Critiques littéraires

Retour sur soi

Retour sur soi

D.R.

Écrire à l’estime de Cathie Barreau, Éditions de la Fontaine vieille, 2025, 111 p.

Écrire à l’estime est un beau petit livre qu’on pourrait qualifier d’artisanal, fait main en quelque sorte. Les coutures apparentes lui donnent un goût de vieux chêne. C’est un livre de chevet. Les dévots des mots, ceux et celles qui vivent par eux, qui pratiquent et réfléchissent (sur) l’écriture, le liront de manière inlassable. Son titre est un terme emprunté à la navigation. Les praticiens du langage seraient ainsi des navigateurs qui conduisent leur embarcation métaphorique « au juger », s’appuyant sur les éléments, les êtres et les choses, les rives mais aussi les rêves et les profondeurs.

Le livre se compose de courts chapitres de deux ou trois pages qui abordent chacun un thème et une problématique liés au processus d’écriture et à la création littéraire. Une métacognition. Un retour sur soi, sur l’enfance, les balbutiements et l’expérience. L’autrice relate ainsi ce qui l’a nourrie. Elle partage ses réflexions de romancière mais aussi d’animatrice professionnelle d’ateliers d’écriture pendant plus de trente ans.

À titre d’exemples, la question de l’intention de l’écrivain. « Qu’est-ce que l’auteur a voulu dire ? », demande le professeur de lycée auquel Barreau oppose qu’écrire « est un désir sans objet ». La question de la genèse d’une œuvre. L’autrice de L’Oiseau blanc retrace à l’aide d’une sonde d’archéologue les origines d’un premier texte jusqu’aux derniers travaux avec l’éditeur en passant par les tâtonnements et les diverses versions. Ou la question de la traduction, cette « tâche impossible » en pensant à un mot intraduisible de Virginia Woolf, mais aussi au bonheur des « langues qui se croisent et se nourrissent » à Beyrouth où Cathie Barreau a séjourné.

La question des bibliothèques dont « chaque livre pèse une tonne », avec les histoires infinies à écrire sur chaque livre ! La question des lieux. « Ce qui reste d’un amour, c’est son paysage, ses couleurs, ses bruits, ses odeurs. Quand j’écris, je suis un lieu. » La littérature serait ainsi la conjonction, et peut-être la conjuration, du lieu et des mots.

Dans l’étymologie de « estime », il y a « aimer ». Pourquoi se met-on à écrire ? On navigue parfois au milieu d’un brouillard dense où les pistes multiples s’obscurcissent. Voyage où « écrire à l’estime » prend tout son sens.


Écrire à l’estime de Cathie Barreau, Éditions de la Fontaine vieille, 2025, 111 p. Écrire à l’estime est un beau petit livre qu’on pourrait qualifier d’artisanal, fait main en quelque sorte. Les coutures apparentes lui donnent un goût de vieux chêne. C’est un livre de chevet. Les dévots des mots, ceux et celles qui vivent par eux, qui pratiquent et réfléchissent (sur) l’écriture, le liront de manière inlassable. Son titre est un terme emprunté à la navigation. Les praticiens du langage seraient ainsi des navigateurs qui conduisent leur embarcation métaphorique « au juger », s’appuyant sur les éléments, les êtres et les choses, les rives mais aussi les rêves et les profondeurs.Le livre se compose de courts chapitres de deux ou trois pages qui abordent chacun un thème et une problématique...
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