d’intervenir auprès des autorités libanaises pour obtenir la libération du journaliste «détenu à cause de l’exercice de son métier et de ses opinions».
Par ailleurs, le président du syndicat des rédacteurs, M. Melhem Karam, a déclaré qu’un représentant du syndicat doit se rendre en Allemagne pour participer samedi à «la rencontre de solidarité avec Pierre Atallah» organisée par trois fédérations de journalistes allemands.
Le syndicat des rédacteurs a reçu ces dernières 24 heures un grand nombre de télégrammes de la part de fédérations arabes et étrangères réclamant la relaxation de Pierre Atallah. Les syndicats de journalistes d’Autriche, de Suède, du Danemark, d’Australie, du Canada, de Mauritanie, du Maroc, du Yémen ont condamné le maintien en garde à vue de M. Atallah et ont demandé aux autorités de le remettre en liberté immédiatement.
Dans la lettre adressée à M. Chirac, «Reporters sans frontières» dénonce l’interpellation de M. Atallah «par des services de renseignements qui n’étaient pas munis de mandat d’arrêt».
Voici le texte intégral de la lettre de l’organisation signée par le secrétaire général, M. Robert Meriard:
«Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, tient à attirer votre attention sur la détention d’un journaliste au Liban.
Pierre Atallah, journaliste au quotidien indépendant An-Nahar, et ancien correspondant de Reporters sans frontières au Liban, a été arrêté le 23 décembre 1996, à son domicile, par des agents des renseignements militaires. Aucun mandat d’amener ne lui a été présenté lors de son interpellation et la durée légale de la garde à vue a été dépassée. Finalement, Pierre Atallah a été déféré devant un juge d’instruction d’une juridiction militaire le 30 décembre pour «conspiration contre la sûreté de l’Etat» et «contacts avec des agents israéliens», après avoir été détenu au secret pendant une semaine. Il est accusé d’avoir distribué des tracts antisyriens il y a deux mois. Selon nos dernières informations, Pierre Atallah aurait également été interrogé sur le contenu d’articles qu’il avait rédigés en 1996 à propos d’un leader chrétien et des activités de l’opposition chrétienne.
Pierre Atallah est actuellement détenu en raison de l’exercice de son métier de journaliste et à cause de ses opinions. Reporters sans frontières est consciente des liens privilégiés qui existent entre la France et le Liban, et connaît votre attachement à la défense de la liberté de la presse, comme l’amitié qui vous lie au premier ministre libanais, M. Rafic Hariri. C’est pourquoi nous vous prions d’user de votre influence auprès des autorités libanaises afin que Pierre Atallah soit immédiatement libéré si, comme nous le pensons, les charges qui pèsent contre lui relèvent du seul délit d’opinion».