Rechercher
Rechercher

Campus - HISTOIRE

Former des acteurs culturels : l’expérience immersive du musée de l’USEK

À l’Université Saint-Esprit de Kaslik, l’histoire de l’art dépasse les livres et les manuels. Elle se vit, se ressent et prend forme dans des projets concrets.

Former des acteurs culturels : l’expérience immersive du musée de l’USEK

Les étudiants entourant leur professeure Elsie el-Deek Bou Jaoudé, historienne de l’art, curatrice de la collection d’art du musée de l’USEK et responsable de l’activité du musée. Photo USEK

Sous l’impulsion d’Elsie el-Deek Bou Jaoudé, historienne de l’art, curatrice de la collection d’art du musée de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) et responsable de l’activité du musée, les étudiants vivent une expérience immersive qui les transforme en véritables acteurs culturels.

En plus de ses cours en histoire de l’art, Mme Bou Jaoudé organise chaque semestre une exposition thématique en collaboration avec ses étudiants. Ensemble, ils choisissent un sujet, mènent des recherches, sélectionnent les artistes et les œuvres et conçoivent l’exposition dans son intégralité.

De la scénographie à l’éclairage en passant par la rédaction des biographies, des cartels, l’organisation des visites, la disposition des œuvres et la recherche des artistes, les étudiants s’impliquent dans tous les aspects du projet.

« Ils deviennent membres du comité, accueillent le public, guident les visiteurs dans l’exposition », explique-t-elle. Une manière concrète de découvrir le monde muséal.

Ce semestre, l’exposition a rendu hommage aux femmes pionnières de l’art moderne au Liban : « Celles qui ont ouvert des voies nouvelles, par leur statut autant que par leur vision artistique », déclare l’historienne.

Parmi les artistes mis à l’honneur : Bibi Zogbé, Marie Haddad, Mouazzez Raouda, Blanche Ammoun, Claire Sounounou, Espérance et Laure Ghorayeb, Véra Yaramian, Cici Sursock, Juliana Saroufim, Yvette Achkar, Helen Khal et Nadia Saikali.

« Chacune d’elles a contribué, à sa manière, à enrichir l’art moderne libanais », souligne Mme Bou Jaoudé. « Certaines ont été pionnières simplement en affirmant leur place de femme artiste, d’autres ont innové par leurs formes picturales », explique-t-elle.

L’exposition, inaugurée le 7 mars, la veille de la Journée internationale des droits des femmes, est restée ouverte au public jusqu’à la fin du mois.

Encourager la créativité étudiante

Par ailleurs, une section de l’exposition est consacrée aux étudiants – qu’ils soient en arts visuels ou autodidactes –, pour les encourager à croire en leur potentiel et faire émerger les artistes de demain.

« Nous sélectionnons une création par étudiant », précise Mme Bou Jaoudé. « Nous offrons ainsi aux étudiants un espace pour s’exprimer. Nous les encourageons en leur montrant que nous croyons en eux, en leur talent et en leur potentiel », ajoute-t-elle.

Leticia Saliba, 18 ans, en première année d’architecture et membre de l’équipe des médias sociaux au musée de l’USEK, a participé à ce projet. Elle a filmé les interviews des étudiants, tout en se familiarisant avec la conservation et la mise en valeur des œuvres. Elle a également présenté Purple Haze, une œuvre personnelle retravaillée à l’huile. Le tableau original, réalisé à l’acrylique, avait été entamé trois ans plus tôt. Son objectif était de représenter des émotions subtiles à travers le langage corporel ;

dans ce cas précis, il s’agissait de la fatigue. Elle confie avoir constaté, en retravaillant son tableau à l’huile, ses propres progrès techniques et artistiques, avant d’ajouter : « Ce projet m’a permis de réaliser que l’art est devenu bien plus qu’un passe-temps pour moi. C’était un moment de fierté de voir mon tableau exposé aux côtés d’œuvres d’artistes pionnières bien plus accomplies dans l’art que moi. » Rita Khater, 18 ans, étudiante en première année de médias numériques à l’USEK, a eu la chance, elle aussi, de participer à cette exposition. Selon elle, cette expérience a été très enrichissante et lui a permis de découvrir les coulisses d’une exposition : installation des œuvres, gestion de l’éclairage, accueil des visiteurs et adaptation aux imprévus. « J’ai également contribué à la recherche des artistes, ce qui m’a permis de mieux comprendre leur parcours et de le partager avec le public », observe-t-elle.

« Je n’ai pas présenté d’œuvre moi-même, mais j’ai vraiment eu l’impression de contribuer à mettre en valeur celles des artistes exposées. J’étais heureuse de pouvoir aider à créer un espace où leurs voix pouvaient résonner et être entendues », a-t-elle ajouté.

Quant à Anna Lichaa

el-Khoury, 19 ans, étudiante en architecture d’intérieur en première année, elle explique qu’elle avait eu la chance de s’engager volontairement dans cette initiative proposée dans le cadre de son cours d’histoire de l’art, ce qui a profondément enrichi sa manière de percevoir ce domaine.

Être dans les coulisses d’un musée lui a permis de découvrir l’envers du décor : l’installation, l’éclairage, la protection des œuvres. « Chaque détail compte pour raconter une histoire », souligne l’étudiante.

Dans le cadre de cette exposition consacrée aux femmes pionnières, elle a été particulièrement marquée par le soin apporté à la mise en scène. « J’ai réalisé que l’espace autour d’une œuvre est aussi important que l’œuvre elle-même », confie-t-elle. « Chacun avait un rôle. Mais nous avons tous collaboré pour rendre le lieu accessible et vivant », ajoute-t-elle, soulignant le sentiment de collectivité qui régnait entre les participants.

Cette immersion, enrichie par l’accompagnement de Mme Bou Jaoudé, lui a permis de voir l’histoire de l’art de manière concrète. « J’ai aussi compris l’importance des espaces dans la mise en valeur des œuvres, ce qui influence mon parcours d’études en architecture d’intérieur, en m’apprenant à concevoir des espaces à la fois esthétiques et fonctionnels. »

Préservation du patrimoine artistique libanais

Cette initiative va au-delà d’un simple projet académique. Elle s’inscrit dans une démarche de préservation du patrimoine artistique libanais, à une époque où la mémoire culturelle du pays reste vulnérable.

Comme le souligne Mme Bou Jaoudé, le patrimoine culturel matériel et intangible vit à travers nous, c’est à nous, génération après génération, de le préserver et surtout de le partager. « Notre patrimoine raconte notre identité collective, riche, diverse et différente. Le patrimoine culturel est le lien qui nous unit. En comprenant l’art, nous nous rapprochons de notre humanité. Nous sommes tous invités à être les défenseurs de notre héritage », conclut-elle.

Page Campus En partenariat avec


Sous l’impulsion d’Elsie el-Deek Bou Jaoudé, historienne de l’art, curatrice de la collection d’art du musée de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) et responsable de l’activité du musée, les étudiants vivent une expérience immersive qui les transforme en véritables acteurs culturels. En plus de ses cours en histoire de l’art, Mme Bou Jaoudé organise chaque semestre une exposition thématique en collaboration avec ses étudiants. Ensemble, ils choisissent un sujet, mènent des recherches, sélectionnent les artistes et les œuvres et conçoivent l’exposition dans son intégralité.De la scénographie à l’éclairage en passant par la rédaction des biographies, des cartels, l’organisation des visites, la disposition des œuvres et la recherche des artistes, les étudiants s’impliquent dans tous les...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut