Frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le 5 juin 2025. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour.
Après avoir lancé des ordres d’évacuation, l’armée israélienne a mené jeudi soir au moins huit frappes dans la banlieue sud de Beyrouth. Elle a indiqué avoir « attaqué des objectifs terroristes de l’unité aérienne 127 du Hezbollah », selon un message diffusé par son porte-parole arabophone sur X.
Il s’agit de la quatrième attaque israélienne contre la banlieue sud, bastion du Hezbollah, depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre les deux parties fin novembre. Mais ces frappes sont les plus violentes depuis cette date.
D’après l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), les premiers bombardements ont touché des bâtiments près de la mosquée al-Qaëm, dans le quartier Jamous-Hadeth. En amont, au moins huit frappes d’avertissement avaient été menées à Bourj el-Barajné, Haret Hreik et Hadeth, autour d'immeubles identifiés comme cibles potentielles.
Vers 21h30, soit environ une heure avant les frappes, le porte-parole Avichay Adraee avait diffusé une « alerte urgente » demandant aux habitants de quitter immédiatement les quartiers de Hadeth, Haret Hreik et Bourj el-Barajné. Son message, accompagné de cartes montrant les bâtiments ciblés en rouge, précisait : « Vous êtes à proximité d’installations du Hezbollah. Pour votre sécurité, éloignez-vous d’au moins 300 mètres. »
À Hadeth, deux bâtiments visés se trouvent entre l’école publique Dani et le collège Toulouse, et trois autres entre le village de Kafaat et le lycée pilote de Beyrouth. À Haret Hreik, deux bâtiments sont localisés entre le lycée des Arts et le complexe Sayyed el-Chouhada. Un autre immeuble, situé de l’autre côté du complexe, à Bourj el-Barajné, est également concerné.
Dans un communiqué ultérieur, l’armée israélienne a affirmé qu’elle allait frapper « des sites de production souterrains de drones délibérément implantés au cœur de zones civiles ». Ces activités constitueraient, selon elle, « une violation flagrante des accords entre Israël et le Liban », en référence au cessez-le-feu conclu grâce à une médiation de Washington et de Paris.
Peu après, des drones israéliens ont survolé la banlieue sud, accompagnés de tirs nourris destinés à pousser les habitants à fuir. D’après notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah, des appels anonymes ont été reçus dans plusieurs localités comme Harouf (caza de Nabatiyé) et Zrariyé (Saïda), demandant aux destinataires de l'appel d’évacuer, sans qu’on puisse confirmer s’ils émanaient bien de l’armée israélienne. Certains de ces destinataires possèderaient des propriétés dans la banlieue sud.
Dans la foulée, l’armée israélienne a aussi sommé les habitants d’un immeuble à Aïn Cana (Nabatiyé) d’évacuer, évoquant sa « proximité avec des installations du Hezbollah ». Une frappe a été lancée un peu plus d’une heure après l’annonce.
Le Liban « ne cédera jamais »
Les frappes ont suscité une vague de condamnations politiques, à la veille de la fête de l’Adha. Le bureau de la coordinatrice de l'ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plaschaert, a dénoncé les frappes israéliennes qui ont « ravivé la panique et la peur à la veille de la fête de l'Adha ». « Nous réitérons notre appel à l’arrêt de toute action susceptible de compromettre davantage l’accord de cessation des hostilités et la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité des Nations Unies », selon un communiqué. « Des mécanismes établis et des instruments diplomatiques sont à la disposition de toutes les parties pour traiter les différends ou les menaces, et prévenir toute escalade inutile et dangereuse », ajoute le texte.
Le président libanais, Joseph Aoun, a qualifié les frappes de « violation flagrante d’un accord international » de cessez-le-feu, », et d’atteinte « auxprincipes élémentaires du droit et des résolutions humanitaires et onusiennes, à la veille d’une fête religieuse sacrée ». Il y voit « une preuve irréfutable du rejet, par l’agresseur, des exigences de la stabilité, d’un règlement et d’une paix juste dans la région » ainsi qu'un « message que l’auteur de ces atrocités adresse aux États-Unis, à leurs politiques et à leurs initiatives avant tout, en passant par la boîte à lettres de Beyrouth et le sang de ses innocents et de ses civils ». « Le Liban ne cédera jamais », conclut-il.
Le Premier ministre, Nawaf Salam, a lui aussi dénoncé une « agression systématique et délibérée » contre le pays, en particulier contre la banlieue sud de la capitale. Selon lui, ces frappes portent atteinte à la sécurité, à la stabilité et à l’économie du Liban à la veille de la saison touristique. Fustigeant une « violation flagrante de la souveraineté du Liban et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », il a appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités en dissuadant Israël de poursuivre ses attaques » et en l'obligeant à se retirer totalement du territoire libanais, où il occupe encore plusieurs positions frontalières.
Le président du Parlement, Nabih Berry, a fustigé des frappes qui, selon lui, « ne visent pas une communauté ou une région particulière, mais le Liban dans son ensemble, ses habitants, ainsi que les Arabes et les musulmans dans leurs lieux de culte». « Notre sort, à chaque fête de l'Adha, est d’offrir des sacrifices pour défendre le Liban et sa souveraineté », a-t-il ajouté, assurant que « l’agression ne nous empêchera pas de célébrer nos fêtes ».
Le mufti jaafarite, cheikh Ahmad Kabalan, a qualifié les raids israéliens d’acte « d’extermination de la souveraineté nationale » et de « malédiction sioniste et américaine ». Appelant à « la solidarité nationale » et à « la réaffirmation du choix de la résistance », il a souligné qu’« il n’existe aucune garantie supérieure à celle de l’armée, de la résistance et de l’unité nationale ». Il a aussi critiqué le ministère des Affaires étrangères, l’accusant d’être « noyé dans des penchants partisans » . Affirmant qu’« Israël est une tyrannie éternelle », il a conclu : « notre choix est la souveraineté du Liban ».
Le cessez-le-feu entre Israël et le Liban a mis fin à plus d’un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Le groupe chiite avait ouvert un front au Liban-Sud dès le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël. Depuis, Israël continue de mener régulièrement des frappes à travers le Liban contre ce qu'elle présente comme des cibles ou des combattants du Hezbollah en dépit du cessez-le-feu, affirmant avoir pour cela le soutien des Etats-Unis.
On se demande finalement si Monsieur le Président Aoun est aux ordres du hezbollah ??????? Ou sont donc ses promesses qui s'averent vaines, a ce jour???
20 h 53, le 07 juin 2025