
Le couple présidentiel libanais accueilli par le pape Léon XIV. Photo fournie par le bureau de la présidence
Le pape Léon XIV a affirmé au président libanais Joseph Aoun et à la Première dame Neemat Aoun, à l'issue de la messe inaugurale de son règne, qu'il continue à « œuvrer pour la paix au Liban et dans la région ».
Le chef de l’État et son épouse ont échangé quelques mots avec le souverain pontife, après l'office religieux célébré sur la place Saint-Pierre au Vatican et auquel ils ont assisté. Dans un communiqué, le bureau de la présidence a fait savoir que le président avait invité le pape à se rendre au Liban : « Nous apprécions hautement votre déclaration de faire tout le nécessaire pour la paix au Liban », a ainsi affirmé Joseph Aoun. Le pape a alors répondu qu'il priait « pour la sécurité, la stabilité du Liban et le bonheur de son peuple » et continuait à « œuvrer pour la paix au Liban et dans la région ».
Le 14 mai, au cours d'une rencontre avec des représentants des Églises d'Orient au Vatican, le souverain pontife avait déjà affirmé sa volonté de « tout mettre en œuvre pour que la paix se répande de la Terre Sainte à l'Ukraine, du Liban à la Syrie, du Moyen-Orient au Tigré (Éthiopie) et au Caucase ». « La guerre n'est jamais inévitable, les armes peuvent et doivent se taire, car elles ne résolvent pas les problèmes, elles les aggravent », avait ajouté Léon XIV.
Plus tôt dimanche, pendant la messe sur la place Saint-Pierre, le pape avait donné le ton de son pontificat en dénonçant une économie exploitant la nature et marginalisant les pauvres, devant des dizaines de milliers de personnes et un parterre de dirigeants étrangers, dont le vice-président américain JD Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dix jours après son élection, le nouveau guide spirituel des 1,4 milliard de catholiques a également insisté sur la paix et l'unité au cours de cette messe solennelle célébrée en plusieurs langues et sous haute sécurité, en présence de quelque 200.000 personnes, selon les autorités italiennes.
Une messe riche en rites et symboles
« À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l'autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres », a déploré le premier pape américain, qui a lui-même vécu deux décennies dans une région déshéritée du Pérou. Il confirme ainsi l'orientation sociale qu'il entend donner à son action, après le choix de son nom de règne en hommage à Léon XIII (1878-1903), le père de la doctrine sociale de l’Église qui avait dénoncé l'exploitation des ouvriers à la fin du XIXe siècle.
Au cours d'un office religieux riche en rites et symboles, le pape est apparu ému en recevant les emblèmes pontificaux, le pallium, une bande d'étoffe qui se porte sur la chasuble, et l'anneau du pêcheur, une bague rendue inutilisable après la mort de chaque pape. Disant sa « gratitude », il a insisté sur « l'unité » de l’Église, appelant à « la charité » plutôt que « d'emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir ».
Avant la cérémonie, le pape de 69 ans est allé pour la première fois en papamobile au contact des fidèles. Debout et souriant, il a salué et béni la foule qui l'a applaudi, certains criant son nom, d'autres agitant des drapeaux de leur pays d'origine ou le filmant avec leur smartphone. « C'est la bonne personne au bon moment et il fera certainement ce qu'il a promis, il abattra des murs et construira des ponts », a confié Maria Grazia La Barbera, 56 ans, une Sicilienne venant de Palerme. Elle s'est aussi dite convaincue que Léon XIV continuera « les batailles ouvertes par le pape François ».
Un monde nouveau
Le vice-président américain JD Vance - dernier dirigeant à rencontrer le pape François, le 20 avril à la veille de sa mort - était présent à la messe aux côtés du secrétaire d’État Marco Rubio, ces deux responsables étant d'ailleurs de fervents catholiques. JD Vance a échangé dimanche une brève poignée de mains avec le nouveau pape, mais n'a pas été reçu en audience privée. Il pourrait toutefois le voir lundi avant son retour aux États-Unis.
L'élection de Léon XIV, natif de Chicago, a suscité un vif enthousiasme aux États-Unis même s'il s'était opposé à la politique antimigratoire de l'administration Trump, notamment sur son compte X, supprimé depuis. Sophia Tripp, une Américaine de 20 ans étudiant justement à Chicago, s'attend à ce qu'il y ait « davantage de poids (sur ses épaules) parce qu'il est Américain ». « Je crois qu'il va y avoir davantage d'yeux fixés sur lui, peut-être des critiques, à cause de son origine », prédit-elle.
Le pape a aussi appelé à « construire un monde nouveau où règne la paix », un message à la résonance particulière alors qu'étaient présents les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky, qu'il doit recevoir en audience privée dimanche, et israélien Isaac Herzog, dont les pays sont déchirés par la guerre. A l'issue de la messe, il a d'ailleurs évoqué l'Ukraine « martyrisée » dans l'attente de « négociations pour une paix juste et durable » et Gaza, où « les enfants, les familles, les personnes âgées qui survivent souffrent de la faim ».
Des représentants d'autres religions étaient également présents, notamment juifs et musulmans. Les têtes couronnées ne manquaient pas à l'appel, avec les souverains belges Philippe et Mathilde, espagnols Felipe VI et Letizia, mais aussi monégasques, Albert II et Charlène.
Au cours de sa première semaine en tant que pape, Léon XIV avait déjà profité de ses audiences pour lancer ses premiers appels, de la libération des journalistes emprisonnés à la proposition de médiation aux belligérants du monde entier. Devant le corps diplomatique vendredi, il avait appelé à lutter contre les « inégalités mondiales » et les « conditions de travail indignes » tout en défendant une vision de la « famille fondée sur l'union stable entre un homme et une femme ».