
D.R.
Psychothérapeute, coach en entreprise et « catalyseur de développement personnel », Rony Mecattaf vient de publier chez Erick Bonnier La Blessure qui guérit, un témoignage bouleversant qui raconte, dans un style accessible, l’épreuve qu’il a endurée suite à l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020.
Loin de céder au désespoir, l’auteur, fort de son expérience comme thérapeute, nous délivre un message d’optimisme et de responsabilité, tout en passant en revue les différentes approches qu’il connaît bien, comme la méditation ou le chamanisme… Une leçon de vie, à découvrir et à assimiler afin de rester debout au milieu des tempêtes et de guérir en cas de blessure !
L’Orient littéraire a rencontré l’auteur pour en savoir davantage sur sa démarche.
Vous êtes l’un des rescapés de l’explosion du port qui vous a privé de l’usage d’un œil. Est-ce cette épreuve terrible qui vous a incité à écrire ce livre ?
En tout cas, elle en a été l’événement déclencheur. Encouragée par mes proches, cette entreprise de mise à nu, de témoignage et de réflexion personnelle a profité du fait qu’une certaine pudeur a pu être balayée par l’explosion du port (c’est le cas de le dire !), transformant complètement, et de manière inattendue, ce qui ne devait être initialement qu’une œuvre de fiction semi-autobiographique.
Vous affirmez que votre blessure fut pour vous une guérison. Comment expliquer ce phénomène ?
C’est pour moi un des enseignements majeurs de cette expérience, et j’espère pouvoir l’appliquer à d’autres blessures et traumatismes vécus ou à vivre. Il est clair que certains préceptes auxquels j’adhère dans ma philosophie de vie ont eu leur impact dans cette réalisation, mais c’est comme si cette blessure m’offrait l’opportunité de les tester dans la « vraie » vie. Il nous appartient de tirer les leçons de ce qui nous arrive. C’est peut-être le peu d’autonomie dont nous pouvons jouir dans nos existences éphémères. Disons que nos blessures ont toutes ce potentiel de guérison… à nous de le réaliser.
Vous racontez cette tragédie, mais vous passez aussi en revue toutes sortes d’aventures, de voyages et d’expériences vécues en tant qu’homme et en tant que psychothérapeute. Êtes-vous donc dans une quête perpétuelle ? La foi joue-t-elle un rôle dans cette quête ?
Je ne sais pas si je suis toujours « en quête », mais il est certain que je l’ai été pendant longtemps. On se calme un peu à partir de la soixantaine, mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! Je dois avouer que cette quête de sens a été un formidable moteur dans ma vie, car elle m’a offert de découvrir des personnes, des cultures et des pratiques très différentes les unes des autres, comme le bouddhisme zen ou tibétain et le chamanisme amazonien. Pour ce qui est de la foi, pour moi ce terme s’applique surtout au Vivant dans toute sa complexité et sa beauté. Elle a nourri en moi une insatiable curiosité et m’a permis toutes sortes d’explorations. Même si certaines ont été difficiles, je n’en regrette aucune.
Il n’existe aucun tabou dans votre livre. Doit-on forcément opter pour l’extrême et transgresser les codes pour aboutir à la vérité ?
On ferait bien de questionner certains tabous lorsqu’ils ne sont plus d’actualité ! Ils deviennent comme des boulets que l’on traîne sans trop savoir pourquoi. Cela dit, je n’ai jamais prôné la démesure. Choquer pour choquer ne m’intéresse pas, car cela traduit le plus souvent un désir excessif d’être vu. Je me reconnais dans une certaine exigence morale qui questionne certains coincements sociétaux, surtout lorsque leur seule raison d’être est la peur, ou bien la préservation de privilèges pour un petit groupe de personnes. Ma fibre révolutionnaire peut s’activer à cet endroit.
Quelle leçon aimeriez-vous que vos lecteurs retiennent de votre livre ?
Plus qu’une leçon, j’aimerais que ce texte soit une invitation à faire de chaque vie une expression unique de jouissance, de liberté et de responsabilité… le tout enrobé d’amour. Tout un programme !
La Blessure qui guérit de Rony Mecattaf, Erick Bonnier, 2025, 206 p.