
Des frappes sur les hauteurs de la région de Nabatiyé, au Liban-Sud, le 27 juin 2025. Photo obtenue par Mountasser Abdallah
Une femme a été tuée et 21 personnes blessées, vendredi en fin de matinée, dans la région de Nabatiyé au Liban-Sud, qui a été lourdement frappée par l'aviation israélienne.
Un tir de drone sur les étages supérieurs d'un immeuble à appartements de Nabatiyé el-Faouqa a ainsi tué une femme, identifiée comme étant Afaf Chahrour, et fait 14 blessés, selon les informations de notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah, et un bilan préliminaire publié par le ministère de la Santé. La victime, qui habite normalement en Allemagne, était arrivée quelques jours plus tôt au Liban en visite.
Peu avant, les forces israéliennes avaient mené une vingtaine de bombardements aériens sur des zones boisées des hauteurs de la région de Nabatiyé. Ces raids, une quinzaine en 20 minutes, ont fait sept blessés légers, selon le ministère de la Santé. Ils ont visé la zone dite des collines de Ali al-Taher, située à l’est de Nabatiyé el-Faouqa et de Nabatiyé, et la colline de al-Tahra, rapporte notre correspondant. Les habitants de Nabatiyé el-Faouqa ont ensuite signalé que de nombreuses explosions étaient encore entendues dans les zones ciblées après la fin présumée des raids, sans que l'on sache si elles étaient provoquées par des explosions de dépôts de munitions ou des bombes encore larguées par l'armée israélienne.
Un « projet souterrain du Hezbollah »
Peu après les frappes sur le Liban-Sud, l’armée israélienne a déclaré avoir attaqué « un site utilisé pour gérer les systèmes d'incendie et de protection du Hezbollah », faisant « partie d'un projet souterrain qui a été mis hors service suite à des raids de l’armée israélienne dans la zone », précise le message du porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee. L’armée aurait « détecté des tentatives de reconstruction, et les infrastructures terroristes de la zone ont donc été attaquées » explique l'armée. Dans un second message, le porte-parole a démenti avoir visé un « bâtiment civil ». Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a souligné, que selon ses « informations », l'immeuble aurait été touché par un « obus qui se trouvait sur le site visé dans les premières frappes, qui aurait été propulsé et aurait explosé ». Il a réitéré ses accusations contre le Hezbollah qui selon lui « stocke des obus à proximité d'habitations » et tenu le gouvernement libanais pour « responsable, dans la mesure où il n’a pas saisi les armes lourdes et les obus du Hezbollah. »
Selon des personnes présentes dans la région, lors de cette nouvelle campagne de frappes, les maisons et le sol se sont mis à trembler, tandis que les vitres de certaines des maisons ont volé en éclats. « Je me cache avec mon frère dans le couloir de notre maison parce que c'est l'endroit le plus sûr », a raconté de son côté Dana*, une habitante de Nabatiyé, à L'Orient-Le Jour. « Où est le Premier ministre [Nawaf Salam] ? Et le président [Joseph Aoun] qui ne cesse de répéter qu'il veut protéger les habitants du Sud ? »
Dans un communiqué, M. Salam « a condamné fermement les agressions israéliennes dans les environs de Nabatiyé, qui constituent une violation flagrante de la souveraineté nationale et des dispositions de cessation des hostilités conclues en novembre dernier. » Il a précisé, sur son compte X, que ces frappes représentent « une menace pour la stabilité que nous tenons à préserver ». Emboîtant le pas à son Premier ministre, le président Joseph Aoun a condamné les frappes sur «des habitants innocents (...) et la poursuite par Israël de ses violations de la souveraineté du Liban et de l’accord de novembre 2024», rapporte le compte de la présidence sur X. « Israël continue de faire fi des résolutions et des appels régionaux et internationaux à cesser la violence et l’escalade dans la région » a-t-il ajouté, estimant que cela « nécessite une action efficace de la part de la communauté internationale pour mettre un terme à ces agressions qui ne servent pas les efforts déployés en vue de consolider la stabilité au Liban et dans les pays de la région », selon le message.
« Nabatiyé ne ressemble plus à Nabatiyé »
« Nous avons tous sursauté en entendant le son des avions et des bombes. Mais nous sommes habitués maintenant », a pour sa part confié à L’OLJ Maya, une autre habitante de Nabatiyé dont la maison fait face à l’une des collines bombardées par l’aviation israélienne. « J’ai l’impression que cette situation ne finira jamais. Israël peut bombarder, occuper et exproprier des gens où il veut, quand il le veut… sans que personne ne lui dise rien », déplore la professeure de 37 ans. « Nous avons besoin d’une armée libanaise forte, capable de nous protéger contre les plans israéliens. Mais le problème, c’est qu’il n’y a pas d’équilibre des forces », estime-t-elle.
Ali Hachem, qui travaille comme livreur, a indiqué à notre publication qu'il s'était précipité de Saïda vers le site de la frappe à Nabatiyé, pour y retrouver sa petite amie qui y habite. « Elle a été très traumatisée par la guerre, alors je suis allé là-bas pour être là pour elle », explique-t-il. Avant de lâcher : « Nabatiyé ne ressemble plus à Nabatiyé. »
Trois maisons « piégées » à Khiam
Par ailleurs, dans la soirée, l’armée israélienne a menacé de faire exploser trois maisons situées dans le quartier sud de Khiam (caza de Marjeyoun), vers lesquelles elle s’était infiltrée plus tôt et qu’elle avait piégées. Elle en a informé la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) ainsi que l’armée libanaise, par l’intermédiaire du comité de surveillance de l’application du cessez-le-feu. Selon les informations de notre correspondant, après avoir inspecté les trois maisons en question, les équipes du régiment du génie de l’armée libanaise ont constaté que l’une d’elles avait effectivement été détruite, tandis que les deux autres ne contenaient aucun explosif.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’armée israélienne avait déjà mené plusieurs attaques, larguant par des drones trois bombes sur le quartier « Chouat » de Aïta el-Chaab (caza de Bint Jbeil), deux après 22h00 et une après 23h00. Deux tirs d’artillerie avaient également visé cette localité, peu après 22h00, selon les informations de notre correspondant. Des tirs de mitrailleuse israéliens avaient visé les abords de Kfar Kila (caza de Marjeyoun), et un obus d’artillerie a ciblé la colline Haramoun (caza de Bint Jbeil). À 02h00 du matin, l’armée israélienne a procédé à une opération de ratissage avec des mitrailleuses moyennes depuis le site militaire du « Radar » en direction des abords de la localité de Chebaa (caza de Hasbaya).
Ces violations israéliennes du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024, après 13 mois de guerre entre le Hezbollah et l'armée israélienne, se poursuivent quotidiennement au Liban-Sud. L'accord prévoyait notamment un mécanisme de supervision des modalités de la trêve par un comité international, qui est composé de représentants de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), d'Israël, du Liban, de la France et des États-Unis qui président le groupe. Un nouveau général français a dans ce contexte été nommé au sein de ce comité, Valentin Seiler, qui a pris ses fonctions jeudi et remplacera le général Guillaume Ponchin.
Les propositions américaines
En ouverture du Conseil des ministres, le chef du gouvernement Nawaf Salam a présenté les grandes lignes de la visite à Beyrouth plus tôt ce mois de l’émissaire américain Thomas Barrack, qui avait transmis une série de propositions visant à mettre en œuvre les arrangements sécuritaires liés au cessez-le-feu. Ces propositions ont été discutées plus tôt dans la journée avec le président de la République Joseph Aoun et seront soumises au président du Parlement Nabih Berry, dans le cadre de consultations internes, en amont d’un éventuel vote en Conseil des ministres.
Interrogé sur les propositions américaines, le ministre de l’Information Paul Morcos n’a pas souhaité en dévoiler les détails, rappelant que « le gouvernement s’en tient à sa déclaration ministérielle » et qu’Israël « doit se retirer des cinq points encore occupés et cesser ses attaques ». « Ensuite, l’armée pourra se déployer et le Liban remplir ses engagements », a-t-il ajouté.
À la question de savoir si une séance du gouvernement serait consacrée à la question du désarmement, M. Morcos a répondu : « Si les concertations politiques aboutissent à une décision, le Conseil des ministres s’en saisira, conformément à l’article 65 de la Constitution. » « Cela pourrait prendre quelques semaines. Cela dépendra des concertations menées par le Premier ministre, qui rencontrera demain le président de la Chambre », a-t-il précisé. L’article 65 de la Constitution libanaise encadre les pouvoirs du gouvernement et détermine les règles de vote selon la nature des décisions.
iSRAEL a visé un dépôt d'armes et de munitions. C'est la faute de qui?? Oui des mollusques du régime libanais qui ne font rien hormis tourner autour du pot sans aborder "fortement, sérieusement et d'une main de fer" le sujet du désarmement des milices. Si notre armée ne fait pas le boulot?? Eh bien Israel va le faire...Alors ASSUMEZ VOS RESPONSABILITES svp et faites VOTRE boulot. Pas la peine que des étrangers viennent faire le boulot à la place de notre armée Libanaise. Déception totale...Au final, le AOUN ACTUEL ressemble au AOUN orange...NE RIEN FAIRE SEMBLE LEUR SEULE MOTIVATION
16 h 25, le 27 juin 2025