
Un nuage de fumée après une frappe israélienne à Habbouche, au Liban-Sud, en septembre 2024. Photo d'archives AFP/Rabih Daher
Depuis la frappe de dimanche contre la banlieue sud de Beyrouth, des informations circulent sur un possible élargissement des attaques israéliennes contre le Liban, voire d’une reprise de la guerre à grande échelle. Il est même question d’un vaste plan d’invasion du Liban jusqu’au Litani, accompagné d’une avancée israélienne à partir du Sud de la Syrie vers la chaîne orientale et la Békaa-Ouest et centrale afin de « poursuivre le travail commencé contre le Hezbollah ». Un plan qui aurait été soumis aux responsables américains qui auraient donné leur feu vert, à condition de laisser de côté l’Iran... pour l’instant.
Dans ce cas, faut-il considérer la frappe de dimanche dernier comme un avertissement ou un prélude à une attaque plus vaste, voire carrément à une reprise de la guerre ?
Selon des sources militaires libanaises, une telle option serait à écarter pour l’instant. D’abord, pour ces mêmes sources, il n’y a aucune raison réelle pour les Israéliens de mener une opération plus grande, qui risquerait d’entraîner une riposte, soit du Hezbollah, soit même de l’armée libanaise. Depuis le 27 novembre, date de l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu, les Israéliens ont mené plus de 3 000 attaques au Liban, sans provoquer la moindre réaction. Pourquoi alors prendraient-ils le risque de pousser le Hezbollah à réagir militairement, alors qu’en suivant ce rythme, ils peuvent attaquer sans risquer une agression ? Ce raisonnement semble logique, mais en même temps, il occulte la véritable crainte israélienne de voir le Hezbollah reconstituer sa force militaire et son infrastructure au Liban, en profitant de la trêve actuelle. Cette crainte s’est amplifiée avec les derniers discours des responsables du Hezbollah, dont le secrétaire général Naïm Kassem, qui affirment que « la patience du parti a des limites ». Mais en dépit de cette crainte, les sources précitées sont convaincues que les Israéliens restent actuellement dans le registre des menaces adressées aux autorités libanaises plus qu’ils n’envisagent un scénario de reprise de la guerre. Dans ce contexte, la dernière frappe contre la banlieue sud de Beyrouth serait ainsi un message clair au président libanais, Joseph Aoun, destiné à lui rappeler qu’il ne peut pas prendre son temps dans le processus de désarmement du Hezbollah. Les déclarations de Joseph Aoun qui affirme vouloir parvenir au « monopole des armes par l’État », via un dialogue bilatéral, loin des surenchères politiques, n’ont pas plu aux autorités israéliennes. Celles-ci auraient donc décidé de le faire savoir à leur manière.
Il faut préciser à ce sujet que le mécanisme adopté pour le dialogue bilatéral entre le président de la République et le Hezbollah a déjà été mis en place et il devrait être lancé rapidement, dans la plus grande discrétion, pour permettre un examen en profondeur de la question des armes et de la défense du Liban. Le représentant du président et celui du Hezbollah auraient donc été choisis et ils devraient entamer bientôt leurs rencontres. Mais comme les deux parties insistent pour agir discrètement, les Israéliens expriment leur mécontentement. Ils voudraient connaître les détails et suivre pas à pas les développements dans ce dossier. C’est un peu comme s’ils cherchaient à devenir indirectement la troisième partie participant à ces négociations, en rappelant leur présence à travers des frappes régulières.
Les sources précitées estiment aussi que la reprise de la guerre n’est pas véritablement envisagée pour l’instant du fait de la relance du Comité de surveillance chargé de l’application de l’accord avec la désignation d’un nouveau général américain pour le présider, en remplacement du général Jasper Jeffers. Contrairement à son prédécesseur, le nouveau président du comité, le général Michael Leeny, devrait rester à Beyrouth. Ce qui devrait faciliter la communication entre lui et les autorités libanaises et, en même temps, dynamiser l’action du comité. Il faut préciser que la France pousse aussi dans ce sens.
Pour les sources militaires précitées, la décision américaine, avec l’appui de la France, de relancer l’action du Comité de surveillance montre que les deux pays prennent au sérieux les menaces israéliennes et voudraient donc les empêcher de se concrétiser. Contrairement à ce qui se dit dans certains milieux politiques, les autorités américaines n’encourageraient pas à l’heure actuelle une reprise des affrontements à large échelle. C’est pourquoi elles ont décidé d’ôter aux Israéliens un prétexte d’agir en donnant une nouvelle impulsion au Comité de surveillance, poussant ainsi ce dernier à être plus efficace dans la surveillance du cessez-le-feu et à avoir un rôle plus important dans ce domaine.
Mais tout cela ne signifie pas que les risques d’élargissement des attaques israéliennes sont éliminés. Finalement, les sources précitées considèrent qu’il faut garder un œil sur les développements régionaux, et en particulier sur les pourparlers entre les Américains et les Iraniens...
Juste. Loin Des partis pris que l,, Juste. Loin Des partis pris que l on aperçoit chez les autres journalists Libanais
18 h 14, le 03 mai 2025