
Un drapeau du Hezbollah planté sur les ruines d’un bâtiment bombardé par Israël au Hermel, dans la Békaa, en novembre 2024. Photo d'illustration Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Le communiqué publié jeudi par le chef du Hezbollah, Naïm Kassem, réaffirmant la solidarité de son parti avec l'Iran en guerre avec Israël, a fait réagir des partis et responsables politiques au Liban, en tête desquels les Forces libanaises (FL), qui ont vertement critiqué le rejet du parti chiite de rester « neutre ».
« Nous exprimons notre position aux côtés de l’Iran, de sa direction et de son peuple, et nous agissons comme nous le jugeons approprié face à cette agression israélo-américaine barbare », a écrit jeudi Naïm Kassem dans un communiqué, réaffirmant le soutien de son parti à l’Iran, suite à l’attaque d’Israël et aux frappes qui continuent de toucher toutes les régions du pays. « Nous ne sommes pas neutres », avait-il insisté.
« Naïm Kassem veut défier Joseph Aoun »
Dans un communiqué publié sur le compte X des Forces Libanaises, le parti dirigé par Samir Geagea et frontalement opposé au Hezbollah a estimé que la prise de position du parti chiite est dirigée « à l’encontre du président de la République, qui a assuré le monopole de l’État sur les armes », et que la décision de soutenir l’Iran dans la guerre est « propre au Hezbollah et non à l’État ». Les FL ont affirmé que la prise de position du parti-milice « révèle qu’il ne respecte ni le cessez-le-feu ni le discours d’investiture (de Joseph Aoun, ndlr), ni la déclaration ministérielle, ni les accords de Taëf, ni les décisions de l’État ». « Naïm Kassem veut défier le président, le Premier ministre et la République en disant que lorsque l'Iran décidera de l'entrée en guerre du Hezb, il le fera sans rien demander à personne », ont encore écrit les FL. Elles se sont interrogées si, dans une telle situation, le chef de l'État et le président du Conseil « parviendront à rassurer les Libanais sur le fait que l'État ne permettra pas d'impliquer le Liban dans la guerre ».
Samir Geagea a, lui aussi, interpellé Naïm Kassem : « Vous ne pouvez pas agir comme bon vous semble (...) seul le gouvernement libanais peut agir comme il l’entend, car il représente la majorité du peuple libanais ». Et d’ajouter que toute proposition concernant la guerre Israël-Iran « (doit être soumise) à vos représentants au sein du gouvernement, présentée lors du prochain Conseil des ministres, examinée, et une décision appropriée sera alors prise ».
Rifi : « Si vous voulez vous suicider, faites-le seul »
« Le Liban est neutre, et vous ne serez pas en mesure de le ramener à la destruction », a réagi de son côté le député Achraf Rifi, un autre opposant notoire au parti chiite, qualifiant la déclaration du dirigeant du Hezbollah de «honteuse et humiliante». « Les vies libanaises sont précieuses, et si vous voulez vous suicider, faites-le seul », a-t-il ajouté sur X.
« Nous adhérons à la neutralité stratégique en tant que choix existentiel », a rappelé la députée contestataire Najat Aoun Saliba. Selon elle, la neutralité reste la « seule garantie de survie du Liban », soulignant son rejet « total et en détail » de toute tentative d’implication du Liban dans la guerre Israël-Iran, peu importe « si c'est sous le signe de la défense, de la dissuasion ou de la résistance ». « Nous le disons clairement : c'en est assez d'entraîner le Liban dans les guerres des autres. Assez de mépris pour la vie des gens. C'en est assez de parier sur la ruine », a-t-elle conclu.
Sur son compte X, le député Kataëb Nadim Gemayel a accusé le secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem « d’être le représentant du Vilayet el-Faqih au Liban ». « Qu’il se souvienne que le Liban n’est pas, et ne sera jamais, une province iranienne, mais qu’il est un pays libre et souverain », a-t-il poursuivi. Le député lui a rappelé qu’il « ne peut pas monopoliser la décision au Liban » ni « décider unilatéralement du sort des Libanais ».
Et d’ajouter : « L’État libanais doit empêcher ces atteintes à la souveraineté, et arrêter de perdre du temps sous prétexte de commencer par retirer les armes des factions palestiniennes, pour justifier son silence sur les armes du Hezbollah et sur son projet régional. La souveraineté est indivisible. »
Au lendemain de l'attaque israélienne de grande ampleur sur l'Iran, dans la nuit du 12 au 13 juin, le parti chiite avait affirmé qu'il n'attaquerait pas unilatéralement Israël. Des sources gouvernementales avaient alors indiqué avoir exercé des pressions sur le parti chiite pour éviter qu'il ne s'implique dans le conflit. Le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du Hamas en Israël et de la riposte sévère, qui se poursuit et a fait des dizaines de milliers de morts à Gaza, le Hezbollah avait ouvert un « front de soutien » au mouvement palestinien, qui avait provoqué une guerre dévastatrice de plus d'un an au Liban.
Depuis les accords de Taëf en 1989, le principe de neutralité stipule que le Liban ne doit s’aligner ni avec un parti politique ni avec une puissance étrangère, afin de préserver son indépendance face aux influences étrangères. Ce concept est particulièrement défendu par le patriarche maronite Béchara Raï.
Le barbu sans cervelle a parlé ... il croit encore pouvoir disposer du Liban et des Libanais à sa guise. Sa base est lobotomisée et lui est ses acolytes sont suicidaires. Ceci dit il peut aller se suicider avec toute sa clique, mais nous n'avons plus envie de le subir ni de voire sa tête de tordu.
18 h 08, le 20 juin 2025