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Liban

Écoutes : Bassil sous le feu des critiques

Tel est pris qui croyait prendre. La réunion de la commission parlementaire de l'Information, dont l'opposition avait commencé à faire son cheval de bataille contre la majorité, a tourné à l'aigre pour le ministre des Télécoms, Gebran Bassil, et pour le chef de la commission parlementaire, Hassan Fadlallah (Hezbollah), qui voulaient enquêter sur les écoutes illégales.
La réunion s'est tenue en présence de 62 députés, un record, mais n'a pas débouché sur une mise en accusation de la majorité, en matière d'écoutes téléphoniques. Bien au contraire, ce sont les interrogations bien légitimes de la majorité qui se sont imposées comme les bonnes.
C'est ainsi qu'on apprenait, de la bouche du ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, qu'il a fallu que le chef de l'État intervienne en personne pour que le ministre des Télécoms coopère de nouveau avec la commission internationale d'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri et lui fournisse les données qu'elle réclamait. Ainsi, il est apparu que M. Bassil a bel et bien entravé, quelques semaines durant, le travail de la commission d'enquête.
Pour sa part, le député Hadi Hobeiche a accusé M. Bassil de déceler des données indispensables aux FSI pour lutter, ne fut-ce que contre la criminalité ordinaire, où l'analyse des données s'avère de plus en plus déterminante : vols de cellulaires, vols de voitures, enlèvements, trafics en tous genres, crime organisé, etc.
Le comportement de M. Bassil a certainement nui au travail préventif des FSI, et ce n'est qu'après l'attentat de Bohsas contre l'armée (29 septembre), que M. Bassil a finalement compris que sa conduite mettait en danger la sécurité nationale.
Au passage, on devait apprendre que la société Orascom, qui a obtenu la gestion du réseau « alpha », est aussi l'un des grands actionnaires de... Télécoms-Israël. Une révélation qui a bien embarrassé le chef de la commission de l'Information.
Des députés de la majorité ont également soulevé le cas de la « disparition » des équipements d'analyse de données qui étaient utilisés par la garde républicaine, sous le mandat du président Émile Lahoud.
Certes, tout le monde a convenu de la nécessité d'appliquer la loi 140 réglementant les écoutes et en centralisant le processus, mais la majorité s'est élevée contre la nomination d'un officier proche de l'ancien directeur général de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, Daniel Farès, comme chef de la salle d'écoutes nouvellement installée au ministère des Télécoms, pour lutter, selon M. Bassil, contre les communications internationales illégales.
Ce que la majorité redoute, et M. Joumblatt devait l'affirmer hier sur la LBC, c'est que des personnes aux allégeances troubles ne s'infiltrent au ministère des Télécoms, pour entraver le travail de la commission internationale et tout effort pour contrôler le terrorisme interne, manipulé adroitement pour déstabiliser le Liban, créant ainsi un climat propre à décourager les témoins éventuels.
Selon un ministre qui a tenu à garder l'anonymat, l'officier nommé au ministère des Télécoms a demandé aux compagnies exploitant les deux réseaux de téléphonie mobile de lui communiquer toutes les données communiquées à la commission internationale.
« Ne serait-ce pas pour mieux préparer la défense des personnes qui pourraient avoir été impliquées dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre ? » s'est interrogé le ministre.
La réunion, qui s'est prolongée quelque six heures durant, s'est achevée sur une attitude ferme de la majorité reprenant à son compte la demande initiale de l'opposition, à savoir la formation d'une commission parlementaire d'enquête.
En début de réunion, des députés de la majorité avaient commencé par contester que ce soit un député du Hezbollah qui préside à l'enquête sur les écoutes, faisant lui-même partie d'un parti qui se livre à des écoutes, qui dispose d'un réseau téléphonique propre et qui domine des zones géographiques échappant totalement à l'autorité de l'État libanais.
Les députés de la majorité, qui concèdent qu'un organisme central doit gérer le dossier des écoutes, veulent par contre soulever, par le biais des commissions conjointes, et non plus de celle de l'Information seule, les dossiers des écoutes illégales.
Tel est pris qui croyait prendre. La réunion de la commission parlementaire de l'Information, dont l'opposition avait commencé à faire son cheval de bataille contre la majorité, a tourné à l'aigre pour le ministre des Télécoms, Gebran Bassil, et pour le chef de la commission parlementaire, Hassan Fadlallah (Hezbollah), qui voulaient...
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