
Le président américain Donald Trump s'exprime lors de la signature d'une loi relative aux politiques de consommation énergétique des ménages, dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 9 mai 2025. Photo : Saul Loeb / AFP
Lors d’une réunion à huis clos avec des donateurs cette semaine dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, le président américain Donald Trump a reconnu que ses efforts diplomatiques pour résoudre les conflits dans la bande de Gaza et en Ukraine s’avéraient bien plus complexes que prévu, rapporte samedi le Wall Street Journal (WSJ), qui s’appuie sur plusieurs témoignages de personnes présentes.
Sur Gaza, où les bombardements quotidiens ont tué plus de 3 000 Palestiniens depuis la reprise de l'offensive israélienne le 18 mars, rompant le cessez-le-feu conclu mi-janvier peu avant sa prise de fonction à la Maison-Blanche, M. Trump a admis qu'une résolution du conflit était « particulièrement difficile ». « Ils se battent depuis mille ans », a-t-il lâché, à propos des rapports entre Israéliens et Palestiniens.
« Leur approche a porté ses fruits »
Cette déclaration illustre le désenchantement du président après plus de 100 jours de mandat, lui qui avait promis durant sa campagne de mettre fin « en quelques jours » à la crise au Moyen-Orient, ainsi que celle entre l'Ukraine et la Russie. « Trump et son équipe se sont concentrés sans relâche sur la paix mondiale et la protection des Américains et de nos alliés », a déclaré vendredi une porte-parole de la Maison Blanche, Anna Kelly. « Leur approche a porté ses fruits : les houthis ont accepté un cessez-le-feu, 47 Américains détenus à l’étranger sont rentrés, les pays de l’OTAN augmentent leurs dépenses de défense, la Chine est dissuadée, et nous sommes plus proches que jamais de la paix entre la Russie et l’Ukraine ».
Cette semaine, le cabinet israélien a approuvé un plan prévoyant l’occupation totale de la bande de Gaza si le mouvement Hamas ne libérait pas les otages restants, estimés à 58 par l'armée israélienne, dont 34 ont été déclarés morts. Le cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait donné jusqu’à la fin de la visite de Trump au Moyen-Orient, prévue la semaine prochaine, avant de mettre son plan à exécution, précise le WSJ.
En amont de cette tournée inédite, M. Trump s’est entretenu avec le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, lors d'une rencontre confidentielle jeudi à la Maison-Blanche, a rapporté le site Axios, citant deux sources informées de la réunion. Les échanges ont porté sur de nouveaux plans d’Israël dans son offensive à Gaza, ainsi que sur les négociations en cours entre Washington et Téhéran. « Nous avons été choqués que l'administration Trump ne nous ait rien dit et que nous l'ayons appris par la télévision », a confié un responsable israélien au média américain, à propos de l’accord de cessez-le-feu conclu cette semaine par Washington avec les rebelles houthis au Yémen.
Toutefois, si certains responsables de l'administration américaine sont irrités par la reprise des attaques israéliennes, Donald Trump continue de parler de reconstruction et soutient tacitement la poursuite des opérations militaires israéliennes tant que le Hamas ne relâche pas les captifs israéliens, « priorité absolue » du chef de l'État américain, selon sa porte-parole. « Je peux insister sur ce qui tient à cœur au président en ce moment, à savoir la libération de tous les otages », a-t-elle répété, répondant à une question de la presse.
« Démantèlement total »
La position de l’administration Trump sur le dossier du nucléaire iranien suscite également des débats internes, notamment au sein du camp républicain, selon plusieurs responsables, poursuit le WSJ. Alors qu'une quatrième séance de pourparlers indirects est prévue ce week-end à Oman entre responsables américains et iraniens, après trois premières sessions jugées « constructives » par les deux parties, seul un « démantèlement total » du programme nucléaire iranien serait « acceptable » pour Washington, a récemment affirmé Donald Trump à la chaîne NBC News.
Pour sa part, l'envoyé spécial Steve Witkoff a proposé que les États-Unis lèvent les sanctions et renoncent à toute option militaire si l’Iran accepte de démanteler totalement son programme nucléaire et d’acheter de l’uranium enrichi aux États-Unis. Toutefois, aucune définition claire de ce qu'un « démantèlement » impliquerait concrètement dans les centrales iraniennes n’a encore été arrêtée côté américain, alors que Téhéran refuse pour le moment d’abandonner ses centrifugeuses ou de renoncer à ses capacités nucléaires civiles. « Nous n’avons pas encore pris cette décision », a reconnu Trump mercredi sur NBC News.
Le président américain a menacé l’Iran à plusieurs reprises d’une action militaire, couplée à des restrictions encore plus sévères, en cas d'échec des pourparlers, mais n’a pas réussi à convaincre la plupart de ses alliés. Dans son style habituel, il a par ailleurs annoncé qu'il envisageait désormais de renommer le golfe Persique en « golfe Arabique », selon deux responsables américains cités le 7 mai par l’Associated Press.
Lors d’un point de presse, M. Trump a glissé aux journalistes qu’il devra « prendre une décision » sur ce changement de nom lors de sa prochaine visite dans les pays du Golfe, tout en ne voulant « blesser personne ». Ce geste est perçu comme un cadeau aux États arabes, notamment l’Arabie saoudite, qu'il espère rallier à son projet de normalisation régionale avec Israël. Si elle est avérée, son annonce serait officialisée lors de sa tournée au Moyen-Orient du 13 au 16 mai, où il est attendu en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis.
Einstein disait: Dans ce monde, il y a deux choses infinies, l'espace et la bêtise humaine, quoique pour l'espace, on ne soit pas vraiment sûr...
00 h 21, le 12 mai 2025