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Campus - Initiative

À l’AUB, le programme Next Step change la vie des jeunes en situation de handicap

Pensé pour favoriser l’autonomie, l’inclusion sociale et l’accès à l’emploi, ce programme universitaire s’adresse à des jeunes adultes porteurs de déficiences intellectuelles et leur ouvre des perspectives concrètes d’avenir.

À l’AUB, le programme Next Step change la vie des jeunes en situation de handicap

Next Step forme les participants à leurs droits, à leur sécurité et aux compétences-clés pour une vie autonome. Photo AUB

Souriant, Mohammad Jaafar semble très fier de sa vie et de l’adulte qu’il est devenu aujourd’hui. L’homme, âgé de 47 ans, est surtout extrêmement heureux de pouvoir enfin décrocher son diplôme à la cérémonie prévue le 3 juillet… et de passer à la prochaine étape de sa vie et réaliser son rêve de toujours : voler de ses propres ailes et vivre de manière autonome. Une récompense amplement méritée, d’autant plus qu’elle vient couronner trois ans de formation au sein du programme Next Step à l’Université américaine de Beyrouth (AUB). Des années pendant lesquelles il a persévéré et appris, grâce à l’accompagnement personnalisé et adapté d’une équipe pluridisciplinaire, à gagner en autonomie, à se préparer à faire son entrée sur le marché de l’emploi et à acquérir des compétences de vie essentielles pour devenir une personne indépendante, confiante et productive au sein de la communauté.

Ce n’est qu’il y a quatre ans que sa famille a découvert le programme Next Step. En dépit des nombreux défis qu’il a dû affronter dans sa vie, Mohammad, plus fort que son handicap qui le rend « vulnérable » et « dépendant » au regard des autres, a rejoint le programme avec l’espoir de devenir un jour un membre actif de la société. « Je suis très content d’être avec mes amis à l’AUB. J’aime mes enseignantes. J’affectionne tout particulièrement le professeur d’art qui m’a aidé à découvrir des talents cachés en moi », rétorque-t-il lorsqu’on l’interroge sur ce qu’il a le plus apprécié pendant son cursus. « J’ai travaillé dans un salon de coiffure. J’ai aussi effectué un stage à l’hôtel Radisson Blu à Verdun. J’ai travaillé à la réception, au restaurant et dans la cuisine », raconte-t-il. Cette insertion professionnelle a été rendue possible grâce à l’encadrement et au soutien de ses enseignants.

Lama Wattar fait quant à elle partie de la première cohorte du programme Next Step et a été diplômée en 2020. Elle siège aujourd’hui au conseil d’administration de l’Association libanaise de la trisomie 21 (LDSA). Elle y travaille également en tant que responsable de la saisie de données. Lama avoue avoir gagné en assurance et en confiance après avoir participé au programme Next Step. « Le programme m’a aidée à renforcer mes compétences de vie, à gagner en confiance, à devenir autonome et à apprendre comment être une employée productive. La formation m’a aidée à consolider mes compétences en anglais. J’ai aussi appris l’informatique, mais j’ai surtout aimé le cours d’art dramatique », raconte-t-elle.

Lancé en 2016 sous l’égide du centre d’éducation continue de l’Université américaine de Beyrouth, le programme a pour objectif d’aider les jeunes et les adultes présentant différentes déficiences intellectuelles à acquérir de l’autonomie et à construire leur propre chemin de vie, comme le souligne Mona Agha Maktabi, directrice du programme. « Il s’agit d’un programme universitaire inclusif d’orientation académique et professionnelle, basé sur le modèle américain d’éducation centrée sur la vie, mais adapté à la culture et aux besoins des étudiants », indique-t-elle.

Étalé sur trois ans, il leur fournit par ailleurs une formation fonctionnelle et professionnelle, et par conséquent les connaissances et compétences nécessaires pour devenir des individus efficaces, autonomes et productifs dans des carrières correspondant à leurs goûts et à leurs forces, en mettant particulièrement l’accent sur les compétences de vie quotidienne, communautaires, personnelles et sociales.

« À travers des séances interactives et centrées sur l’étudiant, nous les éduquons à leurs droits, à leur sécurité, à la manière d’agir dans différentes situations et à se protéger. Nous leur enseignons également à résoudre certains problèmes, à contrôler leurs émotions, ainsi que tout ce qui concerne la vie quotidienne », explique de son côté Markella Assaad, éducatrice spécialisée au sein du programme.

La partie orientation professionnelle du programme cible toutes les compétences liées à l’emploi. Ainsi, ces jeunes effectuent deux jours par semaine et par groupe de quatre des stages ainsi qu’une immersion professionnelle de 9 à 12 heures, avec des rotations dans différentes entreprises leur permettant de se confronter au monde réel de l’emploi. Toutefois, contrairement aux jeunes universitaires, ils bénéficient d’un encadrement assuré par une directrice de stage – l’éducatrice spécialisée – qui veille au bon déroulement de cette mise en situation en milieu professionnel.

Des discriminations persistent

D’abord peu convaincus que les personnes handicapées ont toute leur place dans l’entreprise, les responsables sont aujourd’hui de plus en plus enclins à accueillir les personnes ayant une déficience intellectuelle au sein de leurs structures, notamment après l’introduction du concept de RSE (responsabilité sociale des entreprises). « Malgré cette amélioration, beaucoup de progrès restent à faire, surtout que l’accès à l’emploi reste relativement limité », précise Mona Maktabi, avant de souligner que « même lorsqu’ils sont recrutés, ces individus sont parfois sous-payés ».

C’est pourquoi un conseiller emploi accompagne les étudiants embauchés sur leur lieu de travail une à deux fois par mois pour s’assurer qu’ils appliquent bien toutes les compétences acquises durant les trois années du programme.

« Malheureusement, il existe une idée reçue dans notre société selon laquelle ces personnes ne seront jamais productives et pourraient être dangereuses. Pourtant, lorsqu’on apprend à les connaître et à travailler avec elles, on réalise qu’elles sont parmi les personnes les plus transparentes, aimantes et attentionnées », insiste-t-elle.

« Vous n’imaginez pas à quel point nos étudiants étaient heureux lorsqu’ils ont eu l’opportunité de voter aux élections municipales, il y a quelques semaines ! Pendant les périodes de Noël et de ramadan, ils étaient tellement fiers de préparer et de distribuer des colis alimentaires aux personnes dans le besoin. Cela leur a permis de ressentir qu’ils contribuent à la société, tout comme les autres citoyens », a-t-elle encore ajouté, soulignant au passage qu’un des défis auxquels ils font face dans leur travail réside dans le fait que « certains parents eux-mêmes ne croient pas aux capacités de leur fils ou de leur fille ».

« Même lorsqu’ils y croient, ils ont parfois peur de les inscrire en entreprise après leur diplôme, pensant que la société ne les traitera pas équitablement », déplore-t-elle.

Malheureusement, et rien qu’à titre d’exemple, certaines compagnies d’assurances refusent de souscrire des polices d’assurance aux personnes à besoins spécifiques alors que les banques leur refusent parfois le droit d’ouvrir un compte. Il y a à peine quelques semaines, le ministre de la Santé publique, le Dr Rakan

Nassereddine, leur a accordé une couverture médicale dans les établissements de santé publique. C’est dire le long chemin qu’il reste encore à faire.

Souriant, Mohammad Jaafar semble très fier de sa vie et de l’adulte qu’il est devenu aujourd’hui. L’homme, âgé de 47 ans, est surtout extrêmement heureux de pouvoir enfin décrocher son diplôme à la cérémonie prévue le 3 juillet… et de passer à la prochaine étape de sa vie et réaliser son rêve de toujours : voler de ses propres ailes et vivre de manière autonome. Une récompense amplement méritée, d’autant plus qu’elle vient couronner trois ans de formation au sein du programme Next Step à l’Université américaine de Beyrouth (AUB). Des années pendant lesquelles il a persévéré et appris, grâce à l’accompagnement personnalisé et adapté d’une équipe pluridisciplinaire, à gagner en autonomie, à se préparer à faire son entrée sur le marché de l’emploi et à acquérir des...
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