
Vue de la cérémonie au palais de justice de Saïda. Photo fournie par notre correspondant, Mountasser Abdallah.
Le ministre de la Justice, Adel Nassar, a pris part jeudi, aux côtés de représentants du corps judiciaire et d’associations de défense des droits humains, à une cérémonie commémorative au palais de justice de Saïda pour le 26ᵉ anniversaire de l’assassinat de quatre magistrats.
Représentant le président de la République, Joseph Aoun, ainsi que le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre Nassar a insisté, dans son allocution, sur le fait que «l’arrestation des assassins est la vraie réponse à ce lâche crime».
Ce drame, survenu le 8 juin 1999, avait coûté la vie à Hassan Osman (premier président de la cour d'appel), Walid Harmouche (président du tribunal de première instance), Assem Bou Daher (défenseur public en appel) et Imad Chehab (conseiller à la cour d’appel). Ils avaient été abattus par balles lors d’une audience, dans l’ancienne salle du tribunal pénal, à travers une fenêtre arrière de la salle d’audience. Cinq autres personnes avaient été blessées. Le mobile du crime, survenu alors que les juges statuaient sur le cas de deux ressortissants irakiens et d’un Palestinien, a longtemps suscité des spéculations.
En 2019, le Conseil judiciaire avait condamné à la peine capitale par contumace Ahmad Abdelkarim, alias Abou Mehjen, ainsi que cinq de ses complices, qui avaient notamment été reconnus coupables d’avoir hébergé les fugitifs au camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué. Un autre prévenu, Wissam Hussein Touhaibech, avait été acquitté faute de preuves suffisantes.
Parmi les personnalités présentes à la commémoration, figuraient le député Michel Moussa, représentant le président du Parlement Nabih Berry, le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le juge Souheil Abboud, le premier président de la cour d’appel du Sud, le juge Ghassan Mahati, la représentante du barreau de Beyrouth, Me Maya Chéhab, et le procureur général d’appel du Sud, le juge Rahif Ramadan.
Après avoir lu les noms des quatre magistrats, et réclamé une minute de silence, le ministre Nassar a rappelé qu’ils sont « tombés sur le champ d’honneur de la justice, symbole le plus élevé de la République, sous les balles de la trahison ». « Ils sont entrés dans l’histoire, car la justice ne peut que porter leurs noms à jamais comme un phare sur la voie de la justice et du pouvoir judiciaire », a-t-il ajouté.
Dans un message au corps judiciaire, le ministre de la Justice a de plus souligné que « quiconque tient sa plume pour signer une décision doit se souvenir que quatre hommes sont tombés au champ d'honneur pour défendre la justice et le corps judiciaire ».
« Aujourd'hui, nous ne commémorons pas seulement l'anniversaire de ce martyre, mais nous renouvelons une fois de plus notre engagement pour les juges tombés dans l'exercice de leur fonction, alors qu'ils œuvraient à réaliser la justice », a-t-il affirmé.
Édification d'un État de droit
Le ministre Nassar a par ailleurs insisté sur l’engagement de la justice libanaise en faveur « de l’édification de l’État de droit et du rejet des armes illégales », en référence à l’arsenal du Hezbollah. Il a salué l’engagement du chef de l’État et du Premier ministre dans le processus de construction de l’État, de protection du peuple et de monopole de la force entre les mains des forces armées officielles. « Tous nos efforts seront déployés pour atteindre cet objectif, qui consiste également à honorer la mémoire de nos martyrs », a-t-il insisté. « Les auteurs doivent être arrêtés, ce qui constitue la véritable réponse à ce lâche assassinat », a-t-il encore martelé.
M. Nassar n’a pas manqué de saluer les actions du corps judiciaire, notamment « le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et les membres du Conseil, qui œuvrent aujourd'hui pour garantir l'indépendance de la justice ».
La cérémonie a été ponctuée par l’hommage du président du CSM. « Les quatre magistrats nous ont laissé un héritage écrit avec leur sang », a souligné Souheil Abboud, précisant que « ce témoignage sera un exemple qui contribuera à la construction d’un État de droit et de justice, et d’un pouvoir judiciaire indépendant capable de relever les défis ». Il a appelé les autorités à faire appliquer la décision de justice prise en 2019 pour l'arrestation des assassins.
Le discours des familles des victimes a été prononcé par Omar Chéhab, fils du juge Imad Chéhab. « La douleur est toujours présente dans nos cœurs et nous n'abandonnerons pas, nous ne nous tairons pas (…) tant que l'État libanais n’aura pas retrouvé son autorité sur chaque pouce de terre afin que les meurtriers reçoivent leur châtiment », a-t-il dit.
À l’occasion de cet anniversaire, le président de la République avait affirmé dimanche dernier : « Le sang de ces martyrs ne sera pas versé en vain. Nous continuerons à rechercher la vérité et à traduire les criminels en justice, quel que soit le temps que cela prendra. Rien ne peut intimider la magistrature ni l’empêcher d’accomplir sa noble mission. »
Les assassins doivent être punis? Un jour peut être. Qu’ils commencent déjà par punir ceux qui ont détruit tout notre pays en anéantissant son peuple au lieu de préférer négocier avec eux en sachant qu’ils bluffent pour gagner du temps et nous achever.
10 h 05, le 13 juin 2025