
L'envoyé français Jean-Yves Le Drian et le président libanais Joseph Aoun, à Baabda, le 10 juin 2025. Photo X/Présidence libanaise.
L'envoyé spécial du président français Jean-Yves Le Drian est en visite diplomatique au Liban mardi, où il a rencontré des responsables libanais, parmi lesquels le chef de l'Etat Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Nawaf Salam.
Lors de sa rencontre avec M. Le Drian, le président Aoun a exprimé sa gratitude envers la France et le président Emmanuel Macron « pour l’attention portée au Liban sur tous les plans, ainsi que pour la préparation de la conférence de soutien prévue à l’automne prochain », selon un communiqué de la présidence. Le chef de l’État a également souligné « l’importance de la FINUL et de son rôle », tout en « condamnant les attaques dont elle fait l’objet », affirmant qu’elles « servent l’ennemi et portent atteinte à la stabilité du Sud ».« La poursuite des attaques israéliennes contre le Sud, la banlieue sud de Beyrouth et d’autres régions libanaises constitue une violation flagrante de l’accord conclu en novembre dernier sous l’égide française et américaine, ce qui impose à la communauté internationale, notamment aux garants de l’accord, d’exercer une pression pour mettre fin à ces agressions qui sapent concrètement les effets de la résolution 1701 », a souligné M. Aoun.
Les échanges entre le président Aoun et l’émissaire français ont également porté sur l’importance de la mise en œuvre des réformes économiques et financières. Les deux responsables ont réaffirmé leur volonté de renforcer les relations entre le Liban et la France, et ont évoqué les perspectives de coopération à venir. Jean-Yves Le Drian a dans ce cadre réaffirmé le « soutien continu de la France au Liban ».
L'accord de cessez-le-feu et de la résolution 1701
Au Grand Sérail, le diplomate français a discuté avec le Premier ministre Nawaf Salam des « développements politiques et économiques actuels, des développements dans le Sud à la lumière des attaques israéliennes continues sur le Liban, ainsi que des relations bilatérales » entre les deux pays, selon un bref communiqué. L’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, accompagnait M. Le Drian.
À Aïn el-Tiné, l'envoyé français a évoqué « la situation au Liban et dans la région et des développements politiques et sur le terrain à la lumière de l'occupation continue par Israël de certaines parties du territoire libanais et de ses attaques et violations continues de l'accord de cessez-le-feu et de la résolution 1701, ainsi que de son refus de coopérer avec le comité chargé de la supervision de la mise en œuvre des modalités de la trêve ». La réunion a également abordé, selon un communiqué du bureau de presse à Aïn el-Tiné, la reconstruction, les réformes ainsi que les négociations en cours avec le Fonds monétaire international.
Dans ce cadre, Nabih Berry a souligné « l’engagement du Parlement à mener à bien toutes les réformes législatives nécessaires » et a insisté sur « la nécessité de lancer l’atelier de reconstruction », tout en saluant « les efforts de la France dans le cadre de la préparation de la conférence sur la reconstruction ». Concernant le renouvellement du mandat de la FINUL, le président du Parlement a insisté sur « l’effort de la France pour soutenir le Liban dans sa lutte contre le complot qui se trame contre la force internationale pour lui porter atteinte, ainsi qu’au Liban et à son Sud ».
« Accélérer l’adoption des réformes »
En journée, Jean-Yves Le Drian a également été reçu par le vice-président du Parlement, Élias Bou Saab, en présence du président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, Georges Adwan. Ils ont évoqué le travail parlementaire ainsi que les lois réformatrices adoptées ou en cours d’examen. L’émissaire français a souligné l’importance de la « dynamique actuelle au Parlement », affirmant que « le Liban bénéficie d’une opportunité unique pour restaurer sa cohésion interne et regagner la confiance internationale ». Mais, a-t-il averti, « le Liban ne peut se permettre le luxe du temps, il faut accélérer l’adoption des réformes ».
De son côté, M. Bou Saab a rappelé que le président de la Chambre, Nabih Berry, a demandé l’ouverture d’une session extraordinaire pour accélérer l’examen des projets de loi. Le Parlement attend notamment le projet de loi sur les « pertes financières », indispensable à toute restructuration bancaire, a-t-il également indiqué. Enfin, le vice-président du Parlement a appelé à « un soutien conjoint de la France et des États-Unis, en tant que deux pays garants du cessez-le-feu, pour faire pression sur Israël afin de garantir le respect de l’accord ».
Le ministre des Finances, Yassine Jaber, a reçu à son tour M. Le Drian et la délégation française. Il a insisté sur l’importance des réformes financières et bancaires, ainsi que sur la préservation de la stabilité sécuritaire, qu’il a qualifiée de « rempart protégeant les investissements indispensables à l’économie libanaise ». Le ministre a également souligné le rôle crucial des pays garants du cessez-le-feu, appelant à une pression renforcée sur l’État hébreu pour garantir le respect de l’accord, condition sine qua non pour « la relance économique et à la création d’emplois ».
Par ailleurs, Jean-Yves Le Drian s’est entretenu avec le ministre de l’Économie, Amer Bsat. Cette réunion a permis de faire le point sur les préparatifs en cours pour l’organisation de deux conférences, l’une destinée aux donateurs, l’autre aux investisseurs, que le gouvernement prépare afin de soutenir la reprise économique et de renforcer la confiance internationale envers le Liban, selon l’ANI.
Jeudi dernier, le président du Comité d'amitié franco-libanais, le député Simon Abi Ramia, avait indiqué que M. Le Drian évoquerait également la question des armes au Liban, notamment celles du Hezbollah et dans les camps de réfugiés palestiniens, ainsi que la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Les préparatifs de la conférence des donateurs pour la reconstruction et le soutien à l'armée libanaise, que Paris souhaite organiser, seront également abordés.
Ancien ministre français des Affaires étrangères, M. Le Drian avait été nommé « envoyé personnel pour le Liban » par M. Macron le 7 juin 2023, pendant une période de vacance présidentielle. Ses tournées à Beyrouth, en tant que ministre puis envoyé, auprès des responsables libanais ont été marquées par des propos durs à l'égard de ces derniers, qu'il avait accusés en 2021 de « non-assistance à pays en danger », avant d'avertir, en octobre 2024, que le Liban était « en danger de mort ».
Livraison d'armes à Israël ? Pas un mot. Députee élue de la République Française arrêtée en eaux internationales par Israël ? Pas un mot. Le plus vieux prisonnier politique du monde, libanais du Nord, retenu en France ? Pas un mot. Blablabla !
09 h 44, le 12 juin 2025