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Politique - Décryptage

Le retour de l’influence saoudo-syrienne au Liban ?


À quelques jours de la visite annoncée de l’envoyée spéciale américaine Morgan Ortagus à Beyrouth et après la déclaration choc dans laquelle elle demande aux Libanais de suivre l’exemple du président syrien Ahmad el-Chareh, sans donner plus de précisions, le Liban officiel retient son souffle. La période est délicate pour la région, l’actualité semble s’accélérer et les responsables libanais se sentent pressés d’agir, alors que dans les coulisses politiques on parle du retour à « l’influence SS » (saoudo-syrienne) sur le Liban. Celle-ci s’était concrétisée par la visite-éclair à Beyrouth du roi Abdallah d’Arabie et du président syrien de l’époque Bachar el-Assad le 30 juillet 2010, et elle avait placé le pays sous une sorte de tutelle conjointe... jusqu’à l’éclatement de la guerre en Syrie.

De fait, l’événement des dernières semaines, à savoir la rencontre entre le président américain Donald Trump, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammad ben Salmane et Ahmad el-Chareh, continue de peser sur la scène régionale, et aussi bien les informations que les interprétations de cette rencontre sont multiples. Selon des sources diplomatiques, le Liban a été forcément mentionné et d’ailleurs, après cette rencontre, le président américain a déclaré que le Liban est devant une chance rare de connaître une période de développement et d’en finir avec l’influence du Hezbollah.

À sa manière un peu brutale, Donald Trump a donc lié les deux points, la prospérité et la nécessité d’en finir avec le Hezb. Mais comment cela peut-il se réaliser alors que le Hezbollah continue à jouir d’une grande popularité au sein de la communauté chiite et d’une influence certaine sur les institutions de l’État ?

Depuis l’élection présidentielle du 9 janvier et le discours d’investiture du président Joseph Aoun, ce dernier ne cesse de répéter que la décision du monopole des armes par l’État a été prise et sera exécutée. En quatre mois, l’armée a certes démantelé la plus grande partie de l’infrastructure du Hezbollah dans la région au sud du Litani, de l’avis même de la Finul, mais pour ceux qui, à l’intérieur et à l’extérieur, attendent plus, ce n’est pas assez.

C’est pourquoi l’interrogation est aujourd’hui la suivante : est-il question de faire intervenir une partie non libanaise pour accélérer le processus de « désarmement du Hezbollah » ? Sans avoir de données certaines, de plus en plus de parties au Liban laissent entendre que le prince héritier d’Arabie aurait suggéré de confier cette mission au président syrien, qui devrait connaître ce dossier, ayant mené une partie de la confrontation entre les groupes extrémistes syriens d’un côté, l’armée et le Hezbollah de l’autre, en 2017. Ces mêmes protagonistes précisent qu’il y a encore actuellement en Syrie de nombreux combattants étrangers dont le nouveau régime devrait se débarrasser, et le meilleur moyen de le faire serait de les engager dans des combats à la frontière libano-syrienne au niveau de la Békaa du Nord avec les combattants du Hezbollah. Comme cela, les forces de cette formation seraient non seulement neutralisées au Sud, mais aussi dans la Békaa, et les combattants étrangers seraient occupés loin de l’intérieur syrien.

Le scénario circule de plus en plus et on parle d’un retour à l’influence conjointe saoudo-syrienne sur le Liban. Mais pour l’instant, il n’y a pas d’éléments concrets qui permettent de croire à sa réalité. Selon des sources politiques libanaises, les éléments mis bout à bout pour dessiner un tel scénario ne seraient pas liés entre eux. Ces mêmes sources sont catégoriques : rien ne permet de croire qu’un tel scénario existe. S’il est vrai que la communauté internationale – en particulier les Américains et leurs alliés du Golfe – presse le Liban de fermer au plus vite le dossier des armes du Hezbollah, aucun indice ne permet de croire qu’elle serait prête à confier cette mission au nouveau président syrien ou à des factions armées en Syrie. Les déclarations qui ont été faites récemment s’inscrivaient plutôt dans la volonté de faire pression sur les responsables libanais pour accélérer le processus du monopole des armes par l’État. Toujours selon les mêmes sources, certaines parties au sein de la communauté internationale ont le sentiment que le président Joseph Aoun, qui a décidé de s’occuper de ce dossier, prend son temps et ne semble pas pressé d’agir concrètement. Entre-temps, les Israéliens s’impatientent et craignent que le Hezbollah réussisse à reconstituer ses forces.

Le Hezb, lui, reste dans le flou à ce sujet. Il affirme qu’il a appliqué ce qui lui était demandé dans la zone au sud du Litani, et pour le reste, il est prêt à un dialogue « franc » et « sincère » sur les meilleurs moyens de protéger et de défendre le Liban. Certains l’accusent d’être derrière les rumeurs sur d’éventuelles attaques contre la Békaa en provenance de la Syrie, pour justifier le maintien de ses armes au nord du Litani, mais d’autres pensent que la situation est trop complexe pour être résolue rapidement dans le cadre d’un dialogue bilatéral entre le chef de l’État et le Hezbollah. Surtout que jusqu’à présent, les Israéliens n’ont exécuté aucune des conditions prévues dans l’accord du 27 novembre 2024. Il faudrait donc que les Israéliens fassent preuve de bonne volonté pour voir ensuite quel est le meilleur moyen de protéger le pays. Quant au régime syrien, il a trop à faire à l’intérieur pour contrôler son territoire et reconstituer ses institutions, avant de se lancer dans un conflit avec le Liban.

À quelques jours de la visite annoncée de l’envoyée spéciale américaine Morgan Ortagus à Beyrouth et après la déclaration choc dans laquelle elle demande aux Libanais de suivre l’exemple du président syrien Ahmad el-Chareh, sans donner plus de précisions, le Liban officiel retient son souffle. La période est délicate pour la région, l’actualité semble s’accélérer et les responsables libanais se sentent pressés d’agir, alors que dans les coulisses politiques on parle du retour à « l’influence SS » (saoudo-syrienne) sur le Liban. Celle-ci s’était concrétisée par la visite-éclair à Beyrouth du roi Abdallah d’Arabie et du président syrien de l’époque Bachar el-Assad le 30 juillet 2010, et elle avait placé le pays sous une sorte de tutelle conjointe... jusqu’à l’éclatement de la guerre en...
commentaires (7)

C'est une chose que je n'ai jamais compris: Pourquoi faut il toujours que nous soyons sous l'influence de quelqu'un? Nous avons et la volonté et la capacité de prendre nos propres décisions, de gérer nos propres affaires et surtout de défendre nos propres intérêts. Au lieu de continuellement ressasser des inepties de la sortes, vous journalistes devraient être a la pointe du changement des mentalités et combattre ce genre de stupidités en commençant déjà par dire la vérité en mettant la lumière sur les faits, les vrais, et non sur la propagande mythomane de certains. La bêtise ont en a marre!

Pierre Christo Hadjigeorgiou

11 h 19, le 22 mai 2025

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Commentaires (7)

  • C'est une chose que je n'ai jamais compris: Pourquoi faut il toujours que nous soyons sous l'influence de quelqu'un? Nous avons et la volonté et la capacité de prendre nos propres décisions, de gérer nos propres affaires et surtout de défendre nos propres intérêts. Au lieu de continuellement ressasser des inepties de la sortes, vous journalistes devraient être a la pointe du changement des mentalités et combattre ce genre de stupidités en commençant déjà par dire la vérité en mettant la lumière sur les faits, les vrais, et non sur la propagande mythomane de certains. La bêtise ont en a marre!

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 19, le 22 mai 2025

  • Ms Haddad’s scenario is far fetched and may as well be a figment of her imagination ‘diplomatic sources’ notwithstanding’.

    EL KHALIL ABDALLAH

    11 h 55, le 21 mai 2025

  • « le prince héritier d’Arabie aurait suggéré de confier cette mission au président syrien » Le comble de l’humiliation est d’avoir recours aux conseils d’un ancien égorgeur pour le redressement d’un pays qui plus est indécrottable. Ce serait également une claque assénée à une souveraineté déjà agonisante. Un article de taille qui témoigne de la précarité de la situation ainsi que les ingérences incessantes dans nos affaires internes.

    Hitti arlette

    10 h 46, le 21 mai 2025

  • Ces rumeurs insensées lancées par un hezbollah vaincu qui lutte pour sa survie ne passent plus. Pas nécessaire de faire appel à chareh pour mater la milice. L’armée libanaise et l’Etat libanais sont en train de le faire. Sans parler de ceux qui contrôlent l’application de l’accord de trêve signé par ce même hezb. L’accord franc et sincère proposé par la milce pour “défendre” le Liban est une blague. Sa guerre stupide a été menée pour défendre son collègue d’infortune le Hamas, et pas du tout le Liban. Que certains croient encore à la réthorique de la milice devient un peu ridicule.

    Goraieb Nada

    06 h 53, le 21 mai 2025

  • Et voilà! Un nouveau scénario ridicule à la Netflix sauce SH.

    Lecteur excédé par la censure

    06 h 31, le 21 mai 2025

  • Il n’y aurait pas d’influence externe sans des traitres et profiteurs internes qui acceptent de se laisser influencer…

    Gros Gnon

    05 h 55, le 21 mai 2025

  • Good try Scarlett’s

    Zampano

    04 h 09, le 21 mai 2025

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