Dans un geste rarissime de la part d'un responsable iranien, le président du Parlement de Téhéran, Ali Larijani, ancien négociateur sur le nucléaire, a exprimé une opinion favorable à une initiative diplomatique américaine, en l'occurrence la mission engagée au Moyen-Orient par l'émissaire américain George Mitchell. « Récemment, le président américain a déclaré qu'il enverrait des gens pour écouter et non pour dicter », a-t-il noté. « Cette approche est un signal positif », a-t-il ajouté lors de la première session, consacrée au désarmement nucléaire. Assénant que les Américains dans le passé « avaient brûlé bien des ponts », M. Larijani a noté un « changement de stratégie des États-Unis » et s'est félicité que Washington semble vouloir « rompre avec le cercle vicieux de l'unilatéralisme ». Réaffirmant que l'Iran n'a pas « la bombe et n'a pas l'intention de s'en doter », il a appelé M. Obama à « déployer des efforts sincères en vue de coopérer avec d'autres parties du monde ». M. Larijani n'a cependant pas donné la moindre indication d'une volonté de l'Iran de répondre aux exigences de transparence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), condition d'une levée des sanctions frappant son pays.
De son côté, le vice-président russe Sergueï Ivanov a énoncé les positions russes traditionnelles sur le contrôle des armements. Évoquant les futures négociations sur une nouvelle réduction des armements stratégiques, alors que le traité Start I vient à échéance fin 2009, il a demandé aux Américains de revenir sur leur idée de ne pas détruire mais stocker une partie des armes nucléaires. M. Ivanov a réitéré que le « bouclier antimissile américain » projeté en Pologne et en République tchèque « fait partie du dispositif stratégique déployé par les États-Unis pour contrer la force de dissuasion russe », et non l'arsenal balistique de pays comme l'Iran, ainsi que l'assure Washington. En revanche, il s'est prononcé pour un système antimissile qui ne soit pas unilatéralement déployé par la seule puissance américaine. Ce faisant, il tendait lui aussi une perche au vice-président américain Joe Biden, réputé hostile au bouclier antimissile. Dans la soirée, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a affirmé que les États-Unis sont favorables à une coopération « plus approfondie et plus importante » avec la Russie sur les questions d'intérêt national communes. Pour sa part, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a appelé l'Iran et la Russie à saisir l'occasion d'une détente avec les États-Unis. « J'ai entendu un signal encourageant à Washington (...) en direction d'une réduction significative des armes nucléaires stratégiques. Le temps presse », a déclaré M. Steinmeier, revenu mardi des États-Unis. Le ministre allemand s'est aussi félicité « qu'après de longues années de glaciation, l'administration (américaine) veuille engager un dialogue direct avec l'Iran ». « Saisissez cette chance ! » s'est-il exclamé à l'adresse du pouvoir iranien.