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Actualités - OPINION

Carnet de route Vivre en Ploutocratie sans le savoir

VIVRE EN PLOUTOCRATIE
SANS LE SAVOIR

Pardonnez-moi si je tombe dans l’ineptie. C’est fatal quand on cherche à cerner l’identité du Liban et à le soumettre aux classifications chères aux politologues et autres chercheurs en sciences humaines. Même eux, d’ailleurs, s’expriment dans un jargon qui leur sert parfois à camoufler au lecteur l’impuissance de leurs taxinomies. Peut-être est-ce là une accusation injuste, mais la dernière semaine politique de 1996 ayant été ce qu’elle fut, et le recours à mes «manuels» préférés ne m’ayant éclairée en rien pour une définition possible des événements en cours, j’ai craqué. Alors je me suis souvenue d’un exemple de gouvernement qui pourrait se comparer au nôtre, bien que le nom en soit très ancien: la ploutocratie. Car quel autre nerf principal que l’argent irrigue notre société? Que M. Hariri me croie, il n’y a dans mon propos aucune attaque contre sa personne, celle-ci servant de symbole par trop commode pour qui veut toujours et en toutes circonstances «faire payer les riches». Simplement, l’identité libanaise échappant à toute définition savante (malgré «le fétichisme de l’identité» dont parle si joliment Ahmed Beydoun), nous avons cru pouvoir nous raccrocher au mot de «ploutocratie», ce qui ne veut dire que «gouvernement par les plus fortunés» (1). Peut-on aujourd’hui dire le contraire! Bon. Changeons vite de sujet.
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La vodka russe est-elle en voie de disparition? La production par la Russie de ce qui fut la boisson nationale bien avant le communisme a diminué de moitié (46% de chute en un an). Nulle trace de puritanisme dans ce phénomène, ni de désaffection du client. Simplement, entre la contrebande et les importations de vodkas étrangères vendues moins cher, c’est le consommateur qui gagne chaque fois qu’il achète une bouteille, ukrainienne par exemple, ou carrément frelatée. Plutôt que de pleurer sur l’alcoolisme inchangé des Moscovites, il vaut mieux penser que la vodka n’étant plus tout à fait ce qu’elle était, il y en aura toujours assez pour saouler, comme toujours, les congressistes étrangers à Moscou ou Novo-Sibirsk. Car la cérémonie des «toasts» (un verre bu «cul sec» par toast ou compliment) est de celles que plus d’un linguiste ou archéologue gardent longtemps en mémoire: ces échanges prennent en effet la forme de véritables joutes où, face à l’étranger ivre-mort, la majorité de ses confrères russes gagnent la partie haut la main. Un peu gris, certes, mais heureux de la victoire...
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Cela dit, bonne année à nous tous, dans une République qui cessera peut-être d’involuer, nourrira ses pauvres, et méritera la confiance de ses jeunes générations. Voilà. A la semaine prochaine...

Amal NACCACHE

(1) Le petit «Robert»
VIVRE EN PLOUTOCRATIESANS LE SAVOIRPardonnez-moi si je tombe dans l’ineptie. C’est fatal quand on cherche à cerner l’identité du Liban et à le soumettre aux classifications chères aux politologues et autres chercheurs en sciences humaines. Même eux, d’ailleurs, s’expriment dans un jargon qui leur sert parfois à camoufler au lecteur l’impuissance de leurs taxinomies....