La Grotte aux pigeons de Raouché, vue après la couverture du prénom « Sara » tagué au noir sur la roche. 3 juillet 2025. Photo Lilia Geha/L'Orient-Le Jour
Sur les falaises de la côte ouest de Beyrouth, à Raouché, promeneurs et touristes affluent pour se photographier devant l’emblématique Grotte aux pigeons. Pourtant, en y regardant de plus près, une tache se distingue, rompant l’uniformité naturelle du rocher sur l’un de ses flancs : le prénom « Sara » y a été inscrit en grandes lettres noires, la semaine dernière.
Le graffiti, apposé sur la face droite du rocher, est ainsi resté visible pendant cinq jours, avant qu’une opération de camouflage ne soit entreprise. L’identité de l’auteur, tout comme les motivations derrière ce geste, restent pour l’heure inconnues.
Alertée, une équipe dépêchée par les pompiers de Beyrouth a tenté de dissimuler l’inscription. L’un des membres, qui a souhaité garder l’anonymat, explique à L’Orient-Le Jour les précautions prises lors de l’intervention : « Nous avons choisi de recouvrir le tag avec une teinte aussi proche que possible de la couleur du rocher. Celui-ci ayant déjà absorbé la peinture noire, nous n’avions pas d’autre choix que d’atténuer visuellement l’inscription. » Il précise que l’usage d’un jet d’eau à haute pression aurait pu être envisagé dans d’autres circonstances « mais cela risquait d’endommager davantage la roche déjà fragilisée ».
La formation rocheuse de Raouché est composée de calcaire, une pierre poreuse particulièrement vulnérable à l’érosion. Contactée, la géologue Soumaya Maasri explique que le calcaire « est une roche carbonatée, sensible, qui présente une interaction majeure avec son entourage et qui s’altère facilement ». Et de commenter : « Mais au-delà de sa sensibilité géologique, ce site est un patrimoine du Liban, nécessitant protection et valorisation. »
Au Liban, les graffitis peuvent être assimilés à des actes de dégradation lorsqu’ils concernent les espaces publics ou les biens patrimoniaux. C’est au ministère de l’Intérieur qu’il revient de traiter ce type d’infraction, considérée comme une atteinte à l’espace public. Contacté par le média local This is Lebanon, Ahmad al‑Hajjar, ministre de ce portefeuille, a confirmé avoir pris en charge ce dossier.
J’espère qu’il trouverons le responsable et qu’il soit mis en prison. On doit s’assurer que les mêmes lois soient appliquées qu’en Europe pour les gens qui écrivent sur les monuments là bas.
05 h 47, le 05 juillet 2025