Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

Pour la France, le Liban doit être à la table des négociations, et non au menu


Au moment où les événements dans la région s’emballent, la France évalue positivement l’évolution de la situation interne libanaise. En dépit du tableau régional confus, l’impression qui ressort de la dernière visite de l’émissaire présidentiel français, Jean-Yves Le Drian, se résume ainsi : des pas importants ont été accomplis et des signaux encourageants ont été envoyés à la communauté internationale, même s’il reste encore beaucoup à faire. Le souci principal de la France est donc que le Liban se prenne en main et « soit à la table des négociations, et non pas à son menu ».Cette impression, rapportée par des sources diplomatiques européennes, détonne un peu dans le climat ambiant, surtout avec les rumeurs qui circulent dans les médias sur un mécontentement américain à l’égard de « la lenteur » du processus de reprise en main, par l’État et ses institutions, de la situation interne du pays. Sans confirmer ni démentir ces rumeurs, les sources diplomatiques européennes précisent que, pour être évaluée correctement, la situation doit être placée dans une perspective générale. C’est ainsi qu’en comparant l’état du pays il y a quelques mois, lors de sa dernière visite à Beyrouth en janvier, et celui d’aujourd’hui, Jean-Yves Le Drian a constaté un net progrès à plusieurs niveaux. Dans une période relativement courte – surtout quand on pense à l’inertie qui régnait pendant des années – certaines mesures ont été adoptées sur le plan des réformes, notamment en ce qui concerne la levée du secret bancaire et la restructuration des banques. Il reste sans doute encore des décisions importantes à prendre, mais il s’agit là d’un bon début. Contrairement à certaines voix – internes comme externes – qui laissent entendre que toutes ces démarches ne sont pas significatives, car ce qui compte, c’est le désarmement du Hezbollah et la normalisation avec Israël, la France pense plutôt que des signaux positifs ont été envoyés à la communauté internationale, ce qui devrait faciliter la conclusion d’un accord avec les bailleurs de fonds.Sur le plan opérationnel, les Forces de sécurité intérieure ont repris du poil de la bête et recommencent à s’imposer sur le terrain. Elles viennent d’ailleurs d’engager, après les avoir formées, de nouvelles recrues, dont des femmes policières, désormais déployées sur le terrain. Mais la plus grande réalisation reste celle de l’armée, qui a réussi à établir son autorité dans la région au sud du Litani. La France, qui est présente au sein de la commission de surveillance de l’application du cessez-le-feu, constate sur le terrain que l’armée est effectivement en train de contrôler la quasi-totalité de cette région, ayant démantelé plus de 500 dépôts d’armes et positions du Hezbollah dans ce secteur. Même dans la région au nord du Litani, l’armée accomplit sa mission. Qui aurait pu imaginer, il y a quelques mois, que l’armée libanaise déploierait des troupes dans la banlieue sud de Beyrouth, fermant entièrement une zone pour procéder à des fouilles en profondeur, sans susciter la moindre protestation de la part du Hezbollah et de ses partisans ?

Que cela ait été précédé ou non de contacts préliminaires pour éviter les tensions, le résultat reste le même : l’armée libanaise maîtrise le terrain et agit en conséquence, conformément aux demandes qui lui sont présentées et à l’intérêt du pays. Dans ce cadre, et concernant le dossier de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), M. Le Drian aurait aussi obtenu du Hezbollah une reconnaissance ferme de la nécessité de maintenir la présence de cette force dans la zone au sud du Litani. Il y a probablement des détails à mettre au point, notamment au niveau des prérogatives et de l’autonomie des Casques bleus, mais tout cela pourra être discuté le moment venu. Ce qui compte, c’est que les parties en présence ont compris que, si l’on voulait mettre fin au mandat de la Finul inscrit dans la résolution 1701, c’est l’ensemble de cette résolution qui serait remis en cause. Sur un plan plus politique, les mêmes sources font remarquer qu’il y a quelque temps encore, parler du désarmement du Hezbollah relevait du tabou, et ceux qui osaient évoquer cette question étaient accusés de trahison. Aujourd’hui, ce sujet constitue le principal débat sur la scène politique. À ceux qui reprochent au président de la République de prendre un peu trop son temps pour concrétiser cette idée, les sources estiment que cette prudence est justifiée, car elle concerne désormais une communauté importante dans son ensemble, et la heurter ou chercher à lui imposer cette idée par la force ne servirait que les intérêts israéliens. Mais si le Hezbollah cherchait, sous couvert d’attitude positive, à gagner du temps pour reprendre son souffle et se renforcer ? Pour les sources précitées, cette possibilité reste minime, car après tout, nul ne peut nier que les données locales et régionales ont changé, et que les voies de ravitaillement du Hezbollah ont été coupées, alors qu’il n’a pas encore trouvé de solutions alternatives.De même, avec la Syrie, la France pousse à la délimitation de la frontière entre les deux pays pour faciliter les rapports d’État à État. C’est dans cet esprit qu’elle a remis au Liban les anciennes cartes de la région, et ne cesse de favoriser le dialogue entre les responsables libanais et syriens.Selon les mêmes sources, l’émissaire présidentiel français a donc senti, au cours de ses entretiens avec les responsables libanais, qu’il existait une volonté réelle d’aller de l’avant. Pour Paris, il y a une chance à saisir pour le Liban. Et, pour l’instant, les indices sont positifs. Mais il faut continuer sur ce chemin. La conférence de soutien au Liban que la France compte organiser pourrait alors enfin se tenir cet automne.

Au moment où les événements dans la région s’emballent, la France évalue positivement l’évolution de la situation interne libanaise. En dépit du tableau régional confus, l’impression qui ressort de la dernière visite de l’émissaire présidentiel français, Jean-Yves Le Drian, se résume ainsi : des pas importants ont été accomplis et des signaux encourageants ont été envoyés à la communauté internationale, même s’il reste encore beaucoup à faire. Le souci principal de la France est donc que le Liban se prenne en main et « soit à la table des négociations, et non pas à son menu ».Cette impression, rapportée par des sources diplomatiques européennes, détonne un peu dans le climat ambiant, surtout avec les rumeurs qui circulent dans les médias sur un mécontentement américain à...
commentaires (4)

D'ailleurs concernant le maigre bilan du Liban Officiel et l'absence de vraies action, c'est vrai aussi pour le volet économique et financier. On est dans la non action pendant que les libanais meurent de faim, les déposants désespèrent, le black listing du pays s'étend, les infrastructures se délabrent et les investisseurs s'éloignent. Ce sujet est étroitement corrélé au sujet des armes qui s'expriment indirectement dans les conseils des ministres meme sur les volets économiques, font fuir les capitaux et détournent les rares ressources pour reconstruire ce qu'elles ont elles même détruit

Moi

11 h 34, le 14 juin 2025

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • D'ailleurs concernant le maigre bilan du Liban Officiel et l'absence de vraies action, c'est vrai aussi pour le volet économique et financier. On est dans la non action pendant que les libanais meurent de faim, les déposants désespèrent, le black listing du pays s'étend, les infrastructures se délabrent et les investisseurs s'éloignent. Ce sujet est étroitement corrélé au sujet des armes qui s'expriment indirectement dans les conseils des ministres meme sur les volets économiques, font fuir les capitaux et détournent les rares ressources pour reconstruire ce qu'elles ont elles même détruit

    Moi

    11 h 34, le 14 juin 2025

  • On est toujours dans les prétextes fallacieux pour désarmer le hezballah et pour faire croire n'importe quoi aux émissaires étrangers. Un: C'est un mythe de dire que hezballah représente une communauté importante. Deux: Qu'est ce qui empêche l'armée d'établir des barrages pour enrayer ne serait ce que le transfer d'armes au nord du litani? Et finalement on constate que les journalistes et activistes anti hezballah sont toujours pourchassés par le Deep State libanais. Le Liban Officiel biaise et se dérobe comme il l'a fait les 20 dernières années: Les bonnes paroles ne sont pas des actions.

    Moi

    10 h 54, le 14 juin 2025

  • Surtout ne pas heurter une communauté en crise car ce serait inhumain, mais heurter toutes les autres le serait autant. Trop vouloir ménager la milice va nous faire perdre l’appui international que nous avons. Dès qu’on critique Israël on est taxés d’antisémites, et dès qu’on critique le hezbollah on devient anti chiites. L’amalgame les sert tous les deux.

    Goraieb Nada

    06 h 45, le 14 juin 2025

  • Ah le vent tourne dans la planete Scarlett......Il n'est jamais trop tard!

    Cadmos

    06 h 30, le 14 juin 2025

Retour en haut