De la fumée aperçue après une explosion dans le port de Bandar Abbas, en Iran, le 27 avril 2025. Iranian Red Crescent/WANA (West Asia News Agency) Handout via REUTERS
Les pompiers sont parvenus tard lundi à « maîtriser » l'incendie qui ravageait depuis samedi le principal port d'Iran après une explosion meurtrière attribuée à une « négligence », selon des responsables iraniens. Mardi matin, des images en direct à la télévision montraient toujours une épaisse fumée se dégager de conteneurs empilés au port Shahid Rajaï, dans le sud de l'Iran, où l'explosion a fait au moins 70 morts et des centaines de blessés. « L'incendie a été maîtrisé et il ne reste plus qu'à nettoyer la zone touchée », a déclaré lundi soir à la télévision d'Etat un responsable local du Croissant-Rouge iranien, Mokhtar Salahshour.
Le port stratégique de Shahid Rajaï est proche de la grande ville côtière de Bandar Abbas, sur le détroit d'Ormuz, à un millier de kilomètres de Téhéran. La déflagration, entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde, s'est produite samedi sur un des quais du port.
« La thèse d'un sabotage est dénuée de fondement », a indiqué lundi soir à la télévision Mohammad Ashouri, le gouverneur de la province d'Hormozgan (sud), où se trouve le port Shahid Rajaï. Le service des douanes du port a indiqué qu'un incendie dans le dépôt de stockage de matières dangereuses et chimiques pourrait en être la raison. « De la fumée s'est d'abord dégagée de l'endroit puis s'est progressivement transformée en incendie », ce qui a provoqué une « puissante explosion », a argué M. Ashouri. « Il y a eu des manquements, notamment le non-respect des mesures de sécurité et de la négligence », a pour sa part déclaré lundi le ministre de l'Intérieur, Eskandar Momeni.
Les autorités iraniennes ont annoncé mardi que opérations douanières avaient repris. L'explosion a provoqué des dégâts matériels considérables, avec notamment des véhicules réduits en carcasses par la puissance de la déflagration, selon des images diffusées par les médias d'Etat.
La déflagration, entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde, s'est produite samedi vers midi sur un quai du port Shahid Rajaï, par où transitent un cinquième de la production mondiale de pétrole et 85% des marchandises en Iran.
Les autorités ont indiqué que plus d'un millier de personnes avaient été blessées. La plupart d'entre elles ont quitté l'hôpital après avoir y été soignées, a dit M. Hassanzadeh. Seuls « 120 blessés sont encore hospitalisés », a déclaré pour sa part le ministre de l'intérieur, Eskandar Momeni, en visite dans la région. « Certains coupables ont été identifiés et convoqués (...). Il y a eu des manquements, notamment le non-respect des mesures de sécurité et la négligence », a-t-il ajouté.
Lundi, les pompiers tentent toujours de venir à bout de l'incendie qui ravage le site depuis samedi. Une épaisse fumée noire continue de s'élever au-dessus des conteneurs empilés au port Shahid Rajaï, selon des images de la télévision d'Etat diffusées lundi en direct. Après la maîtrise du feu, « nous entrerons dans la phase de nettoyage du site et d'évaluation des dégâts », a indiqué la télévision d'Etat. Ce port stratégique est proche de la grande ville côtière de Bandar Abbas, sur le détroit d'Ormuz, à un millier de kilomètres au sud de Téhéran.
Le ministère de la Santé a appelé les quelque 650.000 habitants de la ville à rester chez eux « jusqu'à nouvel ordre » en raison de possibles fumées toxiques. Un appel aux dons de sang a été lancé pour les blessés.
Matières dangereuses
Le porte-parole des secours, Hossein Zafari, a déploré lundi les « vents violents » qui rendent l'opération « difficile » pour les pompiers. La cause de l'explosion n'a pas été déterminée dans l'immédiat, mais les douanes du port ont indiqué qu'un incendie dans le dépôt de stockage de matières dangereuses et chimiques pourrait être la raison.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a ordonné l'ouverture d'une enquête sur l'incident, afin de déterminer si le drame a été causé par une « négligence » ou s'il était « intentionnel ».
Le New York Times, citant une source anonyme proche des gardiens de la tévolution, l'armée idéologique de l'Iran, avait auparavant affirmé que l'explosion avait été provoquée par du perchlorate de sodium, une substance entrant dans la composition de carburants solides pour missiles. Le ministère de la Défense a affirmé qu'il n'y avait « aucune cargaison (...) pour un usage militaire dans la zone de l'incendie » au moment de l'explosion.
Selon le Washington Post, Israël avait lancé en 2020 une cyberattaque contre le port Shahid Rajaï. La thèse d'un sabotage n'a toutefois pour l'heure pas été évoquée par Téhéran pour l'explosion de samedi, à l'exception d'une déclaration d'un député, Mohammad Seraj, qui a affirmé que l'explosion avait été provoquée par des explosifs placés à l'avance dans des conteneurs d'expédition et déclenchés à distance, soit par satellite, soit par minuterie. « Israël est impliqué dans l'explosion », a déclaré M. Seraj à l'agence de presse Rokna dimanche, sans fournir de preuves.
L'explosion a coïncidé avec la tenue à Oman de pourparlers cruciaux sur le programme nucléaire de Téhéran entre l'Iran et les États-Unis, ennemis depuis quatre décennies.
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