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Lifestyle - Insolite

La nostalgie des gentlemen drivers

Leur passion les mène loin, bien loin dans le passé. Passion pour les voitures de collection et passion pour les courses « à l'ancienne ». La Cedar Racing Team et ses cinq « mousquetaires » courent pour rattraper ses rêves d'enfant...
Ils sont quelques adultes en cravate, réunis ce matin autour d'un bureau, l'air apparemment sérieux, le regard  presque officiel. Mais il suffit d'évoquer devant Cyril Bustros, Michel Zaccour, Grégoire Audi, Tarek et Galal Mahmoud les courses de voitures anciennes, et leur regard se met à briller à l'unisson. Ils redeviennent les enfants qu'ils n'ont sans doute jamais cessé d'être, fascinés par ces belles carrosseries, élégantes et racées, par ces conducteurs mythiques qui ont bercé leur enfance et leur adolescence. Alors, leurs mots se bousculent, chacun reprenant la phrase là où l'autre l'avait momentanément abandonnée. Les dialogues sont rythmés de fous rires partagés et d'une complicité retrouvée. Oubliés les métiers de banquier, d'architecte et de dentiste, les cinq compères ne pensent qu'à une chose : la course de voitures anciennes. Celle qu'ils vont courir dans quelques mois et celles auxquelles ils ont participé durant ces trois dernières années. À leur tête, l'inégalable  et mythique 24 Heures du Mans Classique, de courtes heures durant lesquelles ils deviennent tous des Steve McQueen  défiant les plus grands et non moins mythiques pilotes d'autrefois.

Marche arrière
« Tarek est l'instigateur du projet », raconte son frère Galal Mahmoud. Le projet, un rêve fou, fut, en 2004, de mettre sur pied une équipe baptisée « Cedar Racing Team », qui puisse participer aux plus importantes courses automobiles de voitures de collection. « Notre passion remonte à notre tendre jeunesse dans les années 60/70, avoue Tarek, lorsque nous suivions, admiratifs, les courses automobiles européennes, qu'on lisait les revues et bandes dessinées qui nous faisaient rêver de courses dans des sublimes Ferrari, Maserati et Aston Martin. Et puis James Bond et son Aston Martin DB5 dans Goldfinger m'a encore plus accroché à cette marque mythique ! Ce n'est que dans les années 80 que j'ai pu, pour la première fois, me faire plaisir et acheter une voiture de collection, une Aston Martin DB4 de 1961. Depuis, je me suis lancé dans ce monde très vaste qui m'a entraîné dans la course auto de voitures anciennes. Aujourd'hui, je possède plus de 8 voitures de collection, dont trois de course. » Outre les 24 Heures du Mans Classique où les conditions d'inscription sont très strictes, (qualité de la voiture, pedigree, rareté du véhicule), la team a fait ses preuves au Tour Auto, le Tour de France automobile, et le Tour d'Espagne. « Ce monde a beaucoup évolué, poursuit Tarek. Certaines courses sont des « must » dans le calendrier social en Europe, Goodwood et le Mans Classique en particulier. Ce sont des évènements très prisés qui attirent les plus belles autos du monde et des collectionneurs de renom. La qualité de notre petite collection de voitures (5) et le sérieux du Cedar Racing Team nous ont permis de participer à ces rendez-vous de privilégiés. »

Esprit de groupe
C'est donc Tarek qui contamine son ami Grégoire Audi. Petit à petit puis très vite, le feu prend et embrase les autres amis. « Ce n'est pas pour gagner, mais pour le plaisir de participer, disent-ils d'une seule voix très emballée, et le plaisir de se retrouver loin de toutes les contraintes. » Leur nostalgie jamais assouvie, ils peuvent déambuler dans les paddocks de leur BD préférée, se bercer du vrombissement des moteurs, ressentir le trac du départ, la fascination devant la beauté des carrosseries exhibées comme des conquêtes. Porter fièrement la tenue des conducteurs légendaires, admirer le drapeau libanais sur le circuit (ils sont la seule équipe libanaise à prendre part à ces courses), se mesurer aux plus grands, avec admiration et respect. Et puis revenir chez eux et se rappeler pour mieux y croire et prolonger le plaisir... « C'est un monde parallèle, en dehors du temps et des époques. Pouvoir partager le circuit avec des professionnels de l'époque, c'est un plaisir, s'exclame Galal Mahmoud. Quand on les double, alors là, c'est un bonheur sans nom ! »

De belles courses
Dans leur modeste « écurie », les gentlemen drivers peuvent être fiers de citer une Aston Martin DB GT (1961), une Aston Martin DB2 (1951), une Ford Mustang Shelby (1965) et une Jaguar E type Light Weight (1966). Fiers également de signaler la voiture Ligier Maserati en chantier que Grégoire Audi se met un point d'honneur à entièrement reconstruire  avec le soutien des ingénieurs de la célèbre marque qui lui prêtent tout le support nécessaire car, nous dit-on, « cette voiture n'existe plus ! ».  « Au départ des 24 Heures du Mans Classique, et malgré ce délicieux vrombissement de moteurs qui ne s'arrête pas durant les trois jours, on n'entend plus rien que le battement de son cœur », souligne Michel Zaccour. « On se retrouve avec celui qui s'est endetté pour remettre à neuf sa voiture et avec le multimilliardaire à la retraite qui vient en famille avec sa Bentley. Tout le monde est à pied d'égalité, dans l'élégance », surenchérit Cyril Bustros.  « L'évènement, trois jours sans dormir, est un concentré de beauté et de nostalgie », rajoute Galal Mahmoud. La première fois, on veut que la voiture démarre et que l'on puisse finir le circuit, la seconde, on veut faire mieux. » Et ils ont fait mieux. En quelques années, la Cedar Racing Team est admise dans la cour des grands, sollicitée et invitée aux courses les plus prestigieuses d'Europe, tels, outre le Mans Classique, Le Revival de Goodwood, Le Mille Miglia en Italie, les 6 heures de Spa en Belgique et le Woodcoote Trophy du RAC britannique.
Impatients de prendre le départ du Tour Auto Optic 2000 prévu du 20 au 25 avril prochain, « un sublime tour qui démarre à Paris pour traverser les plus belles régions de France », les coureurs qui ne sont plus seulement en herbe prennent le temps de choyer leurs voitures et... se rappeler les meilleurs moments.
« Maintenant, je peux mourir tranquille ! » a conclu l'un d'eux avec un grand sourire. Plus pragmatique, Tarek Mahmoud rajoute : « Nos prochains objectifs sont de promouvoir nos efforts, essayer de nous faire assister par un sponsor de qualité et gagner des courses ! »
Ils sont quelques adultes en cravate, réunis ce matin autour d'un bureau, l'air apparemment sérieux, le regard  presque officiel. Mais il suffit d'évoquer devant Cyril Bustros, Michel Zaccour, Grégoire Audi, Tarek et Galal Mahmoud les courses de voitures anciennes, et leur regard se met à briller à l'unisson. Ils redeviennent les enfants...

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