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Moyen-Orient - Reportage

À la frontière turque, des Franco-Iraniennes fuyant Téhéran racontent l'effroi

La France a conseillé à ses ressortissants de quitter Téhéran et jeudi, le ministre des Affaires étrangères a appelé les quelque 900 Français ou binationaux français présents à quitter l'Iran via l'Arménie ou la Turquie.

Un épais panache de fumée et de feu s'élève d'une raffinerie de pétrole dans le sud de Téhéran, après avoir été touchée par une frappe israélienne nocturne, le 15 juin 2025. ATTA KENARE / AFP

« Les deux premiers jours, ça allait. Les gens disaient que ça allait finir... Puis on a vu les fumées et entendu les bruits d'explosion », raconte à l'AFP Mehran Ataei, une Franco-Iranienne parvenue jeudi à la frontière turque depuis Téhéran.

La quinquagénaire, originaire de Paris, a fui la capitale iranienne mardi soir, au cinquième jour de la guerre entre Israël et l'Iran dans laquelle près de 250 personnes ont déjà péri, la plupart côté iranien, selon les bilans officiels.

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« C'était vraiment stressant parce que nous ne sommes pas parties ensemble et parce que la nuit de mardi à mercredi a été la pire qu'il y avait eu jusque-là à Téhéran », poursuit à ses côtés sa fille Lida Pourmomen, au poste-frontière turc de Kapiköy (est). « Quand ma mère est partie, on aurait dit qu'on était en train de fendre le ciel en deux. Je me suis dit +si ça se trouve, je ne la reverrai plus+ », confie la jeune femme de 27 ans, en chemise blanche et pantalon noir, racontant les « bruits en tout genre » résonnant dans la nuit.

« Ne pas bouger » 

Tout le week-end, la mère et sa fille avaient tenté de joindre l'ambassade de France à Téhéran, en vain, affirment-elles, avant d'y parvenir lundi.  « Jusqu'à avant-hier (mardi, NDLR), ils nous conseillaient de rester à Téhéran et surtout de ne pas bouger », indique la mère. « Si nous n'étions pas parties de notre propre initiative, je ne sais pas ce qu'il se serait passé... », ajoute-t-elle.

Sa fille ne décolère pas : « Ils ne nous ont donné aucune indication (...) J'ai demandé s'ils étaient en mesure de nous aider à passer la frontière et rentrer chez nous si on arrivait nous-mêmes à se rendre jusqu'à n'importe quelle frontière. Ils nous ont dit +non+ », affirme-t-elle.

La France a depuis conseillé à ses ressortissants de quitter Téhéran et jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé les quelque 900 Français ou binationaux français présents en Iran à quitter le pays via l'Arménie ou la Turquie. Le ministre a précisé que ceux « ne pouvant pas gagner la frontière arménienne ou la frontière turque par leurs propres moyens seront acheminés par convoi d'ici la fin de semaine ».

« Très brutal »  

Au poste-frontière, d'autres racontent la peur grandissante à Téhéran, que de nombreux habitants ont fui ces derniers jours. « Nous avons eu la guerre avant, mais celle-ci est terrible parce qu'elle est imprévisible et très brutale », raconte une Iranienne de 50 ans originaire de Melbourne, en Australie.

Cette pharmacienne, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, était arrivée à Téhéran vendredi, au premier jour des bombardements israéliens, afin de rendre visite à sa mère, hospitalisée en soins intensifs. « Les gens paniquent vraiment. Hier, l'internet s'est arrêté et deux grandes banques ont été piratées, si bien que les gens n'ont pas pu accéder à leur argent. Et il n'y a même pas assez de nourriture », affirme-t-elle. « Les gens (à l'extérieur de l'Iran, NDLR) attendent du peuple qu'il change le régime, mais il ne peut pas. Les gens sont paniqués et effrayés, et le régime est très brutal », poursuit-elle. « Nous savons que (le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali) Khamenei est la source du problème, mais Trump dit +je ne veux pas le tuer+. Si vous vouliez vraiment mettre fin à la guerre, pourquoi dire cela ? », s'interroge la pharmacienne.

Avant d'embarquer pour un trajet en autocar de plus de 1.500 km pour Istanbul, Ismail Rabie, un Iranien de 69 ans vivant à Londres, affirme lui aussi que le sort du régime iranien « dépend des Etats-Unis ou de l'Europe ». « S'ils veulent du changement, il y en aura. Mais s'ils n'en veulent pas, il n'y en aura pas », lâche le retraité.


« Les deux premiers jours, ça allait. Les gens disaient que ça allait finir... Puis on a vu les fumées et entendu les bruits d'explosion », raconte à l'AFP Mehran Ataei, une Franco-Iranienne parvenue jeudi à la frontière turque depuis Téhéran.La quinquagénaire, originaire de Paris, a fui la capitale iranienne mardi soir, au cinquième jour de la guerre entre Israël et l'Iran dans laquelle près de 250 personnes ont déjà péri, la plupart côté iranien, selon les bilans officiels. Lire aussi Guerre Iran-Israël : le Hezbollah peut-il refuser un ordre de Téhéran ? « C'était vraiment stressant parce que nous ne sommes pas parties ensemble et parce que la nuit de mardi à mercredi a été la pire qu'il y avait eu jusque-là à Téhéran », poursuit à ses côtés sa fille Lida Pourmomen, au...
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