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Politique - Décryptage

Le Hezbollah répond... par des questions

L’étau se resserre autour du Hezbollah, le délai qui lui avait été accordé pour réfléchir sur l’idée de remettre ses armes à l’État est sur le point d’expirer et les responsables attendent ses commentaires à la réponse qu’ils ont l’intention de remettre à l’émissaire américain Thomas Barrack, attendu lundi à Beyrouth. Le Hezbollah a bien compris le message et tout en se déclarant ouvert à toutes les possibilités, il a décidé de poser à son tour des questions aux autorités libanaises.

Le parti affirme ainsi qu’il considère la réponse libanaise tout à fait acceptable, parce qu’elle repose sur la volonté de demander à Israël de respecter sa part de l’accord du 27 novembre, c’est-à-dire de se retirer des 5 positions occupées pendant les deux mois de guerre qui ont précédé l’accord et d’arrêter les attaques répétées contre le Liban qui s’élèvent à plus de 3 700 en près de sept mois.

Mais pour le Hezbollah, ces demandes claires ne sont toutefois pas suffisantes, car, selon lui, elles laissent beaucoup de questions en suspens. Il a donc décidé de passer d’une certaine façon à la contre-attaque, en sondant les autorités libanaises sur leurs intentions face à Israël. Selon des sources proches de cette formation, la principale question porte sur le fait de savoir quelle sera la position de l’État libanais, face à une nouvelle agression israélienne. Pour le Hezbollah, l’expérience avec Israël a montré que ce pays a des intentions agressives à l’égard de ses voisins et il ne respecte aucun accord, celui qu’il a lui-même conclu et ceux qui sont conclus entre des États de la région et des parties étrangères, notamment les États-Unis.

Si donc le Hezbollah remet ses armes à l’État libanais, comme celui-ci le lui demande sur la base de pressions externes, il estime avoir le droit de demander à ce dernier ce qu’il compte faire si les Israéliens lancent une attaque contre le Liban, sous n’importe quel prétexte, sachant qu’en général, ils ont rarement besoin de rendre compte de leurs actes. L’État libanais est-il prêt à riposter le cas échéant ? Ou bien continuera-t-il de miser sur les contacts diplomatiques qui jusqu’à présent n’ont pas été vraiment concluants ? À cet égard, le Hezbollah rappelle qu’il a été créé dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban en 1982, après le départ des combattants palestiniens – à leur tête Yasser Arafat – qui avaient été vaincus au Liban et étaient partis suite à des arrangements conclus par l’émissaire américain de l’époque Philip Habib. Le Hezbollah a donc été fondé tout simplement parce que l’État libanais et ses institutions n’ont pas agi contre l’occupation israélienne. Les autorités libanaises étaient au contraire en train de négocier avec Israël l’accord du 17 mai, alors que le Hezbollah qui n’était pas encore né officiellement commençait déjà sa « résistance ». Et si l’État libanais mise sur les contacts diplomatiques, le Hezbollah tient à rappeler que la résolution 425 adoptée après la première invasion israélienne du Liban jusqu’au Litani en 1978 qui exigeait le retrait « immédiat » des troupes israéliennes du Liban n’a été appliquée qu’en mai 2000, suite à l’action de la « résistance ». Selon le Hezbollah, l’expérience montre que les Israéliens ne réagissent que lorsqu’ils sont frappés. Ils ne craignent que la force. Et l’État devrait agir en conséquence. On peut alors lui demander si les armes qu’il a utilisées ont vraiment protégé le Liban, lors de la dernière guerre surtout avec la supériorité technologique et de renseignements des Israéliens. Le Hezbollah reconnaît que les Israéliens ont une grande supériorité dans ces domaines, mais cela ne signifie pas que ses armes ne leur font pas mal. Si ce n’était pas le cas, pourquoi insisteraient-ils tellement pour qu’il soit désarmé ? De plus, pourquoi exigent-ils que l’armée libanaise les détruise au lieu de les utiliser ?

En d’autres termes, le Hezbollah envisage la possibilité de remettre ses armes à l’armée, dans le cadre du projet de monopole des armes par l’État, mais il veut en même temps connaître quelle sera la stratégie de défense des autorités libanaises face à d’éventuelles agressions israéliennes, sous prétexte de l’existence de dépôts cachés ou d’intentions belliqueuses ou n’importe quelle autre justification, comme cela a été le cas en Syrie, lorsque les Israéliens ont bombardé des installations militaires après la chute du régime Assad. Il ne s’agit pas pour le Hezbollah de poser des conditions que d’obtenir une reconnaissance de son rôle et de sa démarche.

Selon des sources proches du parti, la discussion a d’ailleurs déjà commencé à ce sujet entre les représentants de la formation et ceux des autorités libanaises, notamment avec Baabda. À cet égard, le Hezbollah considère que l’approche du chef de l’État et de ses proches est tout à fait honorable et respectueuse, elle montre une parfaite connaissance de l’historique de la résistance et une volonté de ne pas la heurter. Mais cela n’empêche pas le Hezbollah de réclamer à son tour des précisions sur ce que compte faire l’État face à la menace israélienne qui devient, selon lui, de plus en plus clairement une menace stratégique. Dans le sud du Liban comme à Gaza, les Israéliens, selon le Hezbollah, ne seraient tranquilles que s’ils parviennent à chasser les habitants, soit pour les remplacer par d’autres qui ne constituent pas une menace pour eux, soit pour créer une nouvelle bande frontalière comme celle qui a existé pendant des années sous le contrôle de l’Armée du Liban-Sud. Ils estiment d’ailleurs actuellement avoir le champ libre pour exécuter de tels projets, et le Hezbollah voudrait donc savoir comment les autorités libanaises pourraient réagir face à de tels projets.

D’un côté, il se montre donc ouvert à l’idée de remettre ses armes à l’État, surtout les missiles de longue portée qui n’ont d’ailleurs pas été déterminants au cours de la dernière guerre, mais en contrepartie, il demande des explications sur « la stratégie de défense de l’État libanais », par laquelle il se sent concerné... À ceux qui estiment qu’il s’agit d’une nouvelle manœuvre de sa part pour gagner du temps, le Hezbollah répond qu’il coopère avec les autorités, mais par respect pour la mémoire de ses martyrs, et à leur tête Hassan Nasrallah, il a le devoir de poser des questions sur l’avenir.

L’étau se resserre autour du Hezbollah, le délai qui lui avait été accordé pour réfléchir sur l’idée de remettre ses armes à l’État est sur le point d’expirer et les responsables attendent ses commentaires à la réponse qu’ils ont l’intention de remettre à l’émissaire américain Thomas Barrack, attendu lundi à Beyrouth. Le Hezbollah a bien compris le message et tout en se déclarant ouvert à toutes les possibilités, il a décidé de poser à son tour des questions aux autorités libanaises. Le parti affirme ainsi qu’il considère la réponse libanaise tout à fait acceptable, parce qu’elle repose sur la volonté de demander à Israël de respecter sa part de l’accord du 27 novembre, c’est-à-dire de se retirer des 5 positions occupées pendant les deux mois de guerre qui ont précédé l’accord et...
commentaires (14)

Ce ne sont pas les FL mais l'armée libanaise qui a empêché les syriens et les miliciens d'Obeika de rentrer dans Ashrafieh. J'étais avec

C.D.R

16 h 53, le 05 juillet 2025

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Commentaires (14)

  • Ce ne sont pas les FL mais l'armée libanaise qui a empêché les syriens et les miliciens d'Obeika de rentrer dans Ashrafieh. J'étais avec

    C.D.R

    16 h 53, le 05 juillet 2025

  • Le Hezbollah a 2 ministres au gouvernement. S’il a quoi que ce soit dont il a besoin c’est à travers ses ministres et son groupe parlementaire qu’il doit l’exprimer. Il n’y a rien à négocier autre que du délai de la remise de ses armes à l’état. Le reste est du ressort du gouvernement en place que ce soit les décisions de guerres et de paix, de la reconstruction, de sa politique étrangère, du choix de ses options économiques et ou politique, etc… Ce n’est pas aux partis de négocier hors des institutions de l’état des affaires qui affectent tout le monde. Terminé tout le monde circule !

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 51, le 04 juillet 2025

  • N’en déplaise à certain fanatique au cerveau lavé a l’eau de javel Israël est le seul pays de la région qui respecte ses engagements. Elle a fait la paix avec la Jordanie et l’Egypte et pas une broutille à reporter. Il y avait un cessez le feu avec la Syrie pas une entorse à se reprocher. A voir le résultat du dernier conflit ce n’est surement pas la puissance militaire syrienne qui lui faisait peur cette dernière étant incapable de pénétrer Achrafieh, Zahleh, Billa ou Fayyadiyeh défendues par les FL. Ca c’était de la résistance LIBANAISE pas des chimères Hezbollah à la sauce iranienne !

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 51, le 04 juillet 2025

  • L’accord du 17 Mai assurait au Liban un retrait total de ses territoires dans le respect de sa souveraineté lui redonnant son indépendance politico-militaire ? Pourquoi le Hezbollah l’a-t-il combattu alors que les Chiites avaient accueilli Tsahal avec des fleurs et du riz espérant avoir enfin la paix ? Pourquoi en 1988 le Hezbollah a-t-il collaboré avec Israël pour réduire le mouvement Amal a un sbire de seconde catégorie ? Pourquoi a-t-il dilapidé la seconde chance offerte au Liban en 2005 de reconstruire le pays ensemble ? C’est aux Libanais à lui poser des questions et pas l’inverse !

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 51, le 04 juillet 2025

  • L’article dévoile l’étendue des mensonges du Hezbollah. Je cite : « Selon le Hezbollah, l’expérience montre que les Israéliens ne réagissent que lorsqu’ils sont frappés ». Les faits: 1978, invasion du Liban après le massacre sur les côtes de Tel Aviv. 1982, invasion après des semaines de bombardements par les Palestiniens sur le nord d’Israël et attentat contre un diplomate Israélien. 2006, invasion après l’enlèvement de militaires Israéliens et nous connaissons la dernière agression du Hezbollah. Si Israël ne réagit qu’aux agressions comment leur rhétorique plaide-t-elle le contraire ?

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 50, le 04 juillet 2025

  • EN TANT QUE GRAND CHEF SPIRITUEL DE LA COMMUNAUTE CHIITE, LE MUFTI KABALAN A TOUT LE DROIT DE SE SOUCIER POUR SA BERGERIE ET DES CONSEQUENCES QU,IL PREVOIT DE L,IMMIXION ET DES ULTIMATUMS DE PARTIES NON LIBANAISES ET D,AVISER LES AUTRES PARTENAIRES DANS LE PAYS. FAUT PRENDRE AU SERIEUX SON AVIS. HORS DU JEU LES ETRANGERS.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EN PERIL.

    09 h 41, le 04 juillet 2025

  • AVEC VOTRE PERMISSION MADAME SCARLETT HADDAD. MERCI. ....... =DU MUFTI KABALAN L,AVIS, -DOIT ETRE SERIEUSEMENT PRIS. -IL EST DE TOUT DROIT ET MERITE, -DE LA COMMUNAUTE CHIITE, -L,ULTIME CHEF SPIRITUEL. -ET SON SOUCIS EST NATUREL. -IL FAUT COMPRENDRE BIEN NOS FRERES. -APRES OCCUPATION ET GUERRES. -ILS ONT PEUR POUR LEUR ENTITE, -DES ULTIMATUMS ETRANGERS. -PUISQUE TAXES DE TERRORISTES, -*PAR DES ETATS VRAIS TERRORISTES*. -

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EN PERIL.

    09 h 39, le 04 juillet 2025

  • La porte parole francophone officielle du Hezbollah s’est exprimée. C’est son droit quoi que personne n’est dupe des inepties écrites dans cet article.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 10, le 04 juillet 2025

  • Gaby Nasr l'a bien pense et ecrit : C comme si s'etait a la milice iranienne de questionner les intentions de l'ETAT Libanais, son armee & la FINUL ! beau decryptage s'il en faut !

    L’acidulé

    09 h 07, le 04 juillet 2025

  • ""en sondant les autorités libanaises sur leurs intentions"" ""Pour le Hezbollah, l’expérience avec Israël a montré que ce pays ne respecte aucun accord,"" "Si donc le Hezbollah remet ses armes à l’État libanais, comme celui-ci le lui demande sur la base de pressions externes, il estime avoir le droit de demander à ce dernier ce qu’il compte faire si les Israéliens lancent une attaque contre le Liban"" alors que la seule chose a ecrire est que leurs armes ont prouve etre INUTILES&donc tt ce qui precede n'est que de bavardage hypocrite!

    L’acidulé

    09 h 06, le 04 juillet 2025

  • Qu’Israël, tout comme le Hezbollah ne respecte pas les accords qu’il a lui-même signés, est un fait indéniable. Cependant, il faut remarquer que toutes les attaques israéliennes contre l’ont été en riposte à des agressions venues du Liban. Le désarmement de « toutes les milices libanaises et non libanaises » tel que prévu par l’accord de Taëf et la résolution 1559 ôterait à Israël toute raison (ou tout prétexte) pour intervenir au Liban. La question posée par le parti chiite au gouvernement n’a donc pas de sens. Le meilleur moyen pour le Liban de vivre en paix, c’est … de faire la paix !

    Yves Prevost

    07 h 29, le 04 juillet 2025

  • En fait le hezbollah pose des questions sur l’avenir. Mails il oublie une chose essentielle, le présent ! A part son public d’illuminés, les Libanais de tous bords sont contre lui, et pour cause ! Ses armes ont servi contre nous bien plus que contre Israël. Le vaincu ne pose pas de conditions. Sauf s’il veut continuer à vivre sous la tente, les poches vides, caché dans des sous-sols, et sous une pluie de bombes. Alors libre à lui. L’Etat est obligé de tenir ses promesses. Les guerres stupides et perdues c’est fini et la milice armée iranienne c’est terminé. Quel qu’en soit le prix.

    Goraieb Nada

    05 h 41, le 04 juillet 2025

  • Madame Haddad, Vous rapportez la "principale question" de Hezbollah qui " porte sur le fait de savoir quelle sera la position de l’État libanais, face à une nouvelle agression israélienne". Un parti politique peut poser toutes les questions au gouvernement, qu’il soit représenté ou non, dans ce gouvernement. Aucun parti politique ne peut mettre son "veto" sur une décision de l’Etat, c’est à dire le gouvernement. une

    Tony Nakhle

    04 h 26, le 04 juillet 2025

  • Marre de votre chantage ! Si vous continuez à imposer vos conditions, vous ne verrez jamais la couleur de l'aide financière ! BASTA !

    CHALHOUB Liliane

    00 h 47, le 04 juillet 2025

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