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Environnement - Changement climatique

Assurer une transition écologique équitable : défis et solutions discutés à Beyrouth

L’organisation « Arab Reform Initiative » a tenu sa conférence internationale annuelle sur la transition environnementale en temps de crises et de conflits.

Assurer une transition écologique équitable : défis et solutions discutés à Beyrouth

Travailleurs agricoles dans la vallée de la Békaa au Liban, un centre agricole pour le pays. Photo d'archives João Sousa/L'Orient-Le Jour

Comment assurer une transition vers un monde plus écologique et durable en incluant toutes les catégories de la population et en tenant compte des risques accrus dans un Moyen-Orient en crise ? Cette question a été débattue les 12 et 13 mai à Beyrouth lors de la 6e conférence annuelle internationale de l’organisation « Arab Reform Initiative » (ARI) sur la transition environnementale en temps de crises et de conflits. L’occasion de constater que les questions sont bien plus nombreuses que les réponses dans un monde changeant.

Inclusivité et accès à l’information

« Pour que la transition écologique réussisse, il faut que les personnes qu’elle affecte le plus puissent en comprendre les enjeux », explique à L’Orient-Le Jour Mamadou Lamine Ba, président de l’organisation MeetinAfrika au Sénégal. L’inclusivité et l’accès à l’information sont donc indispensables pour assurer une transition écologique équitable. Selon l'expert, inclure les agriculteurs dans les discussions permet de tenir compte de leur point de vue et de les reconnaître comme sources de solutions.

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Pour améliorer l’accès à l'information, il faudrait adapter la démocratie aux impératifs de la transition écologique. Pour cela, la réponse vient peut-être d’Amérique latine. « Nous avons cherché à institutionnaliser le dialogue social et lancé un accord régional sur le droit d’accès à l’information et à la protection judiciaire des défenseurs de l’environnement, signé par 24 pays », explique l’Argentin Joaqin Etorena, consultant en transition équitable et en développement durable, à L'OLJ. « Cet outil a des implications pratiques et légales directes. Il pourrait servir d’exemple pour d’autres régions où l'on souffre des mêmes maux, tels que le manque de transparence, la persécution et les poursuites contre les activistes », poursuit-il.

Exportation agricole vs résilience

Développer le dialogue dans un monde changeant aurait donc pour objectif de rendre les politiques plus adaptées et inclusives. Mais les politiques inadaptées en terrain risqué sont un problème que le Liban connaît bien. « Les politiques agricoles héritées des années 1960 et principalement orientées vers l’exportation sont inégalitaires et inadaptées au changement climatique », souligne Zeead Yaghi, chercheur en justice alimentaire auprès de ARI et de TIMEP (Tahreer Institute for Middle East Policy) et conférencier à l’Université américaine de Beyrouth.

« Nous dépendons alors des importations pour notre propre marché, ce qui signifie que notre situation sécuritaire doit être bonne et nos réserves financières suffisantes pour acheter notre nourriture de l’étranger… » explicite-t-il. Or les crises et les guerres de ces dernières années mettent le Liban dans une situation de précarité dès qu’il faut acquérir les denrées qui lui sont nécessaires.

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Ces politiques non seulement fragilisent le secteur mais sont profondément inégalitaires, parce qu’elles favorisent les grands agriculteurs au détriment des plus petits, en raison d’un meilleur accès au soutien de l’État et des donateurs.

Dans ce contexte, la crise climatique vient aggraver la situation. Zeead Yaghi souligne qu’avec la tendance accrue à la sécheresse, la dépendance à l’exportation est préjudiciable : « Pour répondre à la demande des marchés, les graines utilisées sont le plus souvent étrangères donc moins résistantes sous nos cieux, tout comme la prédominance de la monoculture (pour des productions adaptées aux demandes) affecte la diversité nécessaire à une agriculture plus résistante. »

Vision commune et shift en communication

En Afrique et au Moyen-Orient, « la priorité des pays devrait être l’adoption d’une vision commune dans la planification pour assurer l’inclusivité de toutes les catégories de population », souligne Lamine Ba. Le défi suivant, selon lui, reste le financement puisque les pays s’endettent souvent pour assurer l’adaptation aux changements climatiques. L’une des solutions à ces dettes grandissantes pourrait être de séparer la « dette climatique » ou « dette verte » du bilan global du pays, en la soumettant à un régime différent de la dette globale.

Rendre le système plus inclusif et plus résilient revient aussi à protéger les ressources, hydrauliques et autres, et l’agriculture locale, en vue d’assurer la souveraineté alimentaire. « Le gouvernement libanais actuel pourrait ouvrir davantage le marché aux petits producteurs, et sécuriser ceux-ci par des avantages tarifaires, ainsi que la création d’un fonds qui leur permettrait de ne pas recourir à l’endettement à chaque crise, climatique ou autre », poursuit-il.

Comment assurer une transition vers un monde plus écologique et durable en incluant toutes les catégories de la population et en tenant compte des risques accrus dans un Moyen-Orient en crise ? Cette question a été débattue les 12 et 13 mai à Beyrouth lors de la 6e conférence annuelle internationale de l’organisation « Arab Reform Initiative » (ARI) sur la transition environnementale en temps de crises et de conflits. L’occasion de constater que les questions sont bien plus nombreuses que les réponses dans un monde changeant.Inclusivité et accès à l’information« Pour que la transition écologique réussisse, il faut que les personnes qu’elle affecte le plus puissent en comprendre les enjeux », explique à L’Orient-Le Jour Mamadou Lamine Ba, président de l’organisation MeetinAfrika au Sénégal....
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