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Société - Justice

Arrêté pour possession d’un centre médical illégal, un ex-officier s’attire la sympathie de figures de Tripoli

L’établissement d’Amid Hammoud, dans la capitale du Liban-Nord, pratiquait des tarifs très bas qui lui valent le soutien de la rue et de personnalités de la ville, selon lesquelles l’arrestation aurait des dessous politiques.

La première juge d’instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, aux côtés du président de la République, Joseph Aoun. Photo FB

L’arrestation, vendredi dernier, d’un ex-colonel de l’armée, Amid Hammoud, par la première juge d’instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, pour possession d’un centre médical illégal, al-Salam, à Tripoli, a suscité des protestations dans la ville. Un sit-in a été organisé le jour même, sur la place al-Nour pour demander sa remise en liberté, tandis que plusieurs figures sunnites, de la même confession que M. Hammoud, voient dans cette détention des motivations politiques. Si ces personnalités de la ville reconnaissent que le centre est illégal, elles estiment toutefois qu’une telle infraction ne justifie pas une détention préventive. Des propos rejetés par une source judiciaire, qui affirme à L’Orient-Le Jour que l’ancien officier est mis en cause pour avoir enfreint plusieurs articles du Code pénal, notamment ceux liés à la violation des règles administratives imposant l’obtention d’une autorisation du ministère de la Santé, ainsi qu’à la loi sur les stupéfiants (achat et usage illégal d’anesthésiques) et au non-respect de l’éthique médicale.

Le dossier avait été transmis à la juge Nassar par le procureur général près la Cour d’appel de Tripoli, Ziad Chaarani, qui, selon nos informations, menait des investigations depuis mars dernier, suite à un dossier préparé par la direction régionale de la Sécurité de l’État au Liban-Nord. Le parquet d’appel a donné récemment ordre de fermer le centre après y avoir fait une perquisition. Un premier ordre de fermeture avait déjà été donné en 2018, puis en 2024, mais Amid Hammoud rouvrait à chaque fois son établissement, sans pouvoir obtenir une licence du ministère de la Santé.

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La dernière perquisition de la Sécurité de l’État a montré que des interventions chirurgicales étaient pratiquées dans ce centre, alors qu’il n’était pas équipé pour ce type d’actes médicaux. Il a également été constaté que des médecins syriens y exerçaient de manière illégale. En outre, des médicaments non conformes aux normes établies par le ministère de la Santé et l’Ordre des pharmaciens y étaient utilisés.

Cette perquisition a ainsi permis de constater que les salles d’opérations ne respectent aucune norme d’hygiène ou de sécurité sanitaire, avec la présence d’aiguilles, de traces de sang et en l’absence de matériel de stérilisation. Une quantité non négligeable de médicaments iraniens et syriens de contrebande non conformes aux normes aurait été saisie, ainsi que des substances narcotiques qui auraient été acquises de manière illicite, confie une source informée.

Au cours de l’enquête, des médecins et employés auraient nié savoir que le centre ne bénéficiait pas d’une autorisation d’exploitation, mais auraient reconnu que des opérations chirurgicales y étaient pratiquées, y compris des avortements. Selon nos informations, la juge Nassar a lancé un mandat d’arrêt par défaut pour exercice illégal de la profession contre un médecin syrien, en fuite actuellement. Elle compte, par ailleurs, se rendre mardi, dans les locaux du centre, dans le cadre de l’élargissement de son enquête.

Amid Hammoud, qui serait connu pour être un anti-Hezbollah, avait démissionné de l’armée en 2008, suite au coup de force de la milice chiite du 7 mai à Beyrouth et dans la montagne. Depuis, d’aucuns l’accusaient de faire un trafic d’armes et de mobiliser des jeunes pour combattre en Syrie, lors de la guerre civile dans ce pays.

Certains médias ont rapporté, à cet égard, que la juge d’instruction pourrait déférer le dossier de Amid Hammoud devant le tribunal militaire. Faux, assure une source judiciaire, selon laquelle le dossier médical reste entre les mains de la justice ordinaire, sauf si des éléments liés à un trafic d’armes ou d’autres actes militaires illégaux apparaissent, auxquels cas ceux-ci seraient dissociés de l’affaire principale et transmis au tribunal militaire.

« Aucune faute médicale »

Tout en reconnaissant que le centre n’est pas détenteur d’une licence d’exploitation fournie par le ministère de la Santé, une personnalité politique sunnite de la ville, interrogée par L’OLJ, se montre solidaire de Amid Hammoud. « L’infraction avait suivi le cours de la justice, aboutissant à la mise sous scellés du centre il y a plus d’un mois », affirme cette figure, se demandant « pourquoi le dossier a été ressorti et l’ex-colonel arrêté ». La source judiciaire précitée répond à cet égard qu’il s’agit pourtant de « la même procédure ». Affirmant connaître personnellement l’ancien colonel, le politicien salue un « activiste social » et un bienfaiteur ayant proposé des services médicaux à « des tarifs très bas » dont ont notamment bénéficié des Tripolitains sans moyens financiers, ainsi que des déplacés syriens ayant fui le régime Assad.

« Aucune faute médicale n’a jamais été détectée », argumente ce politicien, tandis que la source judiciaire citée plus haut indique qu’une telle allégation ne peut être vérifiée. « Il est aimé dans la ville », ajoute-t-il, notant qu’à l’annonce de son arrestation, « beaucoup de personnes ont participé au sit-in organisé par l’Association des ulémas musulmans ».

L’arrestation de Amid Hammoud a également été vivement critiquée par Achraf Rifi, député de Tripoli et ancien ministre, qui a dénoncé une justice à deux vitesses. « Les sunnites sont parmi les plus fervents défenseurs de l’État de droit et de la redevabilité. Mais si celle-ci n’est pas globale et ne concerne pas tout le monde, en particulier les grands escrocs, elle devient alors simplement un cirque ridicule », a-t-il écrit sur X.

L’arrestation, vendredi dernier, d’un ex-colonel de l’armée, Amid Hammoud, par la première juge d’instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, pour possession d’un centre médical illégal, al-Salam, à Tripoli, a suscité des protestations dans la ville. Un sit-in a été organisé le jour même, sur la place al-Nour pour demander sa remise en liberté, tandis que plusieurs figures sunnites, de la même confession que M. Hammoud, voient dans cette détention des motivations politiques. Si ces personnalités de la ville reconnaissent que le centre est illégal, elles estiment toutefois qu’une telle infraction ne justifie pas une détention préventive. Des propos rejetés par une source judiciaire, qui affirme à L’Orient-Le Jour que l’ancien officier est mis en cause pour avoir enfreint plusieurs articles du Code...
commentaires (4)

Sacré pays où ceux qui défendent soit disant la rectitude veulent faire des passe droit ...

Zeidan

22 h 45, le 24 juin 2025

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Commentaires (4)

  • Sacré pays où ceux qui défendent soit disant la rectitude veulent faire des passe droit ...

    Zeidan

    22 h 45, le 24 juin 2025

  • Pourquoi faut-il qu'a chaque fois on implique de suite le confessionalisme? Tout baignait dans l'illegalite. Il n'a qua obtenir les licenses requises. Tout simplement. Mr Rifi je suis un de vos admirateurs. La vous etes dans le tort. Si le pays est devenu un republique bananiere c'est parceque chacun attend de l'autre qu'il demontre son esprit civique. Nous resterons toujours dans la merde!

    sancrainte

    22 h 35, le 24 juin 2025

  • un autre riad salame... haro sur le baudet.... gracies les coupables les vrais !

    L’acidulé

    10 h 54, le 24 juin 2025

  • wow.....quel chaos on a.

    Marie Claude

    10 h 40, le 24 juin 2025

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