Contrairement aux accusations de Benjamin Netanyahu et de ses ministres, ni le président français Macron, ni le Premier ministre britannique Starmer, ni son homologue canadien Mark Carney ne sont responsables de la montée de l’antisémitisme dans le monde. Ces trois chefs d’État ont toujours condamné avec la plus grande fermeté tout acte portant atteinte à l’intégrité des personnes de confession juive. Laisser entendre qu’ils sont complices du Hamas constitue une offense à leur honneur. Mais alors, qui est responsable de cette incontestable montée de l’antisémitisme ?
Rappelons les faits. Le 7 octobre 2023, la branche militaire du Hamas avait lancé une attaque terroriste contre des Israéliens, pour la plupart civils, entraînant la mort de 1 200 personnes et la prise en otage de 253 autres. Malheureusement la riposte de l’armée israélienne contre le Hamas s’est transformée en massacre organisé de la population palestinienne. Des quartiers entiers d’immeubles d’habitation ont été rasés, les infrastructures civiles ont été détruites, des écoles et des hôpitaux ont été endommagés ou détruits par des raids aériens, sous le motif invérifiable que des membres du Hamas s’y cachaient. Et en plus de cela, Israël a mis en place un blocus qui a privé la population des aliments et des médicaments indispensables à sa survie. À ce jour, la guerre à Gaza a fait plus de 54 000 morts, chiffre considéré comme exact par les Nations unies.
Le mercredi 21 mai dernier, Sarah et Yaron, deux employés de l’ambassade d’Israël, sont abattus devant le musée juif à Washington par Elias Rodriguez, un Américain de 31 ans, qui, après son geste meurtrier, s’est rendu sans violence aux policiers en criant : « Free, free Palestine ! »
Pourquoi cet homme a-t-il commis cet assassinat ? Est-ce un acte antisémite, anti-israélien ou les deux à la fois ? Militant de la cause palestinienne, il dit avoir agi « pour Gaza et contre les atrocités commises par les Israéliens ». Diplômé de l’université de Chicago, il n’avait pas d’antécédent judiciaire et rien ne laissait présager qu’il commettrait de tels actes. Et pourtant il a tué deux innocents parce que sa haine était plus forte que sa raison.
La montée de l’antisémitisme est une réalité qui se nourrit des guerres au Moyen-Orient ainsi que de la manière inhumaine avec laquelle Israël se comporte à l’égard des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Ce sont les actions guerrières et les crimes de guerre décidés par Netanyahu et ses ministres d’extrême droite qui sont à l’origine de la recrudescence d’actes antisémites. Et comme le dit Yaïr Golan, le chef du Parti démocrate israélien, le gouvernement de Benjamin Netanyahu « nourrit l’antisémitisme et la haine d’Israël et est à l’origine de l’isolement diplomatique historique d’Israël et du risque encouru par chaque juif de la planète ».
Dimanche 4 mai 2025, le cabinet de sécurité israélien a approuvé un plan surnommé « Les Chariots de Gédéon » qui a pour objectif le déplacement forcé d’une grande partie de la population palestinienne de Gaza, tout en s’emparant et en occupant le territoire. Les populations déplacées se concentreraient dans le sud de la bande de Gaza et partiraient ensuite vers des pays tiers, a déclaré le ministre de la défense Bezalel Smotrich. On imagine aussi que les centres de distribution de la nourriture seraient placés à cet endroit afin de contraindre les habitants à s’y rendre, cela sous le contrôle de l’armée israélienne.
Peu de temps auparavant, le président américain Donald Trump avait proposé de déplacer les habitants de Gaza vers l’Égypte, la Jordanie ou la Libye et de mettre ce territoire sous le contrôle des États-Unis afin d’en faire « une Riviera, une nouvelle Côte d’Azur ».
Autant l’idée de faire de Gaza une station balnéaire est indécente, eu égard au dénuement et à la misère dans laquelle se trouvent ses habitants, autant le plan de déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza est criminel car il est une preuve de la volonté d’Israël d’organiser une épuration ethnique synonyme de crime contre l’humanité.
Enfin, signalons deux derniers crimes de guerre : samedi 24 mai dans le sud de la bande de Gaza, 9 enfants d’une famille de médecins palestiniens ont été tués par une frappe israélienne, et lundi 26 mai, une école, servant d’abri, a été bombardée par Tsahal, bilan du massacre : 33 corps de femmes et d’enfants calcinés. Aucun militant du Hamas ne s’y trouvait. Et même s’il y en n’eut qu’un seul, a-t-on le droit de tuer autant d’innocents ?
Ces crimes de guerre, ces déportations, de par leur multiplicité et leur caractère systématique, ressemblent de plus en plus à un génocide. Et certains se demandent comment il est possible qu’un peuple qui a été victime d’un génocide accepte que l’État qui le représente devienne à son tour génocidaire.
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Tout ces faits relatés dans votre texte sont bien tristes. J'ai aimé vous lire, merci.
12 h 08, le 30 juin 2025