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Campus - FRANCOPHONIE

De la lecture à la création : les jeunes libanais s’approprient Majdalani

Dans le but de promouvoir la langue et la littérature françaises, l’Association libanaise des enseignants de français (ALEF), en partenariat avec l’ambassade de France et l’Institut français du Liban, a organisé une rencontre avec l’écrivain francophone, le 15 mai.

De la lecture à la création : les jeunes libanais s’approprient Majdalani

Dans une ambiance festive et décontractée, des étudiants issus de différents établissements ont réinterprété à leur manière des romans de Charif Majdalani. Photo DR

Dans une ambiance festive et décontractée, une trentaine d’étudiants issus de sept établissements – l’Université libanaise, sections 1 et 5 ; l’Université islamique ; el-Massar International College ; Greenfield College ; lycée public Riad el-Solh ; Lycée franco-libanais-Habbouche ; et Saint-Cœurs Aïn Ebel – ont réinterprété deux heures durant à leur manière deux romans de Charif Majdalani : Beyrouth 2020, journal d’un effondrement et Villa des femmes.

« Les objectifs de cette rencontre visaient à inciter les apprenants à lire des œuvres de la littérature actuelle française et francophone, à découvrir des auteurs libanais francophones, à établir également un dialogue entre l’écrivain et les jeunes Libanais et à distinguer les techniques narratives utilisées dans les œuvres qu’ils ont lues », explique Ilham Slim-Hoteit, secrétaire générale de l’Association libanaise des enseignants de français (ALEF). À travers différents processus créatifs, les étudiants avaient le choix : soit écrire une adaptation théâtrale de certains passages, soit imaginer une autre fin à l’intrigue du livre, rédiger une quatrième de couverture, traduire en arabe un passage qui les a interpellés, dessiner le titre ou certains extraits des romans ou encore composer une chanson illustrant un passage de l’un des deux ouvrages.

« Les activités proposées dans le descriptif du projet ont suscité le vif intérêt des jeunes lecteurs, vu le nombre de productions que nous avons reçues et qui nous ont agréablement surpris », a relevé dans son discours d’ouverture Sophie

Nicolaïdès-Salloum, présidente de l’ALEF. « Ce qui prouve que la motivation est source de création, certes, mais surtout qu’elle naît du désir de ces jeunes de créer, de dire par le verbe, l’image, la musique, tout ce qu’ils éprouvent à la lecture d’un roman qui les touche et réveille en eux de douloureux souvenirs », a-t-elle ajouté, en remerciant les enseignants ayant encadré les élèves, ainsi que l’ambassade de France et l’Institut culturel français, pour leur soutien moral et financier ayant contribué à l’organisation de cette activité culturelle.

Dans son discours d’ouverture, Charif Majdalani a décrit de manière spontanée le rôle de la littérature, qui « permet non seulement de comprendre le monde à travers les personnages des romans, mais également de se comprendre, de se projeter et de comprendre son rapport aux autres et aux liens sociaux avec ce monde, à travers les expériences des écrivains littéraires ».

« Mais ce qui est surtout extrêmement important, c’est d’apprendre aux étudiants à lire les littératures contemporaines d’aujourd’hui, à l’instar du roman Beyrouth 2020, qui évoque la période du 4-août que tous les jeunes ont dû vivre, et qui leur a permis de comprendre leur ressenti face à ce désastre. »

Il est donc essentiel de pousser les jeunes – en l’occurrence les étudiants – vers la littérature, car elle les pousse à devenir des créateurs, à s’exprimer, et surtout à être capables de se questionner et de prendre du recul sur soi.

Réinventer la littérature

Devant un public formé principalement des étudiants, élèves et professeurs de ces différents établissements, ainsi que des membres du bureau central de l’ALEF, de l’attaché de coopération pour le français à l’ambassade de France, Ludovic Zmitrowicz, et de Charif Majdalani, les étudiants ont présenté à tour de rôle et par école leurs prestations, qui avaient été laissées au choix de leur professeur. Ainsi, certains étudiants ont traduit en arabe un ou plusieurs paragraphes extraits des deux romans qui les ont interpellés, « à la manière de Charif Majdalani » ; d’autres ont imaginé une autre histoire à l’intrigue du livre, à l’instar d’une étudiante qui a créé un poème, Debout malgré tout, et qui reflétait sa pensée face à sa propre douleur ressentie lors de l’explosion du 4-Août ; d’autres encore ont entrepris d’écrire la quatrième de couverture du livre ; d’autres ont choisi de composer une chanson pour illustrer le livre ou encore de présenter une adaptation théâtrale pour décrire certains passages de leur choix. Une élève a choisi de peindre un tableau représentant une mère tenant son nourrisson dans les bras, qu’elle a intitulé Cendres vivantes, pour démontrer que, même dans les pires moments, la vie continue et l’espoir peut toujours renaître. Un étudiant du Lycée

franco-libanais-Habbouche a interprété au piano la musique de Li Beyrouth, un air qui a été plusieurs fois repris après l’explosion du 4-Août et qui l’a profondément marqué.

Six étudiants du Collège des Saints-Cœurs Aïn Ebel ont choisi l’intelligence artificielle comme outil pour créer « Le musée de Charif

Majdalani », permettant aux visiteurs de découvrir toutes les œuvres littéraires et les romans de l’auteur. D’autres ont créé un récit de science-fiction montrant le rôle crucial de la technologie et de l’intelligence artificielle dans des situations de crise, à l’instar de ces robots volants qu’ils ont imaginés, pulvérisant de l’eau pour éteindre le feu créé après l’explosion du 4-Août.

Quant aux étudiants des deux seules universités présentes – Université libanaise (sections 1 et 5) et Université islamique –, certains ont exprimé leur ressenti face au drame de ce 4-Août, vécu à travers une adaptation théâtrale tirée des deux romans ; d’autres ont créé un dialogue à deux voix, en français et en arabe, où ils racontent les horreurs de la guerre de 2024, la souffrance d’un peuple du Sud oublié et la détresse de ses habitants, qui se perdent dans le souvenir des personnes disparues. Un cri à deux voix qui reflète surtout la colère et l’incompréhension de ces jeunes face à des situations qu’ils ne comprennent pas.

À quoi sert la littérature ?

Dans un jeu de questions-réponses posées par les étudiants et animé par Lama Arnaout-Tannir, l’auteur a expliqué les causes qui l’ont poussé à écrire Beyrouth 2020, son avis sur la situation actuelle du pays, sa relation avec le monde de la littérature et le message qu’il voulait transmettre à travers ses récits.

« Dans Beyrouth 2020, j’ai écrit un récit intime, un collectif où j’ai fait parler beaucoup de gens sur leur vécu personnel, parce que je voulais qu’ils se retrouvent dans le livre et retrouvent la violence que j’ai éprouvée. Beaucoup n’avaient pas pu le lire vu l’état désespéré dans lequel ils se trouvaient. Et lorsqu’ils l’ont fait deux ans plus tard, ils ont pleuré. C’est dire l’effet cathartique de ce roman. Et c’est la plus belle chose que l’on puisse me dire. Il n’y a pas de message réel dans ce récit, juste des constatations, souvent amères, de l’impuissance d’un peuple qui a échoué à faire tomber les mafias qui le gouvernent. »

Si ces activités culturelles ont révélé des talents cachés d’écrivain, de dessinateur, de chanteur, de réalisateur, elles ont surtout permis à ces jeunes d’échapper, pour un temps, aux soucis qui les accablent et de lutter contre le désespoir qui menace leur vie avec toutes les crises que connaît ce pays auquel ils sont très attachés.

« S’exprimer ainsi constitue une arme de lutte et d’espoir qui leur permet de sortir de leur quotidien vers un monde rêvé », a conclu la présidente de l’ALEF.

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