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Sur le sable de Tel-Aviv, la jeunesse avide de retrouver son insouciance


En arrivant à Tel-Aviv, après 12 jours d'une guerre brutale avec l'Iran, Dorit Tzarum n'y croit pas: entre les sportifs qui exhibent leurs pectoraux bronzés et les apéritifs improvisés sur une plage bondée, "on se croirait en Californie", dit-elle.

A moins de 70 km de là, cette pieuse orthodoxe n'a pas quitté son appartement de Jérusalem, au rythme des alarmes et des missiles tirés sur Israël. En attendant de pouvoir à nouveau serrer son fils Yaïr dans ses bras, elle a scrupuleusement respecté les restrictions drastiques imposées par le gouvernement.

Assis sur un banc face à la mer, ils savourent ensemble le calme précaire retrouvé après l'annonce d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran mardi matin. Et veulent y croire.

"Nous sommes très heureux ce soir. Nous avons réussi, nous avons détruit la menace nucléaire iranienne - enfin, avec l'aide [du président américain] Donald Trump", sourit le fils, cuisinier dans un restaurant de la ville côtière, réputée pour ses nuits festives, la mode, la musique. "La vie peut reprendre".

Les autorités ont annoncé dans la soirée la levée de toutes les restrictions. Mercredi, les écoles rouvriront, le travail reprendra, les transports aussi.

"Je ne suis pas religieuse mais je prie pour ne plus entendre de sirènes, ne plus avoir à courir me cacher dans un abri", assure Yafit Sofi, 33 ans, entre deux gorgées de bière. 

"Nous voulons faire la fête, nous voulons vivre, retrouver notre insouciance... Mais combien de temps cela va durer? Quelle sera la prochaine guerre ?" demande la jeune femme. "Tellement de gens veulent nous tuer, tellement de pays veulent détruire Israël. Et à chaque fois, c'est pire".

Beaucoup des jeunes rencontrés par l'AFP se disent encore traumatisés par l'attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, et déclenché une guerre au cours de laquelle Israël s'est retrouvé à combattre sur de multiples fronts.

La guerre avec l'Iran a donné une nouvelle dimension à la menace extérieure. Contrairement aux roquettes du Hamas ou du Hezbollah, son allié libanais, les missiles balistiques iraniens se sont montrés plus difficiles à intercepter pour le système de défense antiaérien d'Israël, pourtant ultrasophistiqué. Et la métropole de Tel-Aviv, jusque-là plutôt épargnée, a été frappée à plusieurs reprises ces derniers jours.


- "Pas un jeu" -


"Au début, on avait l'impression que c'était un jeu, tout cela semblait irréel, on était à la plage et soudain, on courait dans les abris pour se cacher", raconte Dorothea Schupelius, 29 ans, en se promenant sur une corniche bordée de palmiers au coucher du soleil.

"Et puis non, ce n'était pas un jeu: de vraies personnes sont mortes", dit-elle en rappelant les "28 victimes" de tirs iraniens de ces derniers jours en Israël mais aussi les "plus de 600 morts" en Iran dans les bombardements israéliens. "Tout le monde a souffert".

De la famine qui sévit à Gaza, beaucoup plus proche, de ses dizaines de milliers de morts depuis le début du siège israélien, il y a plus de 20 mois, personne ne dit mot. Sauf pour évoquer les otages israéliens encore retenus dans le territoire palestinien. Ou des amis, des frères partis au front.

Noa Karlovsky est créatrice de mode. Dans son loft de Jaffa, au sud de Tel-Aviv, elle voit s'accumuler les robes de mariée cousues pour ses clientes. "Beaucoup de nos hommes sont à Gaza, et avec la guerre en Iran, encore plus de mariages ont été annulés", dit-elle tristement.

"On ne peut rien planifier, on ne contrôle plus vraiment nos vie. Nos dirigeants se font la guerre, mais nous sommes juste des pions. Je voudrais fonder une famille, mais je me demande si c'est une bonne idée", ajoute la trentenaire.

Omet Btami et Eyal Chen, 25 ans, préfèrent profiter de l'instant présent, sans trop penser à demain. "On fait confiance au gouvernement, et on espère que le cessez-le-feu va durer", s'amusent les deux amis torses nus, avant de retourner à leur partie de foot.

"De toute façon, on ne va pas attendre toute notre vie que la paix revienne pour de bon. Demain, vous verrez, tout le monde fera la fête", prophétise Noa. "Ici, la résilience n'est pas juste un mot".

cl/mj/def

© Agence France-Presse

En arrivant à Tel-Aviv, après 12 jours d'une guerre brutale avec l'Iran, Dorit Tzarum n'y croit pas: entre les sportifs qui exhibent leurs pectoraux bronzés et les apéritifs improvisés sur une plage bondée, "on se croirait en Californie", dit-elle.A moins de 70 km de là, cette pieuse orthodoxe n'a pas quitté son appartement de Jérusalem, au rythme des alarmes et des missiles tirés sur Israël. En attendant de pouvoir à nouveau serrer son fils Yaïr dans ses bras, elle a scrupuleusement respecté les restrictions drastiques imposées par le gouvernement.Assis sur un banc face à la mer, ils savourent ensemble le calme précaire retrouvé après l'annonce d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran mardi matin. Et veulent y croire."Nous sommes très heureux ce soir. Nous avons réussi,...