C’est une visite utile pour les deux parties. L’entretien accordé vendredi matin par le président de la République au chef du CPL a constitué un événement sur la scène politique, en raison des positions opposées, voire hostiles, des deux hommes depuis que le nom de Joseph Aoun avait commencé à circuler en tant que candidat favori à l’élection présidentielle. Le rendez-vous de vendredi est d’ailleurs le premier contact direct entre eux, depuis la visite du bloc du Liban fort à Baabda pour féliciter le nouveau président suite à son élection à la tête de la République.
Ce rendez-vous avait d’ailleurs été soigneusement préparé par les deux parties. Gebran Bassil l’avait sollicité il y a quelque temps et la réponse de Baabda avait été positive, attendant toutefois, selon des proches de la présidence, le bon moment pour fixer la date. Ce moment est, semble-t-il arrivé... à une période particulièrement délicate de la vie du pays, où les responsables sont soumis à des pressions externes et internes pesantes et où les parties politiques sont conscientes du fait que le cours des événements les dépasse. Elles cherchent ainsi à trouver des moyens de réapparaître sur l’échiquier. En même temps, les sujets évoqués dans le cadre de cette rencontre étaient évidents, à cause de l’actualité pressante. Il s’agit notamment du dossier des armes du Hezbollah, de la guerre avec Israël, et bien sûr des déplacés syriens...
Gebran Bassil, pour commencer, avait été, de l’avis des proches du président Joseph Aoun, trop loin dans les critiques adressées au candidat favori à l’élection présidentielle, allant même jusqu’à toucher à sa personne. Et lorsque ce candidat a été élu, Gebran Bassil s’est pratiquement retrouvé seul à le critiquer alors que même son allié d’hier, le Hezbollah, ainsi que les parties chrétiennes comme les Forces libanaises qui étaient hostiles à son arrivée au pouvoir, se sont empressées à la dernière minute de voter pour lui. Même au sein du CPL, les critiques adressées par Gebran Bassil à Joseph Aoun étaient jugées par moments excessives. La position de Gebran Bassil semblait injustifiée pour de nombreuses parties, surtout à cause de l’élan interne et externe avec lequel le nouveau président avait entamé son mandat. Il avait eu beau, par la suite, faire des déclarations dans lesquelles il rappelait que le CPL se tient aux côtés du président et de la présidence, et que son bloc parlementaire pouvait être celui du mandat actuel, ces bonnes dispositions n’avaient pas beaucoup d’effet sur les relations entre les deux parties.
Aujourd’hui, dans la tourmente causée par la poursuite des agressions israéliennes contre le Liban et face à la difficile mission de trouver un compromis entre les exigences américaines et arabes de prendre le contrôle des armes du Hezbollah d’un côté et le sentiment de frustration que cette hypothèse suscite chez l’environnement populaire du parti de l’autre, surtout si les Israéliens ne remplissent pas leur part de l’accord de cessez- le feu, Gebran Bassil a estimé qu’il était plus facile et justifié de chercher à établir un contact direct avec le chef de l’État, pour affirmer que son parti se tient aux côtés de la présidence dans ces moments difficiles.
De son côté, le chef de l’État joue une partie très serrée. Il a pris la charge du lourd dossier du monopole des armes par l’État et il mène une négociation difficile avec le Hezbollah d’un côté et avec les Américains et les États du Golfe de l’autre. Il avance en terrain miné à l’extérieur et à l’intérieur, où plusieurs parties l’attendent au tournant. Il y a bien sûr d’abord le Hezbollah qui, tout en affichant sa satisfaction face à la manière dont le chef de l’État gère le dossier des armes, reste sur ses gardes. Mais il y a aussi le Premier ministre et son camp, qui n’a pas encore digéré la façon dont Joseph Aoun s’impose comme le principal acteur du pouvoir. Les divergences entre eux sont apparues au grand jour lors de la désignation du gouverneur de la Banque centrale, que Joseph Aoun a soumise au vote du Conseil des ministres, mettant ainsi le Premier ministre en minorité. Enfin, il y a surtout les Forces libanaises qui se considèrent comme les principales gagnantes de l’évolution de la situation régionale actuelle, ainsi que la principale force hostile au Hezbollah dans le pays. Tout en se voulant conciliantes, les Forces libanaises n’ont pas caché leur désapprobation de l’approche qualifiée de « trop douce » de Joseph Aoun face au Hezbollah et à ses armes. Dans les critiques qu’il avait ouvertement adressées au chef de l’État dans ce contexte, le chef des Forces libanaises Samir Geagea l’avait même comparé à « Abou Melhem », une figure connue pour son souci d’arrondir les angles et de chercher toujours des compromis, dans une célèbre série télévisée libanaise. Or le chef de l’État a reçu la semaine dernière le chef des Forces libanaises, dans une visite qui a été considérée comme un événement, Samir Geagea ne se déplaçant pas facilement. Le chef des FL s’était d’ailleurs exprimé à l’issue de cette visite, critiquant d’une manière voilée l’attitude de Joseph Aoun à l’égard du Hezbollah et donnant des conseils pour la période à venir...
Pour toutes ces raisons, les observateurs indépendants estiment qu’aussi bien Joseph Aoun que Gebran Bassil pouvaient considérer que l’heure est venue de tourner la page des dissensions entre eux.
D’ailleurs, dans les sujets évoqués lors de la rencontre d’hier, il est clair que leurs positions respectives ne sont pas éloignées, qu’il s’agisse de la nécessité d’exiger le retrait israélien des positions occupées au Liban, ainsi que l’arrêt des agressions israéliennes, avec le processus de remise des armes du Hezbollah à l’État, ou du dossier des déplacés syriens qui, selon Gebran Bassil, n’ont plus de véritable raison de rester au Liban, suite à la décision du président américain Donald Trump de lever les sanctions sur la Syrie... Dans ce contexte, la position du chef du CPL fait contrepoids à celle de celui des FL et renforce par conséquent celle du président de la République.
C’est dans ce sens que la rencontre de vendredi a donné l’image d’une « win-win situation » pour les deux parties. Il s’agit certes encore d’un premier contact et il est sans doute trop tôt pour parler de rapprochement. Mais cette rencontre peut aussi marquer le début d’un processus positif pour les deux camps et... pour le pays.
Une autre inexactitude dans votre article concerne la question Syrienne pour laquelle le CPL ne fait aucun contre poids aux FL , en fait il ne fait même pas le poids, car elles sont toujours a la tête du retour des réfugiés et de projets réalisés. D'ailleurs elles sont les seules a avoir pris des mesures dans les municipalités qu'elles contrôles contre les illégaux contrairement au CPL qui parle beaucoup mais ne délivre jamais rien. GB est un raté, comme son parti, qui se trouve noyé dans plusieurs scandales financiers et devra bientôt rendre des comptes pour ses méfaits.
14 h 36, le 07 juillet 2025