
Vue d’ensemble sur Beyrouth. Photo fournie par Guillaume Boudisseau
Malgré une situation sécuritaire toujours fragile, le marché immobilier à Beyrouth reprend progressivement des couleurs depuis cinq mois. Cette relance fait suite au cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, l’élection d’un président de la République et la désignation d’un Premier ministre qui a formé un nouveau gouvernement. Par conséquent, une nouvelle dynamique s’est logiquement enclenchée.
En suspens pendant les mois de 2024 les plus critiques de la guerre entre Israël et le Hezbollah, la demande pour l’achat d’appartements à Beyrouth s’est rapidement accélérée début 2025. Cela s’est concrétisé par de nombreuses ventes en l’espace de quelques semaines. Beaucoup d’acheteurs avaient mis en pause leur décision d’achat au plus fort de la guerre en 2024. Ayant une bonne connaissance des disponibilités et des prix, ils ont finalisé leur achat dès que la situation s’est éclaircie.
Les produits haut de gamme restent demandés et peuvent dépasser les 5 000 à 6 000 dollars le mètre carré (m2) pour des biens d’exception. Certains clients sont prêts à mettre le prix pour acquérir un logement dans l’un des plus luxueux immeubles de la ville.
Globalement, les prix dans les quartiers prisés de Ras Beyrouth et d’Achrafieh s’étirent de 2 500 à 3 500 dollars le m2 selon les prestations, l’emplacement, les surfaces et les étages. À l’opposé, les appartements qui ont besoin de travaux et sont situés dans des immeubles mal entretenus s’échangent entre 1 000 et 1 500 dollars le m2. Les acheteurs les plus actifs sont conscients des incertitudes locales et régionales mais restent persuadés que c’est le bon moment d’acquérir un logement dans un marché où les disponibilités restent limitées.
L’attitude des promoteurs symbolise incontestablement cette nouvelle dynamique. Plusieurs parcelles ont été achetées ces dernières semaines à Raouché, à Furn el-Hayek et à Mar Mikhaël. Les meilleurs emplacements ont atteint une incidence foncière (prix de la parcelle divisé par les mètres carrés vendables) de 1 500 dollars le m2 vendable. Cette incidence tombe à 500 dollars le m2 vendable dans des quartiers plus « populaires » comme dans la ceinture d’Achrafieh.
Le redémarrage des chantiers dans l’ensemble de la capitale est un signe positif. De fin 2019 à 2023, presque aucun chantier n’avait été lancé. La crise financière avait contraint les promoteurs à se mettre en retrait. Certains se sont expatriés à l’étranger. Mais depuis quelques mois, la reprise se concrétise. Le nombre de nouveaux projets ne cesse d’augmenter. Les réseaux sociaux ne cessent d’en faire le marketing.
La moyenne des prix sur plan aux premiers étages varie de 3 000 à 3 800 dollars le m2 dans les quartiers de Koraytem, Hamra, Monnot et Jeïtaoui. Les prix des appartements en construction à Ras el-Nabeh se situent autour de 2 500 dollars le m2 et ceux à Kaskas autour de 2 250 dollars le m2.
Les promoteurs ne sont pas freinés par l’absence de prêts bancaires qui pénalise la classe moyenne. Pour pallier cette contrainte, leur stratégie est de proposer principalement des petites surfaces. Les annonces pour des studios et des logements d’une chambre se multiplient. Il faut prévoir de 300 000 à 315 000 dollars pour une surface de 75 à 90 m2. La facture monte à plus de 400 000 dollars pour une superficie de 117 m2. Tous ces produits sont principalement des placements. Ils ciblent les investisseurs qui ne veulent plus placer leur épargne en banque, alors que la crise de 2019 est loin d’être digérée.
De leur côté, les familles à la recherchent d’un logement de trois chambres à coucher et ne disposant pas de prêts bancaires, peuvent difficilement acheter sur plan. Par défaut, elles doivent se rabattre sur des biens anciens, donc moins chers mais avec des travaux à prévoir.
