Des partisans des Brigades du Hezbollah irakien participent à un rassemblement pour condamner l'attaque israélienne contre l'Iran dans la ville de Nasiriyah, dans la province de Dhi Qar, au sud de l'Irak, le 19 juin 2025. Photo d'illustration AFP/ASAAD NIAZI
Plusieurs milliers de manifestants irakiens, mobilisés à l'appel de l'influent dignitaire religieux Moqtada Sadr, se sont rassemblés vendredi à Bagdad et ailleurs dans le pays, pour fustiger la guerre d'Israël lancée sur l'Iran le 13 juin. Sur une large avenue du quartier pauvre de Madinet Sadr, protégés du soleil écrasant par une mer de parapluies, les manifestants ont d'abord pris part à la traditionnelle prière du vendredi, selon un correspondant de l'AFP.
« Non, non à l'Amérique, non, non à Israël ! », a scandé l'imam avant d'entamer son sermon, slogan repris en coeur par des fidèles. « Ce n'est pas une guerre pour le nucléaire », fustige le chauffeur de taxi de 54 ans Abou Hussein, dénonçant « la guerre du diable » contre la République islamique d'Iran. « C'est une guerre sans fondement, Israël et les Etats-Unis veulent contrôler le Moyen-Orient depuis toujours », accuse-t-il. « Il faut que l'Irak intervienne », plaide-t-il. « Avec les financements, avec les armes, apporter un soutien en manifestant ».
Dans la cité portuaire de Bassora, dans le sud, près de 2.000 manifestants se sont rassemblés sur une avenue, a rapporté un photographe de l'AFP. Le cheikh Qoussaï al-Assadi, religieux chiite de 43 ans, va jusqu'à parler de « troisième guerre mondiale contre l'islam », fustigeant aussi la « violation » de l'espace aérien irakien par l'aviation israélienne pour mener ses attaques sur l'Iran voisin. « Israël et les Américains ont porté atteinte à l'espace aérien et à la souveraineté de l'Irak, nous avons refusé ces interventions de drones et de missiles ».
Citant Moqtada Sadr, il ne veut pas « que l'Irak se fasse entraîner, ni qu'il se transforme en champ de bataille ». En retrait ces derniers temps de la scène politique irakienne, Moqtada Sadr avait appelé à cette grande manifestation, la première qu'il organise depuis plusieurs mois à Bagdad et dans les autres villes du pays. Le chef religieux musulman chiite, aussi imprévisible que révéré par des dizaines de milliers d'Irakiens, n'a pas hésité par le passé à critiquer les ingérences étrangères dans son pays et l'influence des factions favorables à Téhéran en Irak, hors du cadre étatique.
Dans un communiqué appelant à manifester, il avait fustigé « le terrorisme sioniste et américain » et dénoncé « l'agression contre le voisin iranien, la Palestine, le Liban, la Syrie, et le Yémen », en allusion aux opérations militaires et frappes aériennes menées par les forces armées israéliennes à travers le Moyen-Orient.