
Dans un bureau de vote au Mont-Liban, le 4 mai, un policier et une dame marche dans les couloirs. Photo Mohammad Yassine/L’OLJ
Le deuxième dimanche électoral, qui avait lieu au Liban-Nord et dans le Akkar, ne s’est pas déroulé sans heurts : 675 plaintes et réclamations ont été enregistrées, parmi lesquelles 143 incidents sécuritaires et près de 120 altercations et bagarres qui ont perturbé le processus, selon un bilan communiqué lundi par le ministre de l'Intérieur Ahmad Hajjar. Lors d'une conférence de presse, M. Hajjar a néanmoins déclaré que « le processus électoral dans le Nord et au Akkar s’est déroulé de manière satisfaisante malgré certaines difficultés survenues dès samedi et qui ont persisté en partie dimanche, notamment des incidents sécuritaires dans certains centres. » Commentant pour sa part ces incidents dans un communiqué, le Premier ministre Nawaf Salam a affirmé qu'aucun contrevenant « ne sera couvert ».
Dans ce contexte, le ministre a fait état de sept arrestations « à cause d'incidents sécuritaires », et a révélé que 15 cas de « soupçon de fraude électorale sont en cours de vérification », relevant également un potentiel cas de falsification de document, dans lequel un suspect a été arrêté. À la suite des tirs survenus après l'annonce des résultats, qui ont fait « plusieurs blessés, dont un cas grave », il a appelé les citoyens « à cesser cette pratique ». Une journaliste de la LBCI Nada Andraos et un jeune homme du Akkar, Mohammad Khaled, ont notamment été blessés par des balles perdues issues d'intenses tirs de célébration qui ont provoqué des scènes de chaos dans plusieurs régions du Liban-Nord, dimanche soir après l'annonce des résultats des élections municipales.
« Des arrestations sont en cours, l’armée libanaise a lancé des perquisitions, et 34 personnes ont été arrêtées jusqu’à présent », a déclaré M. Hajjar. « Un travail est en cours pour interdire la détention d’armes sans permis et pour étendre l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais. L’État prend cela au sérieux. Les tirs proviennent de citoyens et non d’un parti en particulier. Des poursuites sérieuses seront engagées contre les tireurs », a-t-il ajouté.
Outre les incidents sécuritaires, le ministre s’est également exprimé sur l’échange avec le gouverneur du Liban-Nord, Ramzi Nohra, la veille. Lors de son intervention devant la presse, M. Hajjar avait alors sèchement fait taire le mohafez qui commentait ses déclarations, en lui rétorquant qu'il était « en train de parler ». Commentant l'échange, il a indiqué qu'une personne « avait déposé une plainte contre le comportement du gouverneur du Nord, qui a voulu se défendre. Cependant, il était inapproprié de le faire devant les médias. Je lui ai demandé de me laisser exercer mon droit de réponse. Personne n’est au-dessus de la reddition de comptes et tout fonctionnaire doit être tenu responsable de ses actes. »
Le ministre a par ailleurs confirmé les taux de participation dans le Nord et dans le Akkar, qui ont atteint les 43,29 %, soit 37,25 % dans le Nord et 49,33 % dans le Akkar.
Les tirs en l'air, un « phénomène honteux »
Dans un communiqué séparé, le ministère de l'Intérieur a démenti des informations circulant sur les réseaux sociaux concernant une urne qui aurait été volée dans le Akkar. « Toutes les urnes des deux mohafazats » où ont eu lieu dimanche les élections « ont été réceptionnées après dépouillement, sous la surveillance des Forces de sécurité intérieure », a précisé le bureau de presse du ministère. Le ministère de l'Intérieur a par ailleurs annoncé avoir publié sur son site internet les résultats définitifs des élections pour les cazas de Bécharré, de Batroun, de Zgharta et du Koura.
De son côté, le Premier ministre Nawaf Salam a souligné que « les élections dans le Nord ont réussi grâce à la gestion responsable du ministère de l'Intérieur ». Il a affirmé que des « mesures strictes » seront appliquées pour lutter contre la corruption électorale et que des enquêtes sont en cours pour atteindre les sources de cette corruption et ouvrir des procédures judiciaires. « Personne ne sera couvert », a-t-il ajouté dans un communiqué. Concernant les tirs de célébration, M. Salam a indiqué qu'ils sont « moralement et légalement inacceptables » et qu'il s'agit d'un « phénomène honteux et rétrograde qui doit cesser ». « Les agences sécuritaires concernées, en particulier l'armée, ont arrêté de nombreux tireurs », a-t-il indiqué.
Dimanche prochain, ce sera au tour des électeurs de Beyrouth et de la Békaa de se rendre aux urnes, suivis le samedi 24 mai de ceux du Liban-Sud.
Le mohafez de la Békaa, Kamal Abou Jaoudé, a annoncé la création de trois cellules de crise destinées à recevoir les plaintes et à les traiter. Elles seront opérationnelles le 18 mai 2025, jour des municipales dans la région, dès 6 heures du matin. Voici quelques numéros de téléphone utiles :
• Pour la Békaa : 08/808210 et 03/868522
• Pour la Békaa-Ouest : 08/660023 et 03/447625
• Pour Rachaya : 08/595001 et 03/998394