Quand Israéliens et étrangers quittent le pays en yacht à destination de Chypre

Au nord de Tel-Aviv, la marina de Herzliya a pris des « airs de terminal », peut-on lire dans un article du Haaretz publié le 17 juin. Dès 7h du matin, des passagers – au moins une centaine – ont afflué à la recherche du yacht leur permettant de fuir vers Chypre. Depuis vendredi, Israël a fermé son espace aérien à l’aviation civile, alors que la guerre entre Tel-Aviv et Téhéran dure depuis six jours.

Des groupes sur Facebook dédiés aux départs par la mer « montrent que des centaines de personnes tentent désormais de quitter Israël de cette manière », que ce soit à Herzliya ou dans d’autres marinas, comme celles de Haïfa ou d’Ashkelon, explique le Haaretz. Le quotidien israélien de gauche ajoute que des « propriétaires de petits yachts organisent des traversées avec des groupes de dix passagers maximum », mais que l’Autorité de la population et de l’immigration « n’a pas encore été en mesure d’évaluer l’ampleur du phénomène ».

Dans la nuit du 12 au 13 juin, l’armée israélienne a mené des frappes sans précédent contre l’Iran, l’accusant de vouloir se procurer l’arme nucléaire, ce que nie Téhéran. Les frappes israéliennes sur l’Iran ont visé des sites nucléaires et militaires, décapité le haut commandement militaire et tué au moins 585 personnes, notamment des civils, dont des scientifiques. Côté israélien, au moins 24 personnes ont été tuées par les salves de missiles balistiques iraniens qui s’abattent sur Israël.

La plupart des personnes interrogées dans le cadre de l’article du Haaretz affirment ne pas vivre en Israël mais chercher à rentrer chez elles. « D’autres affirment qu’ils partent à l’étranger pour rejoindre leurs enfants ou leur partenaire. Seuls quelques résidents admettent fuir les frappes de missiles iraniens. Aucun n’accepte de parler ouvertement aux journalistes », peut-on lire. Un des passagers a indiqué que ce voyage était un aller simple à la demande de son partenaire israélien : « Je déménage au Portugal », dit-il.

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Des voyageurs témoignent avoir déboursé 2 500 shekels (plus de 700 dollars américains), disant qu’ils ont été confrontés à des tarifs encore plus élevés. « Quelqu’un m’a demandé 6 000 », raconte un passager, les prix variant selon le type des yachts. Un capitaine a par ailleurs avancé que « tous les bateaux ne fonctionnent pas légalement : certains propriétaires privés font payer les passagers sans disposer de l’assurance adéquate pour le transport de personnes ».

À Chypre, mercredi matin, plus de 1 500 ressortissants étrangers – la majorité américains, mais également des Canadiens, Argentins et Australiens – se trouvaient à bord du navire de luxe Crown Iris, arrivé depuis Haïfa au port de Larnaca, selon le média Philenews. Il indique que ce navire réalisera quatre trajets entre Chypre et Israël afin de rapatrier des Israéliens bloqués en dehors de leur pays.

Chypre sous pression

Selon un autre article du même média publié le 16 juin, Chypre fait déjà face à des « effets secondaires » suite au conflit entre l’Iran et Israël. « Le séjour imprévu de centaines d’Israéliens à Chypre – en plus des 2 400 personnes initialement prévues – a entraîné une augmentation des besoins en sécurité de la part de la police, tout en ayant un impact sur le secteur des services touristiques, que certains qualifient d’effet secondaire positif », rapporte-t-il. Dès vendredi après-midi, des problèmes d’hébergement ont surgi, dus à la présence d’un grand nombre de citoyens israéliens sur l’île. Citant un article de Israel Hayom, le journal chypriote indique qu’environ « 2 400 Israéliens arrivés à Chypre ont été bloqués sur l’île en raison de la fermeture de l’espace aérien israélien. Des centaines d’entre eux devraient rentrer en Israël dans les prochains jours », alors qu’un premier vol de rapatriement depuis l’île a été organisé mercredi matin.

Par ailleurs, Israel Hayom a rapporté le 17 juin que Birthright Israel (programme qui offre aux jeunes juifs du monde entier un voyage gratuit en Israël) a évacué 1 500 participants bloqués en Israël, « les transportant en sécurité à bord d’un luxueux bateau de croisière à destination de Larnaca », selon l’organisation. Le bateau, parti du port d’Ashdod, a été escorté par la marine israélienne.

Dans un article publié le lendemain, le média a rapporté que le gouvernement israélien a « ordonné aux compagnies aériennes nationales de ne pas permettre aux citoyens israéliens de quitter le pays à bord des avions prévus pour le rapatriement des Israéliens bloqués à l’étranger ». La décision israélienne découlerait des « inquiétudes des responsables de la sécurité concernant la surpopulation à l’aéroport Ben-Gourion ».

Lors de la récente guerre entre Israël et le Hezbollah au Liban, dans le sillage du conflit à Gaza, des centaines de personnes avaient choisi de quitter le Liban à bord de yachts luxueux à destination de Chypre, moyennant des places tarifées entre 1 400 et 2 300 dollars.