Les résidents d’un immeuble regardent par la fenêtre alors que des étudiants défilent le long d'une rue lors d’un rassemblement en soutien à l’arrestation du maire d’Istanbul, dans cette même ville, le 25 mars 2025. Photo d'illustration Angelos Tzortzinis/AFP
Un tribunal d'Istanbul a ordonné dimanche l'incarcération du journaliste turc Fatih Altayli, l'un des commentateurs politiques les plus populaires du pays, accusé de « menace » envers le président Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé ses avocats. Le journaliste, arrêté samedi soir, est suivi par 2,8 millions d'abonnés sur X et plus de 1,5 million d'abonnés sur YouTube, où il anime une émission quotidienne.
Commentant vendredi un sondage indiquant que quelque 70% des Turcs s'opposeraient à une présidence à vie de M. Erdogan, Fatih Altayli a rappelé que plusieurs sultans ottomans avaient fini « assassinés » ou « étranglés ». Un procureur a requis son placement en détention provisoire, affirmant qu'il avait par son commentaire menacé le président turc.
Lors de son audition, le journaliste a dit n'avoir fait que fournir des « éléments de contexte historique », sans volonté de menace, selon plusieurs médias d'opposition citant le procès-verbal. « Cette mentalité qui voit dans le journaliste un ennemi, intolérante à la critique, doit cesser », a réagi Erol Önderoglu, le représentant en Turquie de Reporters sans Frontières (RSF), affirmant que les propos de M. Altayli ont été « sortis de leur contexte » par la justice.
RSF classe la Turquie à la 159e place sur 180 de son classement de la liberté de la presse, entre le Pakistan et le Venezuela. Premier ministre de 2003 à 2014 avant d'être élu président, M. Erdogan, âgé de 71 ans, n'est pas autorisé par la Constitution turque à se représenter à l'issue de son mandat, qui expire en 2028.
Mais la convocation d'élections anticipées ou une réforme constitutionnelle pourrait permettre au président turc de se maintenir au pouvoir.