
Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan. Photo ANI
Dans son prêche du vendredi à la mosquée de à Bourj Brajné dans la banlieue-sud de Beyrouth, le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Kabalan, a vivement critiqué le Premier ministre Nawaf Salam au lendemain de la visite de ce dernier dans la Békaa, une région largement sinistrée par les frappes israéliennes pendant la guerre entre le Hezbollah et Israël, proche de la frontière libano-syrienne.
« Le pays ne se construit pas avec des fleurs. La Békaa n’a pas besoin de visites spectaculaires, mais de développement, de programmes, d’opportunités d’emploi, d’infrastructures éducatives et humanitaires, et de la concrétisation des promesses d’un État qui vit dans le mensonge depuis un demi-siècle », a-t-il affirmé.
« L'Amérique avant Israël »
La plus haute figure religieuse de l'islam chiite au Liban, connu pour sa proximité avec le tandem chiite Amal-Hezbollah, a accusé le gouvernement d'être « indifférent » au sort des populations chiites de la Békaa, du Liban-Sud et de la banlieue-sud de Beyrouth, tout en estimant qu'il était soumis aux « diktats étrangers », en rappelant l'épisode des interdictions d'atterrissage émises à l'encontre d'avions iraniens en février dernier. « Celui qui n’ose pas prendre la décision d’autoriser l’atterrissage des avions civils iraniens à l’aéroport ne détient pas de véritable décision nationale », a-t-il déclaré.
« La solution dans un État qui dit 'non' à l’Amérique avant Israël, un État déterminé à consolider ses capacités et ses intérêts nationaux, au lieu de fuir, de se soumettre ou d’observer passivement les violations flagrantes » israéliennes, qui poursuit de façon quasi quotidienne ses frappes au Liban-Sud et dans d'autres régions du pays depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu le 27 novembre 2024. « La solution commence par venir en aide au Sud, et non par se cacher derrière des slogans creux dans l’attente de gains politiques », a-t-il clamé.
Le Premier ministre Nawaf Salam s'était notamment rendu jeudi au poste-frontière de Masnaa. Il a présidé une réunion au siège du mohafazat de Baalbeck-Hermel, avant d'aller à la rencontre d'habitants de la région. Son déplacement a été salué par des familles, clans et notables du nord de la Békaa, réunis pour l'occasion. Ces derniers ont remercié le Premier ministre pour son initiative « prometteuse pour le retour de l’État dans la région » et lui ont fait part des dossiers « urgents » à régler dans la région, notamment ceux des réfugiés syriens, des 38 villages frontaliers « désertés » en raison des tensions, de la délimitation de la frontière et l'importance selon eux d'une loi d'amnistie générale « équitable ».
La frontière libano-syrienne avait connu dernièrement des accrochages entre des clans chiites considérés proches du Hezbollah et les nouvelles autorités syriennes. L'armée libanaise s'est aussitôt déployée sur les lieux et mène régulièrement des opérations liées à la lutte contre la contrebande et le trafic aux frontières nord et est du Liban.
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