Édito édito

Attentes

« Toute attente est trop longue pour celui qui est pressé. » (Sénèque)

Le triumvirat qui tient les rênes de l’État libanais est confronté, depuis l’accession du général Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination de Nawaf Salam à la présidence du Conseil, à des guerres incessantes et aux remontrances permanentes du gendarme américain qui s’arroge le droit de distribuer ses injonctions aux dirigeants libanais, comme au temps du haut-commissaire, sans le moindre respect à l’égard de la souveraineté du pays. Que l’Uncle Sam veuille à tout prix le désarmement immédiat et total du Hezbollah, cela peut se comprendre – sachant toutefois que ce désir est moins dicté par sa volonté de restaurer l’autorité de l’État libanais comme il le prétend, que par son souci de satisfaire l’État hébreu, si impatient d’anéantir le parti de Dieu qu’il ne se gêne pas de violer chaque jour l’accord de cessez-le-feu. Mais son attitude arrogante consistant à enjoindre à l’armée libanaise – qu’il s’obstine à ne pas équiper convenablement – de procéder sur-le-champ à ce désarmement témoigne d’une méconnaissance totale du rapport de forces sur le terrain et d’une ignorance de l’importance de la communauté chiite au sein de la société libanaise dont elle fait partie intégrante, comme viennent de le prouver les résultats des élections municipales. Ce qui est encore plus affligeant, c’est le gel systématique, sur ordre de l’administration Trump, de toutes les aides arabes et occidentales destinées à sortir le Liban de la crise qui l’étouffe et à relancer son économie moribonde.  Or ce donnant-donnant qui s’apparente à du chantage ne peut que paralyser davantage encore l’État libanais à qui l’on demande de « faire le ménage » alors qu’on le sait exsangue. En outre, les voix qui exhortent le Liban à conclure la paix ou la normalisation avec l’État hébreu manquent singulièrement de psychologie, car comment demander à un pays dont le Sud a été ravagé par l’ennemi et qui subit toujours ses massacres d’effacer d’un coup de gomme le sang des victimes et d’oublier en un clin d’œil des années d’agressions ? Pour être réalistes, ces voix devraient plutôt envisager la neutralité du Liban, récemment analysée par le professeur Joseph Maïla lors d’une brillante conférence donnée à l’Ordre des avocats de Beyrouth…

Cela dit, force est de constater que la population libanaise s’impatiente et s’aperçoit que les premiers mois du nouveau régime n’ont pas encore donné les effets escomptés (hormis quelques nominations sporadiques), tant au niveau économique qu’au niveau social, sans compter la refonte législative et la restructuration administrative. Tétanisé par les blâmes des Américains, privé des aides promises à cause de leur veto, déstabilisé par les conflits régionaux, de Gaza à l’Iran en passant par la Syrie, l’exécutif donne l’impression de pédaler dans le vide et de sacrifier le changement attendu sur l’autel de la gestion des crises.

Or, il est grand temps que la montagne accouche de réformes. Pas de souris.


« Toute attente est trop longue pour celui qui est pressé. » (Sénèque)Le triumvirat qui tient les rênes de l’État libanais est confronté, depuis l’accession du général Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination de Nawaf Salam à la présidence du Conseil, à des guerres incessantes et aux remontrances permanentes du gendarme américain qui s’arroge le droit de distribuer ses injonctions aux dirigeants libanais, comme au temps du haut-commissaire, sans le moindre respect à l’égard de la souveraineté du pays. Que l’Uncle Sam veuille à tout prix le désarmement immédiat et total du Hezbollah, cela peut se comprendre – sachant toutefois que ce désir est moins dicté par sa volonté de restaurer l’autorité de l’État libanais comme il le prétend, que par son souci de...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut