Citant le ministre des Télécommunications, Gebran Bassil, Hassan Fadlallah a affirmé que des « services de sécurité » pratiquent l'écoute téléphonique, au mépris des dispositions de la loi et de ses décrets d'application.
« Qui donc a autorisé tel ou tel service à intercepter les communications de tel ministre, tel député ou tel journaliste ? » a ajouté Hassan Fadlallah, qui a évoqué la possibilité de charger une commission parlementaire spéciale d'examiner le dossier.
Selon le député Nabil Nicolas (CPL), les enregistrements sont livrés au service de renseignements des FSI, qui n'a pas légalement le droit d'accès à ces données, n'étant pas une police judiciaire.
Deux choses différentes
Le président de la commission parlementaire des Télécoms a précisé, par ailleurs, que ce dossier est différent de celui que le député Walid Joumblatt a soulevé, quand il a affirmé qu'un bureau d'écoutes téléphoniques existe à l'intérieur même du ministère des Télécoms, avec l'approbation du ministre.
Le bureau de presse de ce dernier s'était empressé de démentir cette information, rappelle-t-on.
M. Fadlallah a ajouté en outre qu'il a obtenu de M. Bassil l'assurance que la pratique consistant « à obtenir facilement de n'importe quel juge » l'autorisation de mettre sur écoute les communications de « n'importe quel autre citoyen » avait pris fin.
« De telles pratiques, a-t-il précisé, permettaient à des commerçants ordinaires d'espionner d'autres commerçants, ou à un citoyen ordinaire d'obtenir le numéro d'un autre citoyen ou de dévoiler certaines de ses informations privées. »
Une réunion de la commission parlementaire des Télécoms se tiendra en présence de représentants des ministères concernés (Intérieur, Défense, Justice et Télécoms), pour tirer cette affaire au clair, a-t-il conclu.
Enquête
Le ministre d'État pour le Développement administratif, Ibrahim Chamseddine, a confirmé de son côté que la pratique des écoutes était courante et a réclamé de son côté l'ouverture d'une enquête à ce sujet.
Les informations enregistrées sont « stockées en réserve, dans le but d'être éventuellement utilisées durant des saisons sèches », a-t-il dit.
Le pays est, de ce point de vue, « noyauté », a ajouté le ministre, tout en soulignant la faiblesse des services supposés protéger les citoyens et le fait que l'allégeance des fonctionnaires « va non pas à l'institution, mais à tel ou tel chef politique, voire à plus haut ».
C'est en ce sens que le député Nabil Nicolas (CPL) a prétendu hier sur la télévision al-Manar que « des CD d'enregistrement sont communiqués à des ambassades occidentales à Beyrouth », mettant au défi les parties concernées de « prouver le contraire ».
« En ma qualité de député, j'ai le droit d'accuser, et c'est à l'accusé de prouver que j'ai tort », a-t-il affirmé.