Terrée chez elle avec ses enfants, Riham Waqaf a vécu une nuit d'angoisse à Jaramana, où des affrontements confessionnels ont plongé mardi cette banlieue de la capitale syrienne Damas dans la peur.
Neuf hommes armés ont été tués dans ce faubourg à majorité druze dans des affrontements déclenchés après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.
Ces violences ont ravivé la crainte d'un scénario similaire aux massacres survenus en mars dans la région côtière de la Syrie, où des centaines de personnes, majoritairement des membres de la minorité alaouite dont était issue le président déchu Bachar al-Assad, ont été tuées.
"Les rafales de balles n'ont pas cessé toute la nuit, et elles se sont intensifiées à l'aube", témoigne à l'AFP par téléphone Riham Waqaf, qui travaille comme employée d'une ONG et s'est enfermée à la maison avec son mari et ses enfants.
"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", déclare cette femme de 33 ans, ajoutant s'être surtout préoccupée de "protéger ses enfants toute la nuit".
- Ville fantôme -
Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu les échanges de tirs dans la nuit. Mardi, quelques commerces ont rouvert, mais les rues sont restées largement désertes.
Riham n'a pas pu emmener sa mère à l'hôpital pour son traitement, ni ses enfants à l’école.
Après le renversement de Bachar al-Assad le 8 décembre par une coalition d'islamistes, des escarmouches ont eu lieu à Jaramana entre des combattants druzes et les nouvelles autorités.
Mardi, des combattants locaux ont pris position dans les rues et aux entrées de la ville, appelant les habitants de cette banlieue de plus d'un million de riverains à rester chez eux, rapporte à l’AFP l’un d’eux, Jamal, qui n'a pas souhaité révéler son nom de famille.
"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est chez soi", ajoute-t-il.
- Craintes d'un massacre -
La tension est montée il y a deux jours, après la diffusion d'un message vocal attribué à un homme issu de la communauté druze, minorité ésotérique issue de l'islam, contenant des propos jugés insultants envers le prophète Mahomet.
Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie.
L’AFP n'a pas pu écouter ce message vocal ni vérifier s'il correspondait à une véritable déclaration ou à un sonore créé de toute pièce et qui a en tout cas suscité l'indignation sur les réseaux sociaux en Syrie et des appels à la vengeance.
Rabih Mounzer, membre d'un groupe de coordination civile à Jaramana, indique que "les services de sécurité ont informé le poste local dans la nuit d'une tentative de groupes incontrôlés de pénétrer dans la ville, leur recommandant de rester vigilants".
Selon sa version des faits, des assaillants ont attaqué des membres des forces de sécurité originaires de Jaramana, tuant deux d’entre eux et en blessant d’autres et s'en sont suivis des affrontements sporadiques avec des groupes armés tentant d’entrer dans la ville de minuit jusqu’à l'aube.
Mardi, les autorités islamistes qui cherchent à rassurer les minorités face aux musulmans sunnites majoritaires en Syrie, ont promis de "poursuivre les responsables (..) de protéger les habitants et de préserver la paix sociale".
Mais "le risque d’un débordement est très élevé, on craint que le scénario de la côte ne se répète", confie M. Mounzer qui s'indigne qu'un simple "enregistrement douteux dont on ignore l'auteur puisse exposer la vie de centaines de milliers de personnes".
Début mars, près de 1.700 personnes, en majorité alaouites, ont été tuées selon un ONG dans des massacres dont les forces de sécurité et des milices qui leur sont affiliées ont été accusées.
mam-lar/jos/at/clr
© Agence France-Presse
Terrée chez elle avec ses enfants, Riham Waqaf a vécu une nuit d'angoisse à Jaramana, où des affrontements confessionnels ont plongé mardi cette banlieue de la capitale syrienne Damas dans la peur.
Neuf hommes armés ont été tués dans ce faubourg à majorité druze dans des affrontements déclenchés après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.
Ces violences ont ravivé la crainte d'un scénario similaire aux massacres survenus en mars dans la région côtière de la Syrie, où des centaines de personnes, majoritairement des membres de la minorité alaouite dont était issue le président déchu Bachar al-Assad, ont été tuées.
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