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Politique - Liban/Irak

En visite-éclair à Bagdad, Aoun plaide pour un « marché commun » entre les pays arabes

« Nous pensons que la sécurité au Liban et en Irak sont interconnectées », a affirmé le président libanais à son arrivée à l'aéroport.

En visite-éclair à Bagdad, Aoun plaide pour un « marché commun » entre les pays arabes

Le président libanais Joseph Aoun et son homologue irakien Abdellatif Rachid à Bagdad, le 1e juin 2025. Photo X/@LBPresidency

Le président libanais Joseph Aoun, en visite de quelques heures en Irak, a appelé dimanche au cours d'une conférence de presse à l'établissement d'un « marché commun » entre les pays arabes, affirmant tirer son inspiration, pour les grands axes autour desquels il a inauguré son mandat, notamment le monopole des armes, de propos de l'ayatollah irakien Ali Sistani. S'exprimant conjointement avec le Premier ministre irakien Mohammad Chia al-Soudani, M. Aoun a remercié l'Irak pour son soutien au Liban « dans les moments les plus difficiles », grâce à ses livraisons de fuel pour alimenter les centrales électriques.

« Nous avons un besoin urgent de l’établissement d’un système d’intérêt arabe commun — un système fondé sur l’échange, le développement et la multiplication des intérêts partagés entre nos pays et nos peuples », a plaidé le chef de l’État. Il a appelé à l'établissement d'un « système arabe institutionnalisé et codifié, dans le cadre d’accords bilatéraux et conjoints, se cristallisant progressivement et de manière stable en un marché arabe commun qui organise la coopération entre toutes nos économies nationales, en facilitant la circulation des personnes, des biens et des services de toutes sortes ». Il a confié tirer son inspiration « concernant la solution à la problématique de l'identité nationale » libanaise d'une déclaration en novembre dernier de l'ayatollah Ali Sistani, dans laquelle ce dernier avait plaidé pour les principes de « compétence et d’intégrité dans les postes de responsabilité, la prévention des ingérences extérieures sous toutes leurs formes, le monopole d'État sur les armes, et la lutte contre la corruption à tous les niveaux ».

Soudani dénonce les attaques israéliennes

De son côté, M. Soudani, a dénoncé les « attaques israéliennes répétées contre la souveraineté du Liban », y voyant une « violation du droit international ». « Nous réaffirmons la nécessité de mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 » de l'ONU, a-t-il dit en allusion au texte du Conseil de sécurité qui avait acté la fin d'une précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et a depuis servi de base à l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024. La résolution stipule que seules les forces de maintien de la paix et l'armée libanaise doivent être déployées au Liban-Sud, où Israël a conservé cinq positions, malgré l'accord de cessez-le-feu. M. Soudani a également indiqué s'être entretenu avec M. Aoun des « opportunités communes dans divers domaines », « l'énergie, les télécommunications, les échanges commerciaux ».

Dominé par une coalition de partis politiques chiites pro-iraniens, le gouvernement irakien entretient de longue date des rapports étroits avec le Liban. L'Irak a ainsi accueilli à l'automne 2024 des milliers de réfugiés libanais, majoritairement chiites, ayant fui la guerre et les bombardements meurtriers d'Israël sur les villages du sud et d'autres bastions du Hezbollah. Les groupes armés irakiens pro-iraniens sont également des alliés indéfectibles du Hezbollah. Depuis l'été 2021, l'Irak, riche en hydrocarbures, fournit en outre des tonnes de carburant au Liban, empêtré dans une grave crise économique, pour alimenter ses centrales électriques. Début mai, Beyrouth a aussi évoqué une livraison à venir de 320 000 tonnes de blé envoyés par Bagdad.

« Le remède vient d'Irak »

Joseph Aoun a dans ce cadre « sincèrement remercié » l'Irak pour « les dons, contributions et aides » apportés à son pays, affirmant que « chaque Libanais, à chaque crise, croit désormais réellement que le remède vient d'Irak », en allusion à un dicton utilisé dans la région. « Ce n’est pas seulement un dicton, mais une réalité concrète », a déclaré M. Aoun.

À son arrivée à Bagdad, le président de la République avait en outre évoqué avec les responsables irakiens la coopération sécuritaire, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Il avait souligné que « la sécurité au Liban et en Irak sont interconnectées », et que faire face aux défis nécessite des « efforts concertés et un échange d'expertise et d'informations entre les institutions concernées ».

Outre son entretien avec M. Soudani, le président libanais a été reçu par le président irakien, Abdellatif Rachid. Il s'est ensuite rendu au patriarcat chaldéen à Bagdad, où il a été accueilli par le patriarche Louis Sako.

Enfin, il s'est entretenu au téléphone avec le fils du guide religieux, Ali Sistani, Mohammad Reza, afin de s'enquérir de l'état de santé du guide suprême, exprimant l'espoir de le rencontrer prochainement.

Polémique sur le Hachd el-Chaabi et sommet arabe

Cette visite express à Bagdad a eu lieu après qu'une polémique avait éclaté mi-mai à quelques jours du sommet arabe organisé à Bagdad, en raison de l'absence à cet événement de Joseph Aoun. La présidence avait indiqué que cette absence était due au fait que le président et son épouse Neemat Aoun étaient attendus à la messe inaugurale du nouveau pape Léon XIV, qui avait lieu le même jour, sans y voir de raisons politiques. Cette controverse avait eu lieu après une déclaration du chef de l’État concernant le désarmement du Hezbollah et l'intégration de ses combattants dans l'armée, et dans laquelle il avait évoqué l'expérience irakienne. Il avait appelé à ne pas reproduire « l’expérience du Hachd el-Chaabi irakien, en intégrant le Hezbollah dans l’armée ou en faisant du Hezbollah une unité indépendante au sein de celle-ci ». Le Hachd el-Chaabi est une coalition de groupes paramilitaires majoritairement pro-iraniens, intégrée à l’appareil d’État irakien.

Le Liban avait été alors représenté à Bagdad par le Premier ministre Nawaf Salam.

Le président libanais Joseph Aoun, en visite de quelques heures en Irak, a appelé dimanche au cours d'une conférence de presse à l'établissement d'un « marché commun » entre les pays arabes, affirmant tirer son inspiration, pour les grands axes autour desquels il a inauguré son mandat, notamment le monopole des armes, de propos de l'ayatollah irakien Ali Sistani. S'exprimant conjointement avec le Premier ministre irakien Mohammad Chia al-Soudani, M. Aoun a remercié l'Irak pour son soutien au Liban « dans les moments les plus difficiles », grâce à ses livraisons de fuel pour alimenter les centrales électriques.« Nous avons un besoin urgent de l’établissement d’un système d’intérêt arabe commun — un système fondé sur l’échange, le développement et la multiplication des intérêts partagés entre nos pays...
commentaires (5)

Ouverture des frontières, accord avec des pays pour permettre un marché commun, etc.. n’est ce pas mettre la charrue avant les bœufs. Ça n’est pas comme si notre état avait pris le contrôle de tout son territoire. Il faut commencer par le commencement et en finir avec tous ceux qui nous ont isolé pour mieux nous ruiner et dominer, sinon c’est patrie remise et tous ces projets prendront l’eau avant même d’être évoqués ou signés.

Sissi zayyat

12 h 30, le 02 juin 2025

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Commentaires (5)

  • Ouverture des frontières, accord avec des pays pour permettre un marché commun, etc.. n’est ce pas mettre la charrue avant les bœufs. Ça n’est pas comme si notre état avait pris le contrôle de tout son territoire. Il faut commencer par le commencement et en finir avec tous ceux qui nous ont isolé pour mieux nous ruiner et dominer, sinon c’est patrie remise et tous ces projets prendront l’eau avant même d’être évoqués ou signés.

    Sissi zayyat

    12 h 30, le 02 juin 2025

  • Merci Monsieur le Président de nous réconcilier avec les pays de la région que dont nous avait sciemment éloignés pour mieux faire rentrer le Liban dans les ténèbres.

    KHL V.

    10 h 14, le 02 juin 2025

  • Bravo Joseph Aoun de réchauffer les liens avec les pays de la région. Infatigable défenseur de la cause libanaise. Nos anciens dirigeants vendus nous avaient sciemment isolés du monde pour mieux changer l’dentité de notre pays. L’Irak nous a effectivement beaucoup aidés, mais celà n’a pas empêché le Président de rejeter publiquement et fortement le modèle irakien dl’intégration de la milice armée dans l’armée. Ce monsieur a du courage. Quelle différence entre un Aoun et un autre !

    Goraieb Nada

    06 h 05, le 02 juin 2025

  • Avant de regarder ailleurs il faudrait régler les problèmes le plus urgents à l’intérieur Dans la vie il faut bien apprendre à prioriser

    William SEMAAN

    01 h 08, le 02 juin 2025

  • Des contradictions : MARCHE et COMMUN et PAYS et ARABE ( S ) . ENTRE : espace et temps chose inconnue ..

    aliosha

    20 h 02, le 01 juin 2025

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